Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Lebensborn - la fabrique des enfants parfaits: Ces Français qui sont nés dans une maternité SS

Lebensborn - la fabrique des enfants parfaits: Ces Français qui sont nés dans une maternité SS

Titel: Lebensborn - la fabrique des enfants parfaits: Ces Français qui sont nés dans une maternité SS Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Boris Thiolay
Vom Netzwerk:
par une cohorte d’enfants rescapés.
    De retour à Paris, j’ai envoyé un mail à Kathrin Flor à Bad Arolsen. Existait-il, dans les archives du service international de recherches, un dossier ou une fiche au nom de Séverine, ou Svetlana, Semenkova ? D’où venait-elle ? Pourquoi avait-elle été emmenée en France en même temps que sa future sœur adoptive, Annick Brantet, en même temps aussi que Walter Beausert, Gisèle Niango, Irène de Fouw, Songard B., tous nés dans une maternité SS ?
    La réponse à ces questions est arrivée deux jours plus tard. Sous la forme d’un message électronique comprenant deux fichiers. Ils renfermaient une quinzaine de copies de documents, remontant à la période 1947-1950. Les neuf premiers concernaient la petite Svetlana. Les cinq autres, sa mère, Irina Semenkova.
    Svetlana était née en septembre 1942, à Winterborn, une petite commune rurale de Rhénanie-Palatinat, au sud-ouest de Mayence. Ses parents, Novanje et Irina, étaient des « travailleurs agricoles slaves », selon la terminologie officielle nazie. En d’autres termes, ce couple de civils russes, originaires de Smolensk, avait été déporté en Allemagne pour être réduit à l’état de main-d’œuvre esclave. Ils s’échinaient depuis dans une exploitation agricole de Winterborn. Voilà pourquoi Svetlana était née là, à 2 000 kilomètres de Smolensk, là où avaient grandi ses propres parents. Le couple Semenkov n’a pas vu la fin de la guerre. Novanje est décédé à une date et pour des raisons que j’ignore. Les circonstances de la mort d’Irina sont en revanche décrites, succinctement, dans les documents allemands que m’avait adressés la Croix-Rouge. Elle a succombé à des « blessures à la tête et au cerveau » provoquées le 27 mars 1945, à Winterborn, par le « tir d’un avion volant à basse altitude ». Le scénario le plus probable est qu’elle a été mortellement atteinte lors d’un bombardement ou d’un mitraillage de l’aviation alliée. Était-elle aux champs à ce moment-là ? Ou bien se trouvait-elle, après une nouvelle journée de labeur éreintant, sur le chemin du retour, vers le dortoir abritant les travailleurs forcés, sur la Badenheimerstrasse, à Winterborn ? Rien ne permet de le savoir. Mais une terrible ironie du sort a voulu qu’une paysanne russe de 35 ans, veuve et mère d’une fillette, réduite en esclavage, perde la vie dans un village de Rhénanie, à cause d’un raid de l’ US Air Force ou de la Royal Air Force , un mois et demi avant la fin de la guerre. C’est pour cette raison que la petite Svetlana, 18 mois, s’est retrouvée seule au monde. Elle a tout d’abord été confiée à l’orphelinat Sainte-Hildegarde, à Bingen, la « grande » ville des environs, sur les rives du Rhin. Elle y séjourne jusqu’au 8 février 1946. À cette date, Bingen fait partie de la zone française d’occupation en Allemagne. Et Svetlana, comme d’autres orphelins non allemands, est alors dirigée vers un autre foyer pour enfants, à Bad Durkheim, une jolie ville thermale, à une quarantaine de kilomètres au sud de Bingen. Bad Durkheim est l’un des trois lieux où les autorités françaises en Allemagne occupée regroupent les orphelins et enfants isolés, français ou supposés l’être. Parmi eux, se trouvent les gosses du Lebensborn portant un nom ou un prénom francophone : Walter Beausert, Gisèle Magula, Alfred L., et la petite Annick Brantet, arrivés à la pouponnière en juillet 1946. Svetlana, la petite orpheline d’origine russe, elle, s’y trouve depuis le 8 février précédent. Pour quelle raison ? Tout simplement parce que les autorités françaises, comme les autres puissances alliées, ont décidé d’« adopter » et de naturaliser les orphelins qui se trouvent dans leurs zones d’occupation respectives. C’est donc dans cet orphelinat de Bad Durkheim que la route des deux fillettes, Anika, 2 ans et demi, et Svetlana, 3 ans et demi, se croisent pour la première fois. À partir de ce jour, grâce à un enchaînement de coïncidences improbables, elles ne se quitteront plus jamais. Le 10 octobre 1946, les deux fillettes sont à bord du même train qui emmène 29 enfants de Tübingen vers Commercy, pour être confiés à l’Assistance publique. Le 29 avril 1947, en même temps que 15 autres enfants en bas âge (ils ont entre deux ans et quatre ans et demi), Anika et Svetlana sont déclarées

Weitere Kostenlose Bücher