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L’élixir du diable

L’élixir du diable

Titel: L’élixir du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Raymond Khoury
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de quoi il parlait. Clairement, il était au milieu d’un mauvais trip, et il avait beaucoup plus peur que quelqu’un qui a encore une chance de se rendre avant que la fusillade n’éclate. La stratégie que je devais employer était claire.
    — Ecoute-moi, Ricky. Je ne sais pas de quoi tu as peur. Nous pouvons te protéger. Nous voulions protéger Wook, mais ils l’ont eu avant qu’on fasse quoi que ce soit. Nous savons pour qui vous bossiez, toi et les autres Aigles. Gourou nous l’a dit. Il faut simplement que tu nous aides à les trouver. Pour qu’on puisse les enfermer et te mettre en sûreté…
    — Gourou ? Gourou est mort, mec. Comment t’aurais pu lui parler ? Tu mens. Tu es l’un d’eux, pas vrai ? Tu veux simplement me faire sortir pour me planter tes griffes dans la peau. Eh bien, va te faire foutre, mec. Allez tous vous faire foutre !
    Il raccrocha.
    — Ce type déraille complètement, dit Schibl.
    J’étais bien obligé d’en convenir. Ça n’augurait rien de bon pour Torres. Pas avec un sergent du SWAT que ça démangeait de l’envoyer au plus vite rejoindre ses copains motards.
    Moi, je le voulais vivant, pour pouvoir lui parler. Je me disais que je n’aurais sans doute pas cette chance.
     
    A l’extrémité ouest du parking, sous une rangée d’arbres, Navarro et ses deux derniers pistoleros se tenaient dans le Toyota Land Cruiser climatisé. Ils s’étaient repliés après avoir lâché Torres dans la nature, et s’étaient mis en planque au moment où il avait disparu dans le centre commercial.
    Navarro braquait ses jumelles sur le parking envahi par la police. Il souriait en essayant d’imaginer l’enfer que Torres vivait sans doute au même moment. La drogue – une poudre grise qu’il avait frottée sur la plaie béante de Torres – était particulièrement vicieuse. Elle lui avait été fournie à Vanuatu, dans le Pacifique Sud, par un chaman au corps couvert de tatouages, appelé Vautour Noir. Navarro l’avait utilisée plusieurs fois sur des prisonniers, et il n’avait jamais été déçu. Elle fouillait l’inconscient de ses victimes et faisait remonter à la surface leurs terreurs et leurs paranoïas les plus profondes, transformant les éléments les plus banals en matière première pour films de Wes Craven. Quand on ne la contrôlait pas, elle avait le pouvoir étrange de pousser l’âme à l’autodestruction de manière toujours surprenante. Ce qui avait toujours amusé Navarro, même s’il savait qu’il ne pourrait jamais jouir personnellement de cette sorte d’implosion mentale.
    Il vit Reilly et Villaverde jaillir de leur voiture et se joindre à la mêlée, ce qui le déçut. Il aurait préféré qu’ils arrivent séparément.
    Mais il savait qu’il y avait là une magnifique occasion de réaliser le reste de son plan. Vu le spectacle à l’autre bout du parking, il était évident que la première moitié s’était déroulée exactement comme prévu. Encore une chose que lui avait apprise la drogue du Péruvien aveugle. Ce qui semble réel dans l’imagination (sous l’effet des drogues, ou pas) est aussi réel que ce qu’on a en main ou ce qu’on met dans sa bouche. Peut-être même plus. Il s’était imaginé qu’il pourrait avoir le monopole d’une drogue que personne ne refuserait. Très bientôt – après des années d’attente –, cela se réaliserait. Il n’était pas en proie à une excitation exagérée, car il savait depuis longtemps que ce moment viendrait tôt ou tard. Il l’avait imaginé et cela se réaliserait bientôt, pour de bon. Vraiment, qui oserait dire que l’imagination n’est pas aussi réelle que les événements qu’elle suscite ?
    Il tourna la tête vers l’homme de main assis à l’arrière, pour l’heure occupé à regarder un reportage en direct sur la prise d’otages, sur une tablette équipée de la 3G.
    Navarro lui fit un signe de tête.
    Le pistolero hocha la tête à son tour, posa la tablette et descendit de voiture.
    1 - Pour « Special Weapons and Attack Tactics », unité de police spécialisée dans les opérations paramilitaires au sein des grandes villes américaines.

53
    De plus en plus nerveux, Torres attendait que le pharmacien ait fini de fourrager dans les médicaments, derrière le comptoir. Il lui avait déjà donné des antidouleur à base de codéine, qui semblaient avoir empiré la situation. Le pharmacien cherchait maintenant des antibiotiques.
    Torres fouilla le magasin

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