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L’élixir du diable

L’élixir du diable

Titel: L’élixir du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Raymond Khoury
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étais à l’époque. Quoi, tu ne te souviens pas ? Tu étais dans un sale état. Un tonneau de rage, tout en colère et en amertume, rongé par un monstrueux sentiment de culpabilité…
    Ce n’était que trop vrai, malheureusement.
    Les souvenirs de cette journée dans un laboratoire perdu dans la campagne mexicaine affluèrent dans ma tête.
    Des souvenirs que je n’avais pas partagés avec elle.
    Michelle ne faisait pas partie du commando, son boulot avait consisté à remonter la piste de l’argent en s’infiltrant dans le cartel et à récupérer l’argent liquide des barons de la drogue. Elle ne connaissait pas tous les détails. Moi non plus. J’avais été affecté à la dernière minute à cette opération d’exfiltration. A notre retour, je me sentais tellement coupable de ce que nous avions fait que j’étais incapable d’en parler à qui que ce soit. Et surtout pas à Michelle. Durant ces quelques journées agitées, tout ce que j’avais pu lui dire, c’était que l’opération avait mal tourné et que des civils innocents avaient perdu la vie, y compris l’homme que nous avions pour mission de ramener.
    Je ne lui avouai pas que c’était moi qui l’avais exécuté.
    — Je sais que t’as passé un sale moment, reprit-elle. Mais tu n’aurais pas dû filer comme ça. Si tu étais resté, je t’aurais aidé à t’en remettre. Et nous serions peut-être encore ensemble maintenant.
    Il y avait dans sa voix comme une pointe de regret.
    Un regret que j’éprouvais aussi.
    Elle avait raison, bien sûr. J’aurais dû me confier à elle. Elle aurait peut-être pu m’aider à en sortir et je n’aurais pas eu à porter cette histoire en moi pendant toutes ces années comme un pestiféré.
    — Je suis désolé, murmurai-je, me sentant lamentable.
    Elle eut un geste pour minimiser ma faute.
    — Ce type était un citoyen américain forcé de faire ce que les narcos lui ordonnaient, mais il mettait au point une saloperie de superdrogue, non ? C’est pour ça qu’on vous avait envoyés là-bas le récupérer. Il est mort, c’est tragique, d’accord. Mais ça vaut peut-être mieux. Qui sait quels dégâts sa dope aurait faits si elle avait été lancée sur le marché ? Tu ne crois pas ?
    Je secouai la tête et poussai un soupir las.
    — On n’a jamais été d’accord là-dessus, tous les deux, hein ?
    — Tu sais bien que ce type aurait ruiné de nombreuses vies, intentionnellement ou non… C’était peut-être un mal pour un bien.
    Je haussai les épaules.
    — Peut-être, convins-je.
    Ne souhaitant pas prolonger cette discussion, je changeai de sujet : — Qui d’autre savait ? Qu’Alex était mon gosse ? Qu’est-ce que tu as raconté à la DEA pour expliquer ton départ ?
    — J’ai juste dit que j’avais besoin de faire un break et je suis partie. Personne n’était au courant, pour Alex.
    Elle plissa le front et rectifia aussitôt :
    — Sauf Munro. Ce gros dégueulasse m’a vue à l’aéroport et il a deviné. Il m’a même fait un sacré sketch…
    Au bout d’un moment, Michelle posa sa main sur la mienne.
    — Tu sais quoi ? Je suis désolée, moi aussi. C’était peut-être une saloperie, de te faire ça.
    Je me tournai vers elle et haussai les épaules à mon tour. Je n’avais pas le droit de lui faire des reproches.
    — Non, j’étais vraiment dans un sale état. J’avais besoin de bouger, de laisser ces souvenirs derrière moi. De toute façon, ça ne sert à rien de ruminer tout ça. Plus maintenant.
    — OK, répondit-elle simplement.
    Je pris mon portable.
    — J’ai demandé à mes gars de te préparer une planque. Elle devrait être prête. Je les appelle pour avoir l’adresse et je t’y conduis.
    — Et l’homicide ? Ils voudront savoir ce qui s’est passé exactement.
    — Le plus urgent d’abord. Je vous mets en lieu sûr, Alex et toi. Ensuite j’irai les voir.
    — Je ne veux pas être séparée d’Alex, Sean. Pas une seule seconde. Promets-moi que ça n’arrivera pas.
    — Je te le promets.
    Ce n’était pas une chose que je pouvais garantir, pas sans avoir obtenu le feu vert de mes chefs. A New York, je me serais senti moins gêné de faire cette promesse, mais à San Diego j’étais à la merci de l’agent spécial dirigeant le bureau local, un dénommé David Villaverde. Je ne l’avais pas encore rencontré physiquement, mais il m’avait fait l’effet d’être un gars bien. Jusque-là, il s’était montré accommodant. Restait à

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