L’élixir du diable
savoir s’il serait encore aussi compréhensif quand je l’aurais mis au courant de tout.
Je téléphonai et obtins l’adresse de la planque. Elle se trouvait à Mira Mesa, près de la base aérienne du Corps des Marines de Miramar, à une quinzaine de kilomètres au nord de l’endroit où nous étions. Le plan consistait à prendre un taxi jusqu’à l’entrée de la base, où des agents nous attendraient pour nous conduire à la planque.
Quand je raccrochai, Michelle me regardait d’un drôle d’air.
— Quoi ? fis-je.
— Tu as quelqu’un, en ce moment ?
— Oui.
Elle grimaça et s’excusa :
— Je suis désolée. De t’avoir fait venir ici.
Je hochai la tête pour signifier que je comprenais son sentiment.
Nous nous regroupâmes devant la porte de la chambre, Alex donnant la main à sa mère. Il se tenait toujours loin de moi et me regardait craintivement.
— Prêts ? demandai-je.
Je glissai une main sous ma veste pour relever le cran de sûreté de mon arme.
— Prêts, répondit Michelle.
Alex recula de nouveau derrière elle et mon cœur se serra. Michelle m’adressa un regard signifiant « Ça va aller ». J’acquiesçai d’un hochement de tête.
J’ouvris la porte, inspectai le couloir. Il était désert. J’ouvris la marche en direction des ascenseurs, pressai le bouton d’appel. Quelques instants plus tard, un ronronnement suivi d’un ping aigu annonça l’arrivée de la cabine. Je jetai un coup d’œil à Michelle, me tournai pour faire face aux portes qui coulissaient.
Il y avait du monde dans la cabine.
Trois hommes en blouson et casquette noire, qui ajustaient leurs masques tandis que les portes s’ouvraient. Trois paires d’yeux froids et durs, qui s’agrandirent soudain de surprise.
Je compris et réagis dans la même seconde, me jetant sur le côté pour repousser Alex et Michelle, ma main droite plongeant vers mon pistolet, les yeux rivés aux trois types qui empoignaient leurs armes tout en se mettant à l’abri contre les cloisons de l’ascenseur.
7
— Tirez-vous ! criai-je à Michelle en m’écartant des portes.
Michelle n’avait pas attendu pour attraper Alex, le plaquer contre elle et se mettre à courir dans le couloir.
Je lui emboîtai le pas, jetai un regard en arrière, vis l’un des types passer la tête hors de la cabine, le museau d’un silencieux apparaissant en même temps, et nous tirâmes ensemble. Il recula, une balle siffla à gauche de ma tête et s’enfonça dans le mur du couloir.
Le couloir faisait un coude derrière lequel Michelle et Alex disparaissaient déjà. Je jurai intérieurement, furieux de ne pas avoir eu d’autre choix que de la pousser sur le côté, nous condamnant ainsi à prendre cette partie du couloir et à nous éloigner de la chambre, qui se trouvait maintenant hors de portée, de l’autre côté de l’ascenseur. Je n’avais aucune idée de ce qu’il y avait après le coude.
J’y parvins au moment où le tireur montrait de nouveau sa tête, cette fois au niveau de la moquette, le flingue devant et au centre. Des balles fusèrent autour de moi et je ripostai sans vraiment viser tout en tournant le coin. Je repris ma respiration et, risquant un œil, vis un autre gars se ruer hors de la cabine et prendre position sur un genou contre le mur du couloir tandis que ses comparses m’expédiaient une nouvelle volée de balles. L’une d’elles arracha des éclats de plâtre et de bois au mur à quelques centimètres de mon visage. Au moment où je me rejetais en arrière, je sentis quelque chose m’entailler la joue mais, ignorant la brûlure et la piqûre, je me détournai.
Michelle se trouvait à cinq mètres de moi au bout du couloir, devant une porte ouverte, et me faisait signe, m’appelant d’une voix sifflante :
— Par ici !
Le dos contre le mur, je pris une autre inspiration, passai le bras au coin du couloir et tirai à deux reprises en direction de l’ascenseur avant de rejoindre Michelle.
Elle franchit la porte et commença à descendre l’escalier, serrant toujours Alex contre elle. Je suivis à reculons, tout en veillant à laisser un écart entre nous pour réduire le risque qu’une balle qui me serait destinée les atteigne. Jetant de temps à autre un regard derrière moi pour ne pas rater une marche, je continuais à couvrir la cage d’escalier au-dessus de nous.
Je ne dus pas attendre longtemps pour entendre les trois types débouler derrière nous. Je les apercevais par
Weitere Kostenlose Bücher