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L'empereur des rois

L'empereur des rois

Titel: L'empereur des rois Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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Puerta del Sol, les soldats espagnols ont rejoint les émeutiers et tiré à mitraille sur les Français. Les combats se sont prolongés le mardi 3 mai.
    Napoléon interrompt le capitaine Marbot. Ce ne sont pas les détails d’une bataille qui comptent, mais la conclusion, dit-il.
    Il lit la dernière lettre de Murat. Les mameluks ont chargé avec la Garde.
    — Plusieurs milliers d’Espagnols ont été tués, dit Marbot.
    Le peuple, poursuit-il, est désespéré. Il n’accepte pas que la famille royale ait été conduite en France. Les émeutiers ont fait montre d’un courage féroce, même les femmes et les enfants ont attaqué les Français.
    — Ils nous haïssent, même après notre victoire…
    Napoléon l’interrompt.
    — Bah, bah, dit-il en retournant vers le centre du parc où les souverains espagnols l’attendent. Ils se calmeront et me béniront lorsqu’ils verront leur patrie sortir de l’opprobre et du désordre dans lequel l’avait jetée l’administration la plus faible et la plus corrompue qui ait jamais existé…
    Il donne une tape sur l’épaule de Marbot, lui pince l’oreille.
    Voilà l’événement qu’il attendait pour balayer les Bourbons d’Espagne.
    Il interpelle d’une voix forte Ferdinand, raconte les émeutes de Madrid, le sang répandu, les Français assassinés, la sévérité nécessaire de la répression ordonnée par Murat, la rébellion enfin écrasée après ces journées des 2 et 3 mai.
    Il regarde Charles IV se précipiter vers son fils, hurler : « Misérable ! », l’accuser d’être responsable de l’émeute. C’est sa criminelle rébellion, l’usurpation de la couronne de son père qui ont déclenché ce massacre. La reine Marie-Louise se lance à son tour contre Ferdinand, le frappe.
    — Que ce sang retombe sur ta tête ! hurle-t-elle.
    Napoléon s’éloigne. Joséphine, Duroc, les dames et les officiers de leur suite laissent la reine et le roi continuer d’insulter leur fils qui, pâle, se tait.
    Il suffit maintenant de ramasser la Couronne d’Espagne qu’ils ont fait rouler à terre.
     
    Il convoque Ferdinand, lui parle sans même le regarder, comme on le fait à un homme qu’on méprise.
    — Si d’ici à minuit vous n’avez pas reconnu votre père pour votre roi légitime et ne le faites savoir à Madrid, vous serez traité comme rebelle.
    Il suffira ensuite d’obtenir l’abdication de Charles IV. Duroc a déjà préparé le traité. On paie les Bourbons comme des valets qu’on licencie.
    Napoléon ne lit pas lui-même le texte du traité. Il marche dans le salon du château de Marracq aux poutres noircies par la fumée.
    « Le château de Compiègne et la forêt du même nom sont donnés à vie à Charles IV et le château de Chambord lui est abandonné à perpétuité, lit Duroc. Le Trésor français paiera annuellement à Charles IV une liste civile de 7 500 000 francs. »
    D’ici là, le roi et la reine logeront à Fontainebleau, et Ferdinand sera hébergé par Talleyrand, dans son château de Valençay.
     
    Napoléon est seul dans le parc. Il marche dans l’allée qui conduit au bord de la Nive. La nuit tombe. Il attend que le château soit endormi pour rejoindre Mlle Guillebeau dans la petite chambre qu’elle occupe sous les combles et où il fait si chaud qu’il faut laisser la fenêtre ouverte.
    Il aime l’odeur de la campagne, la rumeur du vent. Aux Tuileries, il se sent enfermé. Il étouffe. Il a besoin d’horizon et de vent.
    Il remonte lentement vers le château.
    Il a donc chassé les Bourbons d’Espagne comme il avait chassé les Bourbons de Naples. Cette dynastie est morte. Elle n’a pas su défendre ses droits. Quand l’énergie manque à un homme, à une dynastie ou à un peuple, il est juste qu’ils succombent.
    Les Espagnols accepteront-ils ou bien se lèveront-ils pour défendre leurs souverains ?
    Il faut les convaincre.
    Il marche plus vite. En entrant au château, il convoque Méneval. Mlle Guillebeau attendra.
     
    Dans le cabinet de travail qu’envahissent les bruits de la campagne et le chant lointain de la rivière, il dicte :
    « Espagnols, après une longue agonie, votre nation périssait. J’ai vu vos maux. Je vais y porter remède… Vos princes m’ont cédé tous leurs droits à la Couronne des Espagnes… Votre monarchie est vieille, ma mission est de la rajeunir.
    « J’améliorerai toutes vos institutions et je vous ferai jouir, si vous me secondez, des

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