L'énigme de l'exode
incrédule. Comment êtes-vous arrivé ici ? C’est Satan qui vous a amené !
— Vous êtes fou ! murmura Knox en s’éloignant de peur que Peterson n’attire l’attention de la police.
— Sodomite ! vociféra Peterson. Abominateur ! Disciple de Satan !
— Vous êtes complètement cinglé !
— Le jour du Jugement est arrivé, vous ne comprenez pas ? Le monde va enfin voir le visage du Christ. Sa grâce. Son infinie miséricorde. L’homme va tomber en prière à genoux. À genoux ! C’est ce qui effraie tant votre maître, n’est-ce pas ? C’est pour cette raison qu’il vous a envoyé, vile créature de Satan ! La grande bataille a commencé et le Seigneur va triompher. Vous n’y pouvez rien. C’est écrit ! C’est écrit !
Peterson avança vers Knox, qui lui décocha un coup de pied entre les jambes sans obtenir d’effet. Il lui sauta sur le dos et saisit la bandoulière du portable pour l’étouffer.
— Votre maître n’a plus aucun pouvoir ! cria-t-il. Le règne de l’Antéchrist touche à sa fin. La victoire du Seigneur est imminente. Vous ne le voyez pas ? Le Seigneur est avec moi ! Et il est plus puissant qu’une armée.
Il tira sur la bandoulière et écrasa la trachée de Knox.
— « Ils seront renversés quand je les châtierai », exulta Peterson. « Puis je combattrai contre vous, a dit le Seigneur, la main étendue et le bras fort, avec colère, avec fureur, avec une grande irritation. »
Knox, à terre, avait les deux mains sur la bandoulière, mais Peterson était trop fort. Il ne pouvait plus respirer. Il parvint néanmoins à se relever, avec le pasteur sur le dos, et trouva la force de monter sur le banc, avant de se jeter en arrière. Peterson heurta violemment le sol. Ses clés et tous les objets qui se trouvaient dans ses poches se répandirent autour de lui. Il desserra juste assez son étreinte pour que Knox, aspirant l’air à grandes bouffées, les deux mains sur sa gorge endolorie, ait le temps de se libérer.
— « Je suis l’alpha et l’oméga, dit le Seigneur ! » cria Peterson en se relevant. « Je suis celui qui vient de l’éternité. Mon nom est Vengeance. Je suis le Destructeur. »
Un cri retentit au loin et le faisceau d’une torche accrocha le visage de Peterson. Quatre policiers se précipitèrent vers lui sous la pluie. Knox se tapit sous les arbres et se coucha à plat ventre. Peterson ne sut où donner de la tête. Ses yeux hésitèrent entre les policiers, Knox, l’ordinateur et ses affaires éparpillées dans le sable. Finalement, il para au plus urgent : il tira l’ordinateur de sa housse, l’ouvrit, ramassa une pierre et fracassa le clavier. Les touches et les débris de plastique volèrent dans tous les sens.
— Arrêtez ! hurla un policier.
— « Et quand on sortira, on verra les cadavres des hommes qui se sont rebellés contre moi », poursuivit Peterson.
Il abattit la pierre encore une fois et brisa le cache pour détruire les composants de l’appareil.
— « Leur ver ne mourra point, et leur feu ne s’éteindra point ; et ils seront pour toute chair un objet d’horreur. »
Un éclair illumina son regard hystérique, ses longs cheveux argentés ondulant comme des serpents sur son visage, son menton couvert de salive. Cette vision suffit à convaincre le premier policier d’attendre ses camarades.
— Le temps du Seigneur est arrivé ! lança le pasteur. Vous entendez ? À genoux, mécréants ! Vous ne le méritez pas !
Il frappa encore sur l’ordinateur. Un deuxième policier et un troisième rejoignirent le premier. Ils bondirent ensemble sur Peterson. Celui-ci resta planté dans la boue, les bras écartés, fort comme Samson. Il chancela légèrement, tenta de repousser les hommes, mais un quatrième policier arriva et le frappa à la tempe avec la crosse de son revolver. Il tomba à genoux et s’effondra la tête la première dans la boue.
Les mains sur les genoux, les policiers tentaient de reprendre leur souffle. L’un d’eux décocha à Peterson un coup de pied vengeur dans les côtes, puis un autre le fit rouler sur le côté pour lui retirer la tête de l’eau, avant de lui passer les menottes aux poignets.
— Ils étaient deux, affirma un policier, haletant. Ils se battaient.
Il fit un geste vague vers l’endroit où Knox était couché, la joue contre le sable trempé. Les faisceaux lumineux convergèrent sans conviction dans la direction indiquée, puis disparurent.
— Je vote pour qu’on
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