L'énigme de l'exode
sommes là aujourd’hui ?
— Non, mais il a trouvé autre chose.
— Quoi ?
— Il existe un document, désigné sous le nom d’Évangile secret de Marc. Enfin, c’est un faux, mais certaines personnes craignent qu’il ne soit authentique.
Augustin résuma à Claire tout ce que Kostas lui avait raconté. Puis il lui parla de la photo de la peinture murale qui représentait Jésus et un autre homme sortant d’une grotte, tandis qu’un personnage à genoux implorait « Fils de David, aie pitié de moi ! »
— Et alors ? demanda Claire.
— L’Évangile secret décrit exactement la même scène. Cette peinture murale, découverte ici par Peterson lui-même, est la preuve que cette scène a eu lieu et, donc, que l’Évangile secret est finalement bien authentique.
— Cette peinture murale ne pourrait-elle pas simplement illustrer un épisode similaire ? Celui de Bartimée, par exemple.
— Bartimée ?
— Oui, l’aveugle qui a demandé à Jésus de le guérir. Il l’a interpellé exactement en ces termes. Cet épisode figure dans l’Évangile de Marc, j’en suis certaine. Et dans celui de Matthieu aussi.
Augustin ne sut que répondre. Il avait pourtant été certain de son raisonnement... Mais il commençait à comprendre. Il éclata de rire.
— Apparemment, Peterson ne connaissait pas non plus cet épisode, railla-t-il.
— Bien sûr que si ! protesta Claire. Il est pasteur.
— Oui, mais il prêche l’Ancien Testament. Il ne parle que des tourments de l’Enfer, jamais d’amour et de pardon. Avez-vous déjà visité son site web ? Il est intarissable sur le Christ, mais tous les passages qu’il cite sont en réalité issus du Deutéronome, du Lévitique et des Nombres. Il ne fait jamais référence au Nouveau Testament, au Christ lui-même.
— Vous plaisantez ?
— Vous avez dû l’entendre prêcher. Vous rappelez-vous l’avoir entendu citer le Christ ?
La pelleteuse heurta quelque chose, ce qui dispensa Claire de répondre. L’ouvrier arrêta de creuser et fit marche arrière. Augustin descendit dans le trou, retira une fine couche de sable et découvrit l’escalier. Son cœur se gonfla d’une émotion inconnue.
— Merci, dit-il à Claire.
II
Knox récupéra la clé de voiture, le portefeuille et le téléphone portable de Peterson dans le sable mouillé. La police avait certainement trouvé le Toyota, et des hommes devaient se tenir en embuscade à proximité. Mais il n’avait pas le choix. Du reste, la chance semblait lui sourire. Il se précipita vers le 4x4, mit le contact et scruta l’obscurité à travers le pare-brise embué. Il ne voyait rien, mais préféra ne pas se servir des phares. Un éclair au loin lui donna un aperçu du désert qui l’entourait. Il s’y engagea à l’aveuglette. Lorsqu’il se fut suffisamment éloigné du complexe, il alluma les phares et atteignit une rangée d’arbres qui délimitait la frontière entre le désert et les terres cultivées. Il s’enfonça dans un champ de canne à sucre et se cacha derrière un mur de tiges, dans le sens de la sortie, au cas où il devrait s’enfuir. Puis il éteignit les phares et mit le chauffage en route.
Et maintenant, qu’allait-il faire ?
Gaëlle était à Assiout, à environ soixante-dix kilomètres au sud. Il ne pouvait pas y aller par la route, pas avec la police à ses trousses. Et même un 4x4 ne pourrait pas traverser le désert par ce temps. De toute façon, à quoi bon ? En détruisant l’ordinateur portable et les photos qu’il contenait, Peterson avait annihilé toutes ses chances de déchiffrer le message de Gaëlle.
Ce ne fut qu’à cet instant que Knox se souvint de l’avion télécommandé survolant Borg. Il sortit le téléphone portable de Peterson et composa le numéro d’Augustin. Il tomba sur la messagerie. Alors il envoya à son ami un texto lui demandant de le rappeler le plus tôt possible, et attendit qu’il se manifeste.
III
Lorsqu’il arriva sur le site de Borg el Arab, Farouq constata que les gardes étaient partis et que le bureau était vide. Mais un peu plus loin, il aperçut une pelleteuse, phares allumés, une voiture et deux ouvriers qui bavardaient avec un garde. Il reprit le volant et s’approcha. Un grand tas de terre et de décombres s’élevait à côté d’un immense puits. Un escalier en pierre menait jusqu’à une galerie souterraine, dans laquelle ronronnait un groupe électrogène.
— Qu’est-ce que vous dites de ça, chef !
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