L'énigme de l'exode
cherchez.
III
Le puits se remplissait rapidement. L’eau ruisselait le long des parois et l’angoisse de Gaëlle grandissait à mesure que les flaques s’élargissaient à ses pieds.
— Frottez une allumette, réclama Stafford, j’ai trouvé quelque chose.
Gaëlle s’exécuta, mais la flamme eut du mal à prendre dans l’humidité ambiante. Elle l’aida à grandir en la protégeant de sa main, puis tendit l’allumette vers le fond. Stafford vida l’eau qui s’était accumulée et ils découvrirent un bloc de pierre sculpté au pied du mur : un talatate. Ils se regardèrent avec stupéfaction, ne sachant que penser. L’allumette brûla les doigts de Gaëlle, qui la laissa tomber en poussant un petit cri. Ils furent à nouveau plongés dans l’obscurité.
— Retirons-le, proposa Lily. Il y a peut-être quelque chose derrière.
Ils creusèrent à tour de rôle, gênés par une grosse pierre ensevelie parmi les décombres. Au bout d’un moment, ils parvinrent à faire jouer le talatate d’avant en arrière, comme une dent sur le point de tomber, et à en sentir les contours. Il y en avait un autre à gauche et un troisième au-dessous. Il s’agissait peut-être d’un mur entier. Ce fut Gaëlle qui parvint enfin à retirer suffisamment de mortier pour extraire le bloc. Ils avaient tous espéré que l’eau s’écoulerait aussitôt vers le bas, mais rien ne se produisit. L’eau ne s’écoula pas. Gaëlle passa la main dans le trou et ses doigts effleurèrent un mur. Lorsqu’elle gratta la pierre mouillée, celle-ci se désagrégea sous ses ongles comme du plâtre.
Ils se remirent à creuser les uns après les autres, mais le niveau ne cessait de monter. Ils furent bientôt contraints de mettre la tête sous l’eau.
— Ça ne sert à rien, se lamenta Lily. Ça ne mène nulle part.
— Nous devons continuer, insista Gaëlle. Il le faut !
Mieux que ses paroles, le timbre de sa voix exprimait qu’il n’y avait aucune alternative.
Chapitre 44
I
La gorge irritée par la fumée de la cigarette, Knox avait du mal à se retenir de tousser. Un autre policier s’approcha.
— Debout, flemmard ! lança-t-il. On est censé fouiller tout le secteur.
— Oui, et moi je fouille ce coin-là, répondit le policier assis sur la fenêtre de la cellule.
— Tu veux que je répète ça à Gamal ?
— D’accord, d’accord, soupira le fumeur.
Il éteignit sa cigarette à moitié consumée et la remit dans son paquet, avant de s’éloigner d’un pas lourd.
Knox attendit que le silence revienne et abandonna sa cachette. À peine en était-il sorti qu’il vit les lampes torches revenir vers lui.
— Je t’avais dit que c’était de l’autre côté, soupira l’un des deux policiers en tournant au coin de la galerie.
Il tomba nez à nez avec Knox, et tous deux restèrent figés un instant, puis le policier dégaina son arme et son collègue demanda aussitôt des renforts. Knox s’enfuit dans l’obscurité en tournant au hasard dans le labyrinthe souterrain. Gauche, droite, droite, il distança ses poursuivants, jusqu’à ce qu’il arrive dans une impasse : une galerie bouchée par du sable. Les torches le rattrapèrent rapidement. Il ne pouvait pas revenir en arrière. Il escalada le tas de sable. Percevant un espace de quelques centimètres juste au-dessous du plafond, il s’y engagea la tête la première et se tortilla pour passer de l’autre côté, gêné par l’ordinateur, qui le retenait. Soudain, il vit une brève lueur, suivie d’un coup de tonnerre. Un conduit de ventilation ! Il s’y faufila en rampant sur le sable détrempé et, arrivé à la sortie, s’élança de nouveau dans la tempête. Il enjamba une corde de sécurité et courut dans le sable, le souffle court. Un éclair au loin illumina le paysage. Knox chercha un endroit où se cacher et eut juste le temps d’apercevoir un banc blanc au milieu d’une couronne de dattiers. Il se précipita vers le banc et jeta un coup d’œil derrière lui. Un des policiers émergea du conduit, orienta sa torche dans la mauvaise direction et se mit à courir après des ombres.
Soulagé, Knox eut le sentiment qu’il allait s’en sortir. Mais une branche claqua et il aperçut un homme, droit devant lui. Dépité, il leva les mains. Trop tard. L’homme lui donna un coup de poing et il tomba à la renverse. Peterson, dents et poings serrés, le nez débordant de morve, les yeux fous, resta interdit.
— Vous ! s’écria-t-il,
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