L'énigme de l'exode
beau. Il entendit une grille s’ouvrir et un moteur démarrer. Des phares s’allumèrent et projetèrent son ombre devant lui. Bêtement, il regarda derrière lui et fut ébloui par la lumière, dans laquelle les gouttes de pluie ressemblaient à des pierres précieuses. Aveuglé, il fonça dans une rambarde, et bascula de l’autre côté en se cramponnant pour ne pas tomber dans le vide. Sous ses pieds, il sentit une échelle fixée à la paroi d’un puits. Il s’enfonça donc dans l’obscurité, en cherchant en vain un moyen de s’échapper.
Le véhicule s’arrêta juste au-dessus de lui. Les policiers firent claquer les portières en criant. L’un d’eux orienta sa torche vers le fond du puits et éclaira brièvement une galerie. Knox s’y engouffra à l’aveuglette en tâtant les murs. Les anciennes fenêtres et les niches le renseignèrent : il se trouvait dans les catacombes des animaux. Il regarda vers le haut en quête d’un conduit de ventilation. Devant lui, la lumière d’une torche étincela. Il se retourna : de l’autre côté aussi ! Il palpa les murs, trouva une fenêtre, l’enjamba et atterrit dans une cellule, à moitié remplie de sable et de débris. Un endroit sinistre, rendu encore plus lugubre par l’approche vacillante d’une des torches. Depuis une niche située sur le mur d’en face, un babouin momifié fixait Knox de son regard absent. Dans l’Antiquité, les habitants de la cité vénéraient les babouins, qu’ils considéraient comme l’incarnation de Thot, le dieu de l’Écriture, associé par les Grecs à Hermès, d’où Hermopolis tirait son nom. Des centaines de milliers de babouins avaient été enterrés dans ces catacombes, qui s’étendaient sur des kilomètres.
Knox entendit une respiration rauque et saccadée, le frottement d’un briquet, le crépitement d’une cigarette qui se consume. Il se colla contre le mur. Un homme s’assit de dos sur la fenêtre de la cellule pour fumer.
II
Augustin avait perdu l’espoir d’être libéré, lorsqu’il perçut des bruits de pas au-dehors. Quelqu’un frappa timidement à la porte de la réserve.
— Monsieur Pascal ? Vous êtes là ?
— Claire ? s’étonna Augustin. C’est vous ?
— Oui.
— Je croyais que vous étiez partie.
— Je suis revenue.
Claire hésita un instant avant de continuer.
— Monsieur Pascal, reprit-elle, vous avez dit la vérité, n’est-ce pas ? Votre amie a bien été prise en otage. Et la mosaïque pourrait vraiment l’aider.
— Oui.
— Je risque gros, vous comprenez ?
— C’est la vérité, Claire, je vous le jure. Vous pouvez m’appeler Augustin.
La clé tourna dans la serrure et la porte s’ouvrit. La jeune femme effrayée apparut dans le clair de lune, les mains jointes devant elle. Elle semblait très jeune, malgré sa grande taille.
— Je suis à l’étranger, expliqua-t-elle. J’ai violé la loi ou, du moins, la loi a été violée et je suis la seule personne que les autorités pourront incriminer. Je n’ai plus de famille dans mon pays pour me défendre. Je n’ai pas d’amis ici. Monsieur Griffin m’a fait comprendre qu’il me désavouerait une fois qu’il aurait ramené ses étudiants aux États-Unis. Ce n’est pas par malveillance, vous savez : il n’aura pas le choix. Alors j’ai très peur. Je n’ai pas l’habitude d’agir seule, et encore moins sous pression. Si je vous dis où se trouve la mosaïque, j’aurai besoin de quelqu’un qui me soutienne. De quelqu’un qui se batte pour moi comme vous vous battez pour votre amie.
— Je me battrai pour vous, lui promit Augustin.
Elle baissa les yeux.
— Vous diriez n’importe quoi pour sortir d’ici. Je ne peux pas vous en vouloir, mais c’est la vérité.
Il s’approcha lentement d’elle. Il ne voulait pas lui faire peur. Puis il posa la main sur son épaule, lui prit le menton et plongea les yeux dans les siens.
— Je ne suis pas un saint, Claire, avoua-t-il. Je suis le premier à le reconnaître. J’ai toutes sortes de défauts, mais j’ai une qualité : je suis fidèle en amitié, quoi qu’il advienne. Si vous m’aidez aujourd’hui, vous serez mon amie jusqu’à la fin de ma vie. Ça, je peux vous le jurer. Et vous pouvez me croire.
Après un instant de réflexion, un sourire vint éclairer le visage inquiet de Claire.
— Alors suivez-moi, dit-elle à Augustin en lui tendant son portefeuille et son téléphone. Je vais vous montrer ce que vous
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