L'énigme de l'exode
des hectares. Ce reflux pouvait durer plusieurs heures, ce qui aurait laissé aux Juifs le temps de s’enfuir avant qu’une immense vague ne s’abatte sur leurs poursuivants et ne détruise tout sur son passage.
Knox aperçut enfin la rive orientale. Il arrêta de ramer et se laissa dériver.
Les Thérapeutes chantaient des chants antiphoniques célébrant l’Exode et l’ouverture de la mer de Roseaux. Aussi, leur communauté n’était peut-être pas une simple ramification de la secte des Esséniens. S’ils avaient choisi le site de Borg el Arab, peut-être n’était-ce pas par peur des pogroms ni par besoin d’isolement, mais pour commémorer le grand miracle de l’Exode.
Le fond de la barque racla la terre. Knox sauta hors de son embarcation et tira celle-ci sur la rive, loin du tumulte du Nil. Il s’apprêtait à continuer son chemin à pied, lorsqu’il entendit derrière lui le bruit typique d’un pistolet qu’on arme. Il s’arrêta net, leva lentement les mains et se retourna.
Chapitre 48
I
Il faisait lourd, ce soir-là. La climatisation du terminal 2 de l’aéroport du Caire fonctionnait mal, ce qui n’arrangeait rien. Griffin suait abondamment lorsqu’il arriva avec ses étudiants au comptoir d’enregistrement. Il était convaincu que son angoisse se lisait sur son visage, mais lorsqu’elle lui fit signe d’avancer, la femme assise en face de lui réprima un bâillement. Elle prit les passeports, imprima les cartes d’embarquement, vérifia le poids des bagages et marmonna quelque chose qu’il ne comprit pas vraiment. Comme souvent lorsqu’il était sous pression, il avait les oreilles qui bourdonnaient.
— Pardon ? dit-il.
Il se pencha vers elle lorsqu’elle répéta sa phrase, mais elle avait un tel accent qu’il ne comprit pas mieux. Exaspérée, elle soupira et griffonna un chiffre sur un morceau de papier. Le cœur battant à tout rompre, il sentit une sueur glaciale s’accumuler sous ses aisselles. Il ouvrit son portefeuille, en sortit une liasse épaisse de billets de vingt dollars et la supplia du regard de prendre tout ce qu’elle voulait du moment qu’elle les laissait passer. Elle jeta un coup d’oeil par-dessus son épaule, et aperçut son supérieur. Baissant les yeux vers le portefeuille de Griffin, elle prit un unique billet dans la liasse qu’il lui tendait. Après avoir saisi un chiffre sur son clavier, elle rendit la monnaie à Griffin en livres égyptiennes. Celui-ci se détendit un peu, mais il fallut ensuite faire la queue pour le contrôle des passeports. Enfin, ses étudiants et lui franchirent la douane sans encombre. Le soulagement lui ôta toutes ses forces. Pris de nausée, il se rendit aux toilettes, se pencha contre un lavabo et se regarda dans le miroir. Le teint gris, les mains tremblantes, il avait l’air vieux.
Il éprouva une pointe de culpabilité en pensant à Claire, mais s’efforça de chasser la jeune femme de son esprit. Chaque chose en son temps. L’embarquement allait commencer dans quarante-cinq minutes. Avec un peu de chance, dans environ deux heures, il serait hors du territoire égyptien. À ce moment-là, il pourrait se soucier de Claire.
Il fit couler de l’eau froide dans ses mains jointes et les approcha de son visage, comme s’il priait. Puis il se sécha avec une serviette en papier, qu’il chiffonna et jeta dans une corbeille qui débordait. Elle tomba par terre. La mauvaise conscience le poussa à aller la ramasser. Il la fourra dans sa poche, se composa un sourire et s’efforça de le garder lorsqu’il sortit rejoindre ses étudiants.
II
Dans l’obscurité, Knox mit un moment à voir le policier qui s’abritait sous les arbres, prêt à utiliser son arme, même s’il ne montrait aucun signe d’impatience. Il était petit et sec, mais faisait preuve d’une assurance sereine, si bien que Knox n’eut même pas l’idée de s’enfuir.
— Vous êtes Daniel Knox ? demanda le policier.
— Oui.
— J’ai quelques questions à vous poser. Vous pouvez mentir, si vous voulez, mais il est dans votre intérêt de me dire la vérité.
— Quelles questions ?
— Pour commencer, que faites-vous ici ?
— Je suis venu chercher une amie.
— Qui ?
— Elle s’appelle Gaëlle Bonnard. Elle a été prise en otage par...
— Je sais de qui il s’agit, mais elle a été enlevée à Assiout. Alors je répète ma question : que faites-vous ici ?
— Je crois qu’elle n’a pas été enlevée à
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