L'énigme de l'exode
choses qu’il ne savait pas par où commencer. Il parla à Naguib de Peterson et du site de Borg el Arab. Il lui montra la photo de la mosaïque sur le portable et attira son attention sur la position de Gaëlle dans la vidéo de la prise d’otages. Puis il lui expliqua que les lettres grecques faisaient référence à Akhénaton et à Amarna.
Naguib hocha la tête, comme si ces informations venaient confirmer ses soupçons.
— Nous avons trouvé une jeune fille dans le désert, il y a deux jours, annonça-t-il. Son corps était enveloppé dans une bâche. Elle avait le crâne défoncé. Comme elle était copte, mon chef m’a dit de laisser tomber. Vous savez, ici, la religion est une question sensible, et il n’est pas du genre à mettre de l’huile sur le feu inutilement. Mais j’ai une fille. Et s’il y a un tueur dans les parages...
— C’est tout à votre honneur, dit Knox.
— L’enquête n’a pas cessé de me surprendre. Je m’attendais à un crime sexuel ou crapuleux, mais le légiste a déclaré que la jeune fille s’était noyée. Comme nous avions trouvé une figurine amarnienne sur elle, j’ai commencé à imaginer un tout autre scénario : une pauvre gamine a entendu dire que les ouadi charrient des artefacts de valeur lors des tempêtes. Elle va jusqu’à l’Oued Royal et trouve une figurine, qu’elle range dans sa bourse. Mais une pierre lui tombe sur la tête. Ou bien, elle aperçoit une faille dans la falaise, essaie d’escalader la paroi, mais glisse et fait une mauvaise chute. Quoi qu’il en soit, elle gît inconsciente dans l’eau de pluie et finit par se noyer.
— Puis un individu la trouve, suggéra Knox. Lui aussi, il voit la faille dans la falaise et découvre une tombe inconnue, qui ne demande qu’à être pillée. Alors il enveloppe la fille dans une bâche et va l’enterrer dans le désert.
— C’est ce que j’ai soupçonné. Alors j’ai pensé que votre amie Gaëlle et ses compagnons avaient peut-être repéré quelque chose pendant qu’ils filmaient à Amarna. Et que c’était peut-être pour cette raison qu’ils avaient disparu. J’ai eu une conversation avec les ghaffirs et j’ai appris qu’ils ne pouvaient plus se rendre dans l’Oued Royal. L’accès leur en a été interdit par le responsable local de la police touristique, le capitaine Khaled Osman, le lendemain de la dernière tempête.
— Quoi ! Et vous en avez parlé à quelqu’un ?
— J’ai essayé, mais mon chef n’a pas voulu m’écouter. On ne fait pas carrière dans la police égyptienne en dénonçant ses collègues. Et puis, je n’avais aucune preuve, seulement des soupçons. Mais juste avant de vous voir, j’ai eu une révélation. Vous vous souvenez de la vidéo de la prise d’otages ?
— Vous croyez que je pourrais l’oublier ?
— Vous avez remarqué l’éclairage ?
— C’est-à-dire ?
— Réfléchissez. On voyait le dessous du menton des otages. Toutes les ombres étaient projetées vers le haut. La lumière venait donc du bas. Tout le monde est parti du principe que les otages étaient détenus dans une maison ou un appartement, à Assiout ou dans les environs. Mais il n’y a pas d’éclairage au sol dans les logements privés. En Égypte, on n’en trouve que dans des lieux très précis.
— Les sites historiques.
— Exactement. Cette vidéo n’a pas été filmée à Assiout, mais à Amarna.
Chapitre 49
I
— Monsieur Griffin ?
Griffin leva les yeux et vit avec stupéfaction deux gardes en uniforme, qui le fixaient avec un sourire courtois mais lourd de sens. La peur le submergea, et il eut à nouveau la nausée.
— Oui ?
— Veuillez nous suivre, s’il vous plaît.
— Où ça ?
Le plus grand des deux gardes fit un signe de tête en direction d’un bureau vitré, situé au fond de la salle d’embarquement.
— À la sécurité.
— Mais l’embarquement va bientôt commencer.
Les sourires se figèrent.
— Suivez-nous, je vous prie.
Griffin s’affaissa sur son siège. Cela devait finir comme ça. La vie semblait s’acharner sur lui. Il se tourna vers Mickey.
— Je vous confie vos camarades, lui annonça-t-il en lui tendant sa carte de crédit. Veillez bien à ce qu’ils prennent tous l’avion, d’accord ?
— Et vous ? s’enquit Mickey.
— Ça ira. Ramenez tout le monde chez nous. Je peux compter sur vous, n’est-ce pas ?
— Oui.
— Je le savais, dit Griffin en tapant sur l’épaule du jeune homme.
Le cœur
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