L'énigme de l'exode
revenu comme une tempête. Hosni avait levé les yeux au ciel et même adressé un sourire complice à Claire, qui était consciente d’avoir été à un cheveu de faire des aveux.
— Bravo ! s’écria Augustin en déposant un baiser sur le front de la jeune femme.
Il fit un pas en arrière, craignant d’avoir eu un geste déplacé.
— Enfin... il est important que vous puissiez d’abord consulter un avocat, reprit-il.
— Bien sûr, admit-elle.
— Parfait ! Alors suivez-moi.
— Je peux sortir ?
Augustin lui montra son compagnon.
— Je vous présente monsieur Nafiz Zidan, le meilleur avocat d’Alexandrie. J’ai déjà eu affaire à lui une ou deux fois. Vous savez ce que c’est... Il a tout arrangé. Vous pouvez partir, à condition d’accepter de revenir demain après-midi. Ça vous convient ?
— Vous viendrez avec moi ?
— Bien sûr ! Ainsi que Nafiz.
— Alors d’accord.
Claire se tourna vers Nafiz.
— Merci infiniment, monsieur.
— Tout le plaisir est pour moi, déclara l’avocat.
Claire prit le bras d’Augustin, plus impatiente que jamais de retrouver la liberté. Il la conduisit jusqu’au hall.
— Nous avons dû accepter certaines conditions pour obtenir votre libération, expliqua-t-il. Le plus important, c’était de vous faire sortir dès ce soir.
— Quelles conditions ? demanda Claire.
— D’abord, votre passeport a été confisqué et ne vous sera pas rendu avant la fin de l’enquête.
Il poussa la porte d’entrée, conduisit Claire jusqu’à la voiture de Mansoor, qui s’était garé au pied de l’escalier, et ouvrit la portière arrière.
— J’ai également dû m’engager à ce que vous ne quittiez pas le pays, poursuivit-il.
— Je resterai ici, promit Claire en montant dans la voiture. Mais combien de temps cela va-t-il prendre ?
— Ce sera long, avoua Augustin en s’installant à côté d’elle. Comme toujours en Égypte.
Il prit sa main dans les siennes.
— Mais ne vous en faites pas, la rassura-t-il. Tout va bien se passer. Mansoor et moi avons échafaudé un plan qui...
— Hé, hé, hé ! protesta Nafiz, qui s’était assis à l’avant et se bouchait les oreilles. Je ne veux pas entendre ça ! Je suis avocat.
— Excuse-moi, vieux ! dit Augustin avec un rire.
Il se tourna de nouveau vers Claire.
— Faites-moi confiance, dit-il simplement. Ça va aller. En Égypte, il suffit d’avoir des relations. D’habitude, je déteste ça mais, aujourd’hui, ça m’arrange bien. Je connais beaucoup de monde, des personnes très influentes, et s’il le faut, je les appellerai toutes.
— Merci, murmura Claire.
— Je me suis aussi engagé personnellement à ce que vous vous présentiez à tous les interrogatoires et à ce que vous vous soumettiez à toutes les assignations à comparaître. Si nous devions toutefois en arriver là, ce qui ne sera pas le cas. Mais cela signifie que vous allez devoir rester chez moi pendant un certain temps.
— Je ne voudrais pas vous déranger...
— Il n’y a pas de problème, au contraire !
Elle baissa les yeux vers sa main, qu’Augustin tenait toujours dans les siennes. Soudain, il se rendit compte de ce qu’elle avait pu comprendre, et lâcha sa main en glissant tout au bout de la banquette.
— Vous ne risquez rien, lança-t-il, vexé. Je ne suis pas comme ça ! Vous aurez votre propre chambre. Enfin, ce sera ma chambre, mais je ne dormirai pas dedans. Je dormirai sur le divan du salon. Je prendrai juste une couverture et un oreiller. J’ai déjà dormi sur ce divan et il est très confortable, bien plus confortable que le lit, en fait. Je ne sais pas pourquoi je n’y dors pas toutes les nuits ! Bref, vous n’avez rien à craindre de moi. Je vous donne ma parole.
Il cessa de se justifier comme un adolescent susceptible, poussa un long soupir et regarda Claire droit dans les yeux pour voir s’il l’avait convaincue. Apparemment, elle n’était toujours pas rassurée.
— Claire, insista-t-il. Jamais je n’oserais profiter de vous après tout les risques que vous avez pris pour moi.
Il y eut un instant de silence, qui se prolongea.
— Oh, soupira soudain Claire.
II
Exposé à la brutalité de la tempête, Knox regarda la route depuis le toit du camion et constata que son plan comportait une faille importante : la visibilité était très réduite, même en pleins phares. Or, Naguib et Tarek devraient avancer dans le noir pour éviter de se faire repérer. Dans ces conditions, ce
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