L'énigme de l'exode
antiquités du pays ?
Griffin fronça les sourcils. Il s’était rendu coupable de beaucoup de choses, mais pas de ça.
— Quoi ?
— Inutile de nier, nous savons tout.
— Tout ?
Brusquement, Griffin eut l’impression que les gardes n’avaient en réalité rien à lui reprocher, qu’ils bluffaient.
— Nous pouvons vous aider. Il vous suffit de faire une déclaration. Réglez-nous le montant correspondant, et nous la ferons pour vous.
Griffin éprouva un tel soulagement qu’il renversa la tête en arrière. Ce n’était que du chantage pour lui extorquer de l’argent. Rien à voir avec l’affaire dans laquelle il avait trempé.
— À combien ce montant s’élève-t-il ? demanda-t-il.
— Cent dollars, répondit le garde.
— Cent dollars pour chacun, précisa son collègue.
— Et je pourrai prendre mon avion ? demanda Griffin.
— Bien sûr.
Griffin ne paya même pas à contrecœur. Il avait le sentiment d’avoir affaire à des messagers d’une puissance supérieure et d’être en pénitence. Cela signifiait qu’il était toujours temps pour lui de racheter ses fautes, de ramener ses étudiants chez eux, de s’assurer que Claire ne risquait rien, et de faire enfin quelque chose dont il pourrait être fier. Il compta dix billets de vingt dollars et en ajouta un onzième.
— Pour votre amie du comptoir d’enregistrement, dit-il.
Puis il sortit et se dirigea vers la porte d’embarquement, le cœur léger et la démarche presque sautillante.
IV
Naguib trouva Khaled Osman à l’abri dans son bureau, entouré de ses hommes, qui partageaient un narguilé de tabac parfumé au miel.
— Encore vous ! s’exclama Khaled. Qu’est-ce qui se passe, cette fois ?
Naguib referma la porte derrière lui pour étouffer le bruit de la tempête et brossa ses manches en faisant tomber des gouttes de pluie tout autour de lui.
— Quel temps ! s’exclama-t-il.
— Qu’est-ce qui vous amène ? s’enquit Khaled en se levant de sa chaise.
— J’ai essayé de vous téléphoner mais, avec cette tempête, mon appel ne passait pas.
— Qu’est-ce que vous voulez ? insista Khaled, les mains sur les hanches.
— Rien. Enfin, rien de particulier. Je voulais juste vous communiquer une information. Nous avons recueilli un témoignage.
— À quel propos ?
— Une personne du coin a entendu des voix.
— Des voix ?
— Des voix d’homme et de femme. Des voix d’étrangers.
— Où ça ?
— Je n’ai pas vraiment compris. Je ne connais pas cet endroit aussi bien que vous et notre témoin ne s’exprimait pas de façon très cohérente. Mais c’était quelque part à Amarna.
— Et qu’est-ce que vous attendez de nous ?
— Rien, mais avec tout ce qui se passe en ce moment, je vais être obligé d’aller jeter un coup d’œil.
— Avec cette tempête ?
Naguib éclata de rire.
— Vous me prenez pour un dingue ? En revanche, si ça ne vous pose pas de problème, j’amènerai ce témoin ici demain matin pour qu’il me montre l’endroit. Vous pourrez venir avec nous, si le cœur vous en dit. Nous avons peu de chances de trouver quoi que soit, mais avec cette histoire d’otages...
— Très bien, dit Khaled d’un ton sec. À demain matin, alors. Pas de problème.
— Merci, à demain matin.
Chapitre 50
I
Les poings serrés, Khaled Osman regarda Naguib s’en aller depuis la fenêtre de son bureau. Lorsque les feux arrière eurent disparu dans la tempête, il se tourna vers Faisal et Abdallah.
— Des voix ! s’écria-t-il. Quelqu’un a entendu des voix. Des voix d’homme et de femme. Des voix d’étrangers. Comment expliquez-vous cela ?
— Ça doit être une erreur, capitaine, gémit Abdallah en reculant. Une coïncidence. Des touristes. Des journalistes.
— Tu es en train de me dire que vous avez autorisé des touristes et des journalistes à entrer sur le site ?
Abdallah baissa les yeux.
— Non, capitaine, mais peut-être se sont-ils introduits ici pendant que...
Voyant que son chef n’en croyait pas un mot, il laissa sa phrase en suspens. Khaled croisa les bras et son regard se posa sur Faisal.
— Vous n’avez pas fait ce que je vous ai demandé, n’est-ce pas ? soupçonna-t-il.
— Si, capitaine ! s’exclama Abdallah. Je vous jure que si !
— Vous les avez tués ?
— Tués, capitaine ? demanda Abdallah en palissant. Vous ne nous avez jamais dit de les tuer !
— Quoi ?
— Vous nous avez dit de les réduire au silence, capitaine, intervint Faisal.
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