L'énigme de l'exode
restait plus que trois. Il lâcha Stafford et traversa la chambre pour se diriger vers la galerie en brandissant devant lui sa torche et son AK-47.
— Alors ! cria-t-il à Faisal, qui n’avait pas bougé d’un pouce. Tu viens, ou quoi ?
— Sortons d’ici, implora Faisal. Il est encore temps.
— Et après ?
— Après, on disparaît !
Khaled hésita. Une nouvelle vie, où personne ne le connaissait. À Port Saïd. À Assouan. Ou à la frontière du Soudan ou de la Libye. Il était facile de s’acheter une nouvelle identité quand on avait des contacts et un peu d’argent. Mais la perspective de tout recommencer, de devoir se refaire un nom, le rebuta.
S’il partait maintenant, il serait pauvre pour toujours. Or, il n’était pas fait pour être pauvre. Il était fait pour le luxe. Et il en était tout près. Il fallait au moins qu’il aille voir ce qui se trouvait au bout de cette galerie.
— On finit ce qu’on a terminé, déclara-t-il. Fais-moi confiance. Personne n’en saura rien.
Il adressa un sourire encourageant à Faisal et lui tourna le dos pour enfiler la galerie, certain que celui-ci, dans sa faiblesse, le suivrait sans broncher.
En effet, Faisal s’exécuta.
Chapitre 56
I
Knox allongea Gaëlle sur le sol et écarta les cheveux de son visage. La jeune femme avait le teint moins pâle et la respiration plus profonde. Le sang qui s’était écoulé de sa plaie à la tête avait commencé à se coaguler. Knox prit la torche qu’il avait donnée à Lily et étudia la salle. Il éclaira le mur de gauche, recouvert de gypse, et devina des formes sous l’épaisse couche de poussière. Il retira sa chemise mouillée, essuya le mur et fit apparaître une scène nocturne : des lions rôdaient, des serpents ondulaient et des crocodiles étaient tapis dans l’ombre, autour de maisons dans lesquelles des voleurs s’introduisaient pendant le sommeil d’hommes et de femmes blottis dans leur lit.
Knox s’approcha du mur d’en face et le nettoya également. Cette fois, il découvrit une scène diurne : Akhénaton et Néfertiti brandissaient des colliers d’or depuis le balcon d’un palais, des fermiers vaquaient à leurs occupations, le bétail paissait dans les champs, les canards survolaient les roseaux et les poissons sautaient dans les lacs. Tout reprenait vie dans les rayons du soleil.
— L’hymne à Aton, murmura Knox. Le poème d’Akhénaton à la gloire du disque solaire.
Il orienta sa torche vers le mur de gauche.
— C’est le monde de la nuit, expliqua-t-il. « Chaque lion sort de sa tanière, tous les serpents piquent. »
Puis il revint au mur de droite.
— Et voici le jour. « Chaque troupeau se satisfait de son herbage, les oiseaux volent les ailes déployées hors de leur nid, les bateaux font voile, car chaque route s’ouvre. »
— D’accord, c’est l’hymne à Aton, s’impatienta Lily. Mais ce n’est pas ça qui va nous faire sortir d’ici.
Les rayons du soleil convergeaient vers l’angle supérieur gauche du mur, mais ne se rejoignaient pas. Ils se heurtaient à l’angle du mur avant d’atteindre leur point de convergence, et disparaissaient. Knox regarda en haut de ce mur et remarqua quelque chose qu’il n’avait pas encore repéré. La surface n’était pas plane. Au centre, se trouvait un renfoncement en forme de V d’environ un centimètre de profondeur. Et c’était à la base de ce V que se terminait le fil d’or.
Knox posa la main dans le renfoncement, plus froid, plus lisse, plus métallique qu’il ne s’y attendait. Il recula, puis éclaira l’ensemble du mur et le fil d’or courant le long du sol.
— Cela ressemble à un oued, déclara-t-il en montrant à Lily le V en forme de vallée. Celui au-dessus duquel le soleil se lève pour dessiner le signe d’Aton.
— Alors où est le soleil ? demanda Lily.
— Bonne question !
Knox s’approcha et donna de petits coups secs contre le mur en écoutant attentivement comment il résonnait. Il tapa encore une fois. Oui, aucun doute, c’était creux.
II
Naguib et les ghaffirs se relayaient au sommet de la falaise pour courir tête baissée d’un abri à l’autre afin de ne pas se faire remarquer.
— Restez où vous êtes ! cria une voix crispée par la panique. Ne vous approchez pas !
Des coups de feu crépitèrent non loin de Naguib, et la traînée des balles imprima des traces orange sur sa rétine.
— Ne tirez pas ! s’écria-t-il.
Il se tourna vers Tarek.
—
Weitere Kostenlose Bücher