L'énigme de l'exode

large et mou : c’était le cadavre de Stafford, qui flottait sur le ventre. Il leva les yeux vers Lily, dont la torche dessinait des motifs lugubres sur les ondulations de l’eau. Elle secoua la tête et se détourna, incapable de parler de cette mort atroce.
    La chambre débouchait sur une petite galerie voûtée. Knox vit que Lily lui disait quelque chose. Ses oreilles bourdonnaient tant, depuis l’explosion, qu’il n’entendit pas. Mais il comprit sa question et lui fit un signe de tête. Elle s’aventura dans la galerie sans plus attendre et il la suivit en serrant Gaëlle contre lui.

    II
    Khaled rechargea son Walther tout en regardant le trou béant dans la paroi du puits. Qu’avaient-ils pu trouver là-dedans ? Puis il entendit du bruit à l’entrée de la tombe. C’était Faisal. Attiré par l’explosion et les coups de feu, il se précipitait vers lui.
    — Regarde ! s’exclama Khaled en pointant le doigt vers le puits. Je vous avais bien dit qu’il fallait continuer à creuser !
    Faisal le fixa d’un air incrédule.
    — C’est bien à ça qu’il faut penser maintenant ! s’écria-t-il.
    — On y va ! Nous devons finir ce que nous avons commencé. Va chercher la corde.
    — La corde ? Quelle corde ?
    — Celle que nous avons utilisée pour descendre, crétin ! Dis à Nasser de te l’envoyer.
    — Mais nous en aurons besoin pour remonter !
    — Nous passerons par la corniche. La pluie va bien finir par s’arrêter.
    — Mais...
    Khaled frappa Faisal au visage avec le canon de son Walther.
    — Ce n’est pas une requête ! vociféra-t-il. C’est un ordre ! Alors obéis !
    Faisal s’en alla, furieux, et revint muni de la corde. Khaled serra le nœud coulant autour du piton et jeta l’autre extrémité dans le puits. Il s’apprêtait à descendre lorsqu’il se dit que c’était un endroit parfait pour une embuscade.
    — Vas-y ! ordonna-t-il à Faisal en lui arrachant l’AK-47 des mains. Je te couvre.
    — Sans arme ? protesta Faisal.
    — Tiens ! maugréa Khaled en lui donnant son Walther. Prends ça si tu veux.
    — Mais on pourrait juste...
    — Tu n’as pas envie de voir ce qu’il y a là-dessous ?
    — Si, mais...
    — Nous allons être riches ! insista Khaled. Nous aurons tous les trois plus d’argent que dans nos rêves les plus fous. Fais ce que je te dis.
    Faisal semblait être têtu comme une mule, mais il finit par glisser le Walther dans sa ceinture. Il tira sur la corde pour s’assurer qu’elle était bien fixée et descendit sans encombre jusqu’au fond du puits.
    Khaled s’autorisa un sourire discret. Tous les trois ! D’abord Abdallah, puis Faisal. Quelle nuit tragique pour son équipe...

    III
    La tête de Gaëlle ballottait contre l’épaule de Knox, tandis qu’il se frayait un chemin entre les ruines immergées. La torche de Lily projetait des ombres chinoises sur les murs. La galerie était légèrement en pente, si bien que l’eau n’atteignit bientôt plus que leurs mollets. Ce qui leur permit d’accélérer leur marche. Knox devait se concentrer sur les obstacles. Ce fut peut-être pour cette raison que Lily remarqua les peintures murales la première.
    — Qu’est-ce que c’est ? demanda-t-elle en éclairant le mur recouvert de gypse.
    Knox s’approcha et observa les peintures défraîchies : des rangées d’arbres chétifs, un motif qui se répétait à l’infini, colonne après colonne, comme sur un papier peint. Et la même chose sur le mur d’en face.
    — Alors ?
    Knox ne sut que répondre. Il n’avait jamais rien vu de tel. Les arbres, et la végétation en général, n’étaient pas rares dans l’art de l’Égypte ancienne. Cependant, ils faisaient toujours partie de scènes plus vastes, dans lesquelles figuraient également des personnages, du bétail, de l’eau, des oiseaux. Il ne s’agissait jamais d’un seul arbre reproduit indéfiniment. Mais était-ce bien un seul et même arbre ? Les motifs de droite ne ressemblaient pas à ceux de gauche. Et en matière d’art, les Égyptiens étaient méticuleux. De toute façon, ce n’était pas le moment d’analyser ces peintures en détail. Knox et Lily poursuivirent leur chemin et finirent par sortir complètement de l’eau. Ils constatèrent que le plancher de la galerie n’était pas en pente, mais que de longues marches d’escalier avaient été taillées dans la pierre, avant de disparaître sous une couche épaisse de sable et de gravats.
    Knox vit quelque chose briller