L'énigme de l'exode
loin.
— Allez ! gémit Lily.
Knox se coucha sur le dos et poussa sur le mur avec la plante de ses pieds nus. Rien. Il poussa encore une fois, encore, et encore. Quelque chose cliqueta de l’autre côté du mur, tel un loquet qu’on soulève. Le sol se mit à trembler et à disperser la poussière. Le métal grinça contre la pierre sous l’action des contrepoids. La paroi s’éleva avec une cruelle lenteur, comme un rideau de théâtre. Sa surface métallique se mit à luire dans la lumière de la torche. Elle avait une teinte jaunâtre, de plus en plus vive, trop dorée pour qu’il s’agisse d’argent, mais trop argentée pour qu’il s’agisse d’or. C’était de l’électrum, un alliage naturel de ces deux métaux, si prisé par les Égyptiens pour son éclat éblouissant que ceux-ci en avaient orné le sommet des pyramides. Puis le disque d’Aton apparut. Il montait lentement le long du mur. Le soleil se levait sur Amarna.
Chapitre 57
I
Knox passa sa torche sous le rideau d’électrum, qui était toujours en train de se lever, et éclaira des artefacts éparpillés sur le sol, ternis par d’épaisses couches de sable et de poussière, mais suffisamment brillants pour qu’on en devine la matière : ivoire, faïence, albâtre, peau de léopard, coquillages, pierres semi-précieuses. Et or. Partout, l’éclat de l’or.
Le rideau était désormais assez haut pour que Lily puisse se faufiler de l’autre côté.
— Venez ! dit-elle en reprenant la torche.
Knox attrapa Gaëlle sous les bras et la traîna derrière lui sous le rideau, dans la pièce pleine à craquer, traversée par une allée étroite qui serpentait entre d’immenses piles d’artefacts. Il reprit Gaëlle dans ses bras, stupéfait par ce qui l’entourait : des chandeliers en bronze, une crosse en ébène, un modèle réduit de bateau à voiles, un serpent de cuivre, un appuie-tête en bois, un ankh en jade vert, deux sentinelles grandeur nature qui montaient une garde éternelle et dont les yeux en lapis-lazuli lançaient des éclairs de défi. Lily partit devant, emportant avec elle la lampe torche qui faiblissait. Plus loin, les artefacts étaient de nature plus royale : un char en or frappé, posé sur son timon, à côté d’un double trône ; une statue en or dans une niche ; une couche décorée, contre laquelle était posée une rame en bois ; des coupes remplies de rubis et d’émeraudes. Knox se heurta à Lily. Elle fit un pas de côté et tendit la torche devant elle pour qu’il voie pourquoi elle s’était arrêtée. Un escalier plaqué d’électrum menait à deux grands sarcophages en or. Knox les regarda silencieusement, avec révérence. Le monde ne serait plus jamais vraiment le même. Akhénaton et Néfertiti. Adam et Ëve.
Malheureusement, Knox et Lily n’eurent pas le temps de s’attarder sur cette découverte. La lueur d’une torche vacilla derrière eux et des coups de feu retentirent. Knox s’aplatit pour se mettre à l’abri et tenta de hisser Gaëlle sur la couche en or, mais il glissa et elle lui échappa. Il se baissa pour la reprendre dans ses bras, mais Khaled arriva, une torche coincée sous le bras et un fusil d’assaut contre la hanche. Obligé de laisser Gaëlle à la merci de son ravisseur, il se tapit dans le noir.
Khaled approcha doucement, et les merveilles de cette caverne d’Ali Baba étincelaient et replongeaient dans l’obscurité au gré de ses mouvements. Knox cherchait frénétiquement parmi les objets funéraires, les gemmes, le mobilier, quelque chose qui lui permettrait de se défendre. Khaled se retourna, plongeant la pièce dans le noir. Le mobilier funéraire de la dix-huitième dynastie était de nature rituelle. Il assurait la protection du pharaon dans l’au-delà. Dans la tombe de Toutankhamon, Howard Carter et Lord Carnarvon avaient découvert un arc composite. Et même une dague en or trempé. Knox aurait donné n’importe quoi pour en trouver une.
Il tendit la main à l’aveuglette en essayant de ne pas faire de bruit. Sa main se posa sur une statuette. Il s’en empara, mais elle était en bois vermoulu, donc trop légère pour l’usage qu’il voulait en faire. Il la reposa et poursuivit son exploration. Ses doigts glissèrent sur un objet plus froid et plus lourd. Lorsqu’il comprit ce dont il s’agissait, il reprit espoir : c’était une massue, une arme que les pharaons utilisaient pour frapper leurs ennemis. Ses lèvres esquissèrent un
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