L'énigme de l'exode

à l’endroit où Lily venait de marcher. Du pied, il gratta le sol pour écarter la poussière, et fit apparaître une bande métallique qui courait au milieu de la galerie.
    — Là, regardez ! s’écria-t-il. Éclairez ça.
    Lily orienta la torche vers le sol.
    — Ça alors ! s’exclama-t-elle. C’est... de l’or ?
    — On dirait bien.
    — Mais où sommes-nous ?
    Knox se rappela brusquement les points communs entre Harpocrate et Akhénaton indiqués par Kostas, le relief du temple de Louxor, sur lequel étaient représentés des rois mages venus d’Orient les bras chargés de cadeaux, pour célébrer la naissance du pharaon. En réalité, les arbres dessinés sur les murs étaient des arbrisseaux, des balsamiers et des genévriers, d’où étaient extraits la myrrhe et l’encens. Soudain, tout prit un sens. Au terme de cette quête dans laquelle il s’était lancé bien malgré lui, Knox était sur le point de résoudre l’énigme de l’Exode.
    — Quoi ? demanda Lily en lisant sur son visage. Vous savez où nous sommes, c’est ça ?
    — Je crois que oui, répondit Knox à voix basse. Je crois que nous sommes dans la grotte des Patriarches.

Chapitre 55

    I
    La tempête commençait enfin à se calmer lorsque le camion arriva au bout de la route de l’Oued Royal et se gara à côté de celui de Khaled. Naguib et Tarek descendirent. L’endroit était encore inondé d’eau de pluie, qui dégoulinait le long des rochers.
    — Vous avez vu ça ? souffla Tarek en pointant le doigt vers le sommet de la falaise.
    Naguib plissa les yeux. Les nuages commençaient à se disperser. Une ou deux étoiles se montraient timidement, et délimitaient la silhouette de la falaise.
    — Vu quoi ? demanda Naguib.
    — Un homme, répondit Tarek. Il s’est couché. Il espère sans doute que nous ne l’avons pas vu.
    — Vous pouvez nous emmener là-haut ?
    Tarek acquiesça. Aussitôt, Naguib et les ghaffirs se mirent en route en longeant le pied de la falaise pour éviter de se faire repérer. Mahmoud ne tarda pas à faire une découverte macabre : le corps d’un des hommes de Khaled Osman, gisant bras et jambes écartés sur les rochers mouillés. Il lui suffit d’un regard pour comprendre qu’il était trop tard pour intervenir. Aussi entamèrent-ils leur ascension en gravissant le dos de la falaise en direction du sommet. Il faisait de plus en plus clair.
    — Déployez-vous, murmura Tarek à ses camarades lorsqu’ils furent arrivés en haut.
    — Et si nous rencontrons quelqu’un ? chuchota une voix.
    — Donnez-lui l’ordre de se rendre, répliqua Naguib.
    — Mais s’il refuse ?
    — Vous êtes armés, non ? trancha Tarek.

    II
    — La grotte des Patriarches ? répéta Lily.
    — C’est un site célèbre de la mythologie juive, lui expliqua Knox, une grotte située dans le désert, à côté d’une grande rivière. C’est là que Adam et Ève ont été envoyés après avoir été chassés du jardin d’Éden. Mais ce n’est pas tout. Il existe toute une littérature à ce sujet, car beaucoup de patriarches hébreux y auraient été enterrés : Adam, en compagnie d’Eve ; Abel, lorsqu’il fut tué par Caïn ; Noé, Abraham, Jacob, Joseph et même, d’après certains chercheurs, Moïse.
    — Un site prestigieux, c’est le moins qu’on puisse dire !
    — Les archéologues juifs le recherchent depuis des siècles. Ce serait extraordinaire, de découvrir la tombe de tous ces personnages bibliques.
    — Mais comment cette grotte pourrait-elle se trouver en Égypte ? Ne devrait-elle pas être en Israël ?
    Derrière eux, l’eau était agitée de remous. Quelqu’un les suivait. La galerie serpentait, ce qui limitait leur champ de vision, mais elle ne semblait pas devoir conduire à une impasse.
    — La Bible n’est pas un récit historique, expliqua Knox. C’est un recueil de contes populaires, destiné à convaincre les Juifs qu’ils avaient eux-mêmes provoqué leur exil babylonien et la destruction du Temple. C’est pourquoi beaucoup d’épisodes suivent la même logique morale.
    — L’homme conclut une alliance avec Dieu ; l’homme rompt cette alliance ; Dieu punit l’homme.
    — Exactement, dit Knox en déposant un instant le corps de Gaëlle pour se reposer les bras. Il se peut que la ou les personnes qui ont élaboré ce recueil aient recherché activement des anecdotes qui illustrent cette logique. Mais il existe une autre possibilité. Prenez Adam et Ève, par exemple. Il s’agit du