L'énigme de l'exode
Elle entendit des portières s’ouvrir derrière elle et se retourna. Lily se précipitait vers elle en essuyant ses larmes du revers de la main.
— Comment pouvez-vous le supporter ? lui demanda Gaëlle.
— C’est ma carrière qui est en jeu, répondit Lily.
— Est-ce que ça en vaut vraiment la peine ?
— Oui. À ma place, que feriez-vous d’autre ?
Gaëlle soupira. Elle aussi, elle avait supporté beaucoup de choses à ses débuts.
— Comment puis-je vous aider ? finit-elle par demander.
— Y a-t-il quelqu’un que vous puissiez appeler ? Fatima, par exemple ?
— Elle est à l’hôpital.
— Il doit bien y avoir quelqu’un...
Le regard de Gaëlle passa de Lily à Stafford, qui les regardait toutes les deux, appuyé contre le Discovery. Les tyrans s’y prenaient tous de la même façon : ils rendaient la vie des autres impossible jusqu’à ce qu’ils obtiennent ce qu’ils voulaient. C’était vraiment à contrecœur que Gaëlle allait tirer Stafford du bourbier dans lequel il s’était mis.
— Vous avez toujours vos autorisations de filmer, non ? demanda-t-elle à Lily. Osman n’a déchiré que celle de la tombe royale, n’est-ce pas ?
— Oui, répondit Lily. Pourquoi ?
— Je pense que nous pouvons tenter quelque chose.
— Quoi ?
— C’est très risqué, précisa Gaëlle, qui regrettait déjà d’avoir fait une proposition.
— S’il vous plaît, Gaëlle. Je vous en prie. Stafford peut anéantir ma carrière. Vraiment. Et il le fera, par pur esprit de vengeance. Vous avez vu comment il est.
— D’accord, soupira Gaëlle. Toutes les villes situées au bord du Nil ont leur ferry. On peut en prendre un autre à quelques kilomètres au sud. Je l’ai déjà pris lorsque celui d’Amarna était en réparation. Il n’est pas surveillé par la police.
— Un autre ferry ? s’exclama Lily.
Elle se retourna vers Stafford avant que Gaëlle n’ait le temps de l’arrêter.
— Apparemment, il y a un autre ferry au sud, lui annonça-t-elle.
— Qu’est-ce que voulez que ça me fasse ! s’écria Stafford.
— Vous avez l’autorisation de filmer les tombes du sud, expliqua Gaëlle, exaspérée. C’est là que de nombreux nobles d’Amarna ont été enterrés.
— Je sais qui est enterré dans les tombes du sud, merci. Et je sais aussi que je n’ai absolument pas besoin de les filmer.
— Mais elles sont à l’écart, à l’extrémité sud d’Amarna.
— Et alors ?
— Alors si nous retraversons le Nil à bord de l’autre ferry, nous devrions pouvoir aller jusque là-bas sans nous faire repérer. Et même si nous sommes arrêtés, nous pourrons produire notre autorisation.
— Mais vous êtes débile ou quoi ? Je vous dis que je ne veux pas filmer ces putains de tombes du sud. Je veux filmer la tombe royale !
— Une fois que nous serons là-bas, poursuivit Gaëlle avec un calme imperturbable, théoriquement, nous pourrons revenir à la tombe royale à pied. Ce n’est pas si loin.
— Théoriquement ! ricana Stafford. Je ne vois pas à quoi ça servirait, si aucun de nous ne connaît le chemin.
Gaëlle hésita de nouveau. Elle savait qu’elle ne devait pas commettre d’imprudence à cause de l’animosité de cet homme. Et c’est pourtant ce qu’elle fit.
— Je connais le chemin, déclara-t-elle.
Chapitre 24
I
La femme arrêta de hurler et se précipita à l’intérieur de son appartement. Mais Knox n’eut pas beaucoup de répit. Elle réapparut avec un couteau de cuisine et se mit à lui taillader rageusement les chevilles. Il tenta de remonter sur le balcon du haut, mais il n’avait pas suffisamment de prise. Alors il prit de l’élan et lâcha les barreaux de la balustrade pour atterrir sur le linge renversé. Terrifiée, la femme lui donna des coups de couteau dans le dos et la lame traversa ses vêtements. Il se redressa en levant les mains en signe de soumission, mais elle ne se calma pas. Préférant l’ignorer, il traversa l’appartement en boitant et sortit par la porte d’entrée.
Il avait trop mal aux chevilles pour prendre l’escalier. Lorsqu’il appela l’ascenseur, il entendit la femme téléphoner à la police et appeler à l’aide d’une voix hystérique. Les câbles de l’ascendeur crissèrent. La femme sortit de l’appartement et se remit à hurler en suppliant ses voisins de la sauver. Des portes s’ouvrirent aux étages supérieurs et inférieurs ; des visages se penchèrent dans la cage d’escalier.
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