L'énigme de l'exode

s’arrêta que pour jeter l’ordinateur et le téléphone portable de Knox dans les eaux bordées de roseaux du lac Mariout. Une fois qu’il les eut vus couler, il repartit satisfait.
    Claire sortit de son bureau pour venir l’accueillir. C’était une jeune femme malaisée, osseuse, toute en coudes et en genoux, qui pourtant savait se montrer d’une raideur inébranlable. Peterson se serait bien débarrassé d’elle, mais ses compétences médicales et sa connaissance parfaite de l’arabe lui étaient indispensables.
    — Alors, ces types, comment vont-ils ? demanda-t-elle, les bras croisés.
    — Quels types ? répondit Peterson.
    — Nathan est venu m’en parler hier soir. Il était dans tous ses états.
    — Tout va bien. Ils sont entre les mains du Seigneur.
    — Que dois-je comprendre ?
    — Nous sommes tous entre les mains du Seigneur, sœur Claire. Mais peut-être n’êtes-vous pas de cet avis.
    — Bien sûr que si, révérend, mais j’aimerais savoir...
    — Plus tard, sœur Claire. Plus tard. J’ai une affaire urgente à régler avec le frère Griffin. Savez-vous où il se trouve ?
    — Au cimetière. Cependant...
    — Veuillez m’excuser, dit Peterson en s’en allant.
    Griffin avait dû entendre la voiture du pasteur, car il était venu à sa rencontre.
    — Bon sang, que s’est-il passé hier soir ? s’écria-t-il.
    — Chaque chose en son temps, répondit Peterson. D’abord, avez-vous fait tout ce que je vous ai dit de faire ?
    — Vous voulez vérifier ?
    — Justement, oui.
    Après s’être rendus à la réserve, désormais vide, ils prirent la direction du puits et, bien qu’il se tînt juste à côté de l’emplacement, Peterson eut le plus grand mal à le retrouver.
    — Je suppose que ça ira, marmonna-t-il.
    Il craignait néanmoins que quelqu’un ne parle, notamment Griffin ou Claire. Il se tourna vers le bureau.
    — La police ou le CSA risquent de nous rendre visite, déclara-t-il. Je ne veux pas que Claire soit là à ce moment-là. Ramenez-la à l’hôtel et maintenez-la à l’écart.
    — Mais qu’est-ce que je vais lui dire ? s’indigna Griffin.
    — Dites-lui que vous avez quelque chose à demander au personnel de l’hôtel et que vous avez besoin d’une traductrice.
    — Mais tout le monde est bilingue à l’hôtel !
    — Alors trouvez autre chose ! cria Peterson.
    Il regarda Griffin s’éloigner d’un pas lourd et se dirigea vers le cimetière. Tôt ou tard, les autorités se manifesteraient. Il fallait que les étudiants sachent ce qu’ils devraient dire.

    V
    À côté de Nasser, qui conduisait le camion, Khaled Osman se sentait anormalement anxieux. Il n’aimait pas se rendre à la tombe avant la nuit, mais Faisal lui avait affirmé qu’il avait besoin d’un peu de lumière naturelle pour travailler. Tandis qu’ils remontaient la route de l’Oued Royal, il tentait de se persuader que tout irait bien. Les touristes n’arrivaient jamais aussi tard, et il était impossible de visiter Amarna en moins d’une demi-journée. Quant aux gens du coin, il leur avait clairement dit de ne pas remettre les pieds ici.
    Ils se garèrent derrière la génératrice. Abdallah alla se poster sur la route pour faire le guet. Pendant ce temps, Faisal, Nasser et Khaled retirèrent leurs uniformes et enfilèrent de vieux pantalons et des tee-shirts. Pour accomplir la tâche qui les attendait, ils allaient devoir se salir. Khaled aurait bien laissé Faisal et Nasser se débrouiller seuls, mais il craignait qu’ils ne fassent pas du bon travail s’il n’était pas là pour les surveiller. Et puis, il avait envie de jeter un dernier coup d’œil.
    Il replaça l’étui de son revolver autour de sa taille. Sans son Walther, il se sentait tout nu. Ce petit souvenir de son passage dans l’armée faisait sa joie et sa fierté. À son départ, il l’avait emporté en douce, de même qu’un AK-47 et une boîte de grenades qu’il avait prises pour pêcher. C’était du bon matériel, contrairement aux armes minables fabriquées en Égypte, dont ses hommes devaient se contenter. Ils franchirent le canal de drainage et se frayèrent un chemin à travers les éboulis de roche.
    — Putains de godasses ! murmura Faisal, qui devenait toujours nerveux lorsqu’ils s’approchaient de l’endroit où ils avaient trouvé la fille.
    Pour atteindre l’entrée de la tombe, il fallait la dépasser, puis gravir le dos de la falaise et revenir en arrière en longeant une petite