L'énigme de l'exode
nous !
— Alors qu’est-ce qu’on fait ?
— J’essaie de réfléchir ! s’écria Khaled. Alors fous-moi la paix !
Il s’assit et baissa la tête. Il ne voulait pas que ses hommes voient à quel point il était déconcerté. Peut-être pourrait-il rejeter la faute sur eux, faire passer le meurtre pour un chantage qui aurait mal tourné. Les trois étrangers et tous ses hommes seraient morts dans un échange de coups de feu. Non, ce n’était pas une solution. Même un enquêteur peu compétent verrait clair dans cette histoire. Alors peut-être pouvait-il conclure un accord avec les étrangers. Pour l’instant, ils étaient terrifiés et prêts à accepter n’importe quelles conditions. Mais qu’en serait-il lorsqu’il les relâcherait ?
— On devrait incriminer les terroristes, murmura Abdallah. Ils tuent toujours des étrangers.
— Excellente idée ! ironisa Khaled en profitant de l’occasion pour extérioriser sa colère.
Il embrassa d’un geste l’oued désert.
— Et ils sont où, tes terroristes ? reprit-il. Montre-les-moi et nous les accuserons à notre place !
— Ce n’était qu’une suggestion, capitaine, se défendit Abdallah.
— Il n’y pas de terroristes à Amarna ! vociféra Khaled. Ils sont tous à Assiout et...
Il s’interrompit. Une idée venait de lui traverser l’esprit. Abdallah avait tout à fait raison. En Égypte, il n’y avait que les terroristes pour oser s’en prendre aux étrangers. Les autorités tomberaient dans le panneau à tous les coups ! La moindre allusion au terrorisme poussait des individus intelligents à se conduire comme des idiots. Et puis l’équipe de tournage était attendue à Assiout. À la télévision, Khaled avait vu les émeutes, là-bas, les manifestations. Les musulmans étaient en colère contre l’Occident parce que cinq de leurs frères avaient été arrêtés pour le viol et le meurtre de deux jeunes filles coptes.
— Capitaine ? s’enquit Nasser, qui lisait sur le visage de son chef. Qu’y a-t-il ?
— Un instant ! dit Khaled.
Il réfléchit aux conséquences de son idée, aux ressources dont ils auraient besoin, aux étapes qu’ils devraient franchir. C’était fou, oui, mais la fin justifiait les moyens.
— S’il vous plaît, capitaine ! insista Nasser. Dites-nous à quoi vous pensez.
Khaled hocha la tête et inspira profondément.
— Bon, déclara-t-il, voici ce que nous allons faire.
II
Knox se laissa aller dans son fauteuil, dont le cuir craqua voluptueusement, et prit le temps d’assimiler toutes ces nouvelles informations. Peterson et son équipe avaient coupé six oreilles sur des momies pour vérifier dans une lumière ultraviolette si elles avaient un tatouage. De plus, la Société d’archéologie biblique du Texas avait effectué des fouilles à Céphalonie. Par conséquent, elle suivait certainement les traces des Carpocratiens. La seule question qui restait en suspens était la suivante : pourquoi ?
Kostas, lui aussi, semblait songeur.
— Tes archéologues de Borg, ils sont très pieux, n’est-ce pas ? demanda-t-il.
— Oui, répondit Knox.
— Alors il existe une possibilité. Les Carpocratiens auraient été...
La sonnette retentit. Kostas soupira et se leva lentement de son fauteuil.
— Excuse-moi, dit-il.
— Je vous en prie...
Knox s’approcha de la table, sur laquelle l’encyclopédie était encore ouverte, et parcourut l’article sur les Carpocratiens. Il n’apprit rien de particulier. Alors il alla jeter un coup d’œil dans les étagères. Il repéra une petite biographie de Philon et en feuilleta les pages jaunies. La reliure en cuir s’effrita et lui laissa sur les doigts des taches semblables à du sang séché.
La porte de la bibliothèque se rouvrit. Knox se retourna et vit le visage pâle et bouleversé de Kostas.
— Quelque chose ne va pas ? demanda-t-il.
Puis il aperçut deux policiers derrière Kostas. Il resta figé sur place. Il s’était cru en sécurité, ici, et pourtant ils l’avaient retrouvé. L’espace d’un instant, il eut l’idée insensée de s’enfuir, mais il n’avait nulle part où aller. Puis il discerna l’esquisse d’un sourire sur les lèvres du plus petit des deux policiers qui, visiblement, n’attendait que ça pour lui tomber dessus à bras raccourcis. Alors, il s’efforça de se détendre. Il s’avança tranquillement vers eux, dans l’espoir d’avoir le fin mot de cette histoire et de comprendre comment il avait été
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