L'énigme de l'exode
éclairèrent l’entrée. Khaled fit descendre les étrangers dans la chambre funéraire. Puis Faisal brancha et testa la caméra. Le voyant lumineux s’alluma. Enfin, la chance tournait en leur faveur. Abdallah ne tarda pas à revenir, suivi de Nasser, qui avait les bras chargés de draps poussiéreux. Au fond de la chambre, sur la droite, une niche avait été grossièrement taillée en haut du mur. Ils y fixèrent un drap, avec lequel ils dissimulèrent les peintures murales, et en étendirent un autre sur le sol.
Satisfait, Khaled fouilla dans ses poches pour trouver de quoi écrire et s’installa par terre pour rédiger son message.
II
Les policiers enfermèrent Knox dans une petite cellule froide et humide, avec deux autres détenus. Le premier, un jeune homme grand et mince à la barbe broussailleuse, vêtu d’un galabaya marron clair, faisait sans cesse tourner des billes entre ses doigts en marmonnant inintelligiblement. Le second, un quadragénaire en costume blanc froissé, le teint cireux, restait allongé. À intervalles réguliers, il se levait en se frottant les mains et les joues comme un toxicomane en manque.
Les murs de pierre étaient couverts de graffitis. Pour faire passer le temps, Knox essayait de les déchiffrer. Mais il ne cessait pas de se creuser les méninges. Augustin était le seul à savoir qu’il se trouvait chez Kostas. Et ces photos, dans son armoire, le rendaient encore plus suspect. Cependant, il avait toujours été très fidèle en amitié. Il ne pouvait pas l’avoir trahi. Il y avait forcément une autre explication.
Une heure s’était écoulée quand un policier vint ouvrir la porte de la cellule, et fit signe à Knox de sortir. Ils traversèrent une salle remplie d’agents en repos qui regardaient un match de foot sur un vieil écran de télévision fixé en haut du mur, puis enfilèrent un couloir étroit. Ils arrivèrent enfin à une salle d’interrogatoire et Knox prit place devant un bureau en pin. Une minute plus tard, un policier corpulent apparut sur le pas de la porte. D’une main, il tenait un bloc-notes, et de l’autre, une brique de jus de fruit.
— Qu’est-ce qui se passe ? lui demanda Knox.
Le policier s’assit comme s’il ne l’avait pas entendu, nota le nom de Knox et regarda sa montre avant de noter l’heure. Il avait une écriture étonnamment élégante.
— Je m’appelle Farouq, annonça-t-il.
Knox eut un petit rire, car Farouq signifiait « Celui qui sait distinguer la vérité du mensonge ».
L’inspecteur leva brusquement les yeux.
— J’en déduis que vous parlez arabe, dit-il.
— Je me débrouille, avoua Knox.
Soudain, il comprit comment on avait retrouvé sa trace.
— Et vous, vous parlez français, je suppose ?
— Je me débrouille, répondit Farouq avec un sourire malicieux. Vous vivez en Égypte depuis longtemps ?
— Dix ans.
— Puis-je voir vos papiers ?
— Je ne les ai pas sur moi.
— Si vous vivez ici depuis dix ans, vous devez savoir qu’il ne faut jamais sortir sans ses papiers.
— Je peux aller les chercher, si vous voulez.
Farouq tapota sur son bloc avec son stylo en cherchant le meilleur moyen de mener son interrogatoire.
— Hier soir, vous avez eu un grave accident de voiture. Vous étiez inconscient. On vous a emmené à l’hôpital, ce qui me semble être un endroit approprié pour un accidenté. Et pourtant, ce matin, vous vous êtes enfui. Pourquoi ?
— Je n’ai pas d’assurance. L’hôpital coûte une fortune.
— Un homme est mort hier soir, monsieur Knox. Vous trouvez ça drôle ?
— Non.
— Alors je vous repose la question : pourquoi vous êtes-vous enfui ?
Knox hésita. La vérité serait difficile à croire, mais il pouvait toujours essayer.
— Un homme est entré dans ma chambre, dit-il. Il a essayé de me tuer.
— Alors qu’un de mes hommes était posté devant votre porte ?
— Il a tenté de m’étouffer avec un oreiller.
— Et vous croyez que je vais avaler ça ? Vous me prenez pour un imbécile ?
— Pour quelle autre raison me serais-je enfui ?
Farouq tapota de nouveau sur son bloc avec son stylo.
— Décrivez-moi cet homme.
— Il faisait nuit. J’avais eu une commotion cérébrale.
— Pourquoi n’avez-vous pas appelé à l’aide ?
— J’ai essayé, répondit Knox. Je n’avais pas de voix. Mais j’ai fait tomber mon goutte-à-goutte. C’est tout ce que j’ai pu faire. Votre homme est entré aussitôt. Et il est allé chercher de
Weitere Kostenlose Bücher