L'énigme de l'exode
signe de pardon, ou tout du moins, de compréhension. Mais Gaëlle se souvint que c’était avec lui qu’elle avait partagé sa barre de chocolat. Elle lui lança un regard si méprisant qu’il baissa les yeux, rempli de honte.
Il écarta le rideau et la fit entrer dans l’entaille noire de la falaise, qui ressemblait à un tronc d’arbre fendu par la foudre. Sa torche éclaira une vaste chambre, basse de plafond, et deux rangées de robustes piliers taillés dans le roc, entre lesquels des gravats avaient été entassés. Stafford et Lily entrèrent à leur tour et Khaled conduisit ses otages jusqu’à un puits, au bout d’une galerie. Une échelle de corde était fixée à un piton en fer enfoncé dans le sol.
— Descendez, ordonna Khaled.
— Qu’allez-vous faire de nous ? demanda Gaëlle.
— Descendez !
Gaëlle laissa pendre ses jambes dans le vide et se retourna pour attraper la corde. En cherchant du pied le premier barreau de l’échelle, elle s’écorcha les coudes sur la pierre rugueuse. Faisal orienta sa torche vers elle, afin qu’elle puisse voir la paroi de calcaire et le sol couvert de décombres et de détritus. Dans la lumière vacillante, elle repéra une bougie fixée à une pierre avec sa propre cire et une pochette d’allumettes à moitié pleine. Elle s’en empara. Stafford la rejoignit, et ce fut le tour de Lily. L’échelle remonta le long du puits comme un serpent en fuite, et ils se retrouvèrent piégés. Ils entendirent un murmure au-dessus d’eux, des bruits de pas de plus en plus faibles, puis plus rien.
— Hé ! cria Stafford. Il y a quelqu’un ?
Seul l’écho lui parvint.
— Vous croyez qu’ils sont partis ? demanda-t-il.
Gaëlle frotta une allumette, alluma la bougie et éclaira les parois du puits. Elles étaient hautes et abruptes. Même s’ils avaient eu des outils pour creuser des prises, ils n’auraient pas pu les escalader.
— Que vont-ils faire de nous ? s’inquiéta Lily. Ont-ils dit ce qu’ils allaient faire ?
— Non, répondit Gaëlle.
— Ils ont bien dû dire quelque chose.
— Je crois qu’ils ne le savent pas eux-mêmes. J’ai l’impression qu’ils improvisent au fur et à mesure.
— Je ne comprends pas...
Gaëlle respira profondément et la flamme de la bougie vacilla. L’atmosphère lui rappelait celle d’une veillée, comme si quelqu’un venait de mourir.
— C’est une histoire qui a mal tourné, expliqua-t-elle. Ils ont trouvé cet endroit par accident. Ils auraient dû en informer les autorités, mais ils ont préféré se livrer au pillage. C’est un délit grave. S’ils se font arrêter, ils feront des années de prison.
— Alors pourquoi prendre ce risque ? s’étonna Lily.
— Parce qu’ils sont pauvres. Les conscrits doivent gagner l’équivalent de trois cents dollars par an. Comment voulez-vous qu’ils vivent avec ça ? Qu’ils se marient et fondent une famille. Si vous étiez à leur place, que feriez-vous si vous tombiez sur un artefact valant des milliers de dollars ?
— Vous semblez leur chercher des excuses, s’indigna Stafford.
— Ils vont nous relâcher, n’est-ce pas ? demanda Lily.
Gaëlle garda un silence éloquent.
— La police va venir nous délivrer, finit-elle par déclarer.
— Mais elle va nous chercher à Assiout ! s’écria Lily.
— Elle va nous chercher partout, la rassura Gaëlle. En Égypte, ce ne sont pas les effectifs de police qui manquent. Nous devons garder notre sang-froid.
La bougie se mit à couler. Elle avait déjà bien fondu. Ils ne pouvaient pas se permettre de la gaspiller. Gaëlle souffla sur la flamme, les replongeant dans l’obscurité.
II
— M’inculper de meurtre ? protesta Knox. Comment ça, de meurtre ?
— Oui, de meurtre, répéta Farouq. Je pense que vous avez volontairement tué Omar Tawfiq et essayé de faire passer votre crime pour un accident.
— Vous êtes fou !
— Depuis combien de temps avez-vous votre jeep, monsieur Knox ?
— Quoi ?
— Répondez à ma question, s’il vous plaît.
— Je ne sais pas, dix ans...
— Y avait-il une ceinture de sécurité côté passager ?
— Oh ! bon sang, murmura Knox.
La tête dans les mains, il leva les yeux vers Farouq.
— C’est comme ça qu’il est mort ? demanda-t-il.
— En revanche, il y avait une ceinture de sécurité côté conducteur, affirma Farouq sans répondre à sa question. Et vous le saviez, d’autant que vous la portiez lorsque vous avez été trouvé. Si
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