L'énigme de l'exode

?
    — Je pense même que cette fille n’a pas été assassinée. Je crois qu’il s’agit d’un accident, qu’elle a simplement eu le malheur de se mettre en quête d’artefacts anciens lors d’une tempête. Elle a peut-être été assommée par quelque chose. Et elle s’est noyée. Ou peut-être a-t-elle escaladé une falaise et fait une chute mortelle.
    — Et puis elle s’est relevée, elle avait marché jusqu’au désert et elle s’est enterrée sous le sable dans une bâche.
    — Non, admit Naguib.
    — Alors ?
    — Je ne sais pas encore. Il s’est effectivement passé quelque chose de louche, mais cela n’a pas forcément de rapport avec Assiout. Et cela ne signifie pas qu’il s’agisse d’un meurtre.
    — J’ai besoin d’en être sûre. Tu vas découvrir la vérité, n’est-ce pas ?
    — Gamal a raison, chérie. Nous avons des affaires plus urgentes à résoudre.
    — Ce n’était qu’une fillette. Je me réjouis qu’elle n’ait pas été assassinée et que Housniya soit hors de danger. Vraiment. Mais ce n’était qu’une gamine et elle vivait dans ta juridiction. Sous ta responsabilité. Tu dois découvrir ce qui s’est passé. Pour elle.
    Naguib soupira.
    — J’irai voir les ghaffirs demain matin, promit-il. Peut-être en sauront-ils davantage.

    V
    — Vous avez appelé votre homme ? demanda Knox lorsque Farouq revint au bureau. Il vous a dit que le goutte-à-goutte était effectivement tombé, n’est-ce pas ?
    — Admettons qu’il soit tombé, dit Farouq. Cela ne prouve rien. Il a pu tomber par accident.
    — C’est ça, oui !
    — Bon, alors vous l’avez fait tomber à cause d’un mystérieux visiteur, un homme que personne d’autre n’a vu, qui veut vous tuer, mais que vous ne connaissez pas et ne pouvez pas identifier.
    Knox réfléchit un instant.
    — Il pourrait s’agir d’un certain Peterson, dit-il.
    — Le révérend Ernest Peterson ? s’étonna Farouq. L’homme qui vous a sauvé la vie ?
    — Je vous demande pardon ?
    — Vous avez très bien compris. C’est lui qui vous a trouvé lors de votre accident. Il a risqué sa vie pour vous sortir de votre jeep avant que la fumée ne vous asphyxie. Puis il vous a conduit à l’hôpital. Et ce serait lui qui aurait essayé de vous tuer ?
    — Je ne savais pas, se défendit Knox en secouant la tête, déconcerté par ce retournement de situation.
    — Vous avez pris un taxi lorsque vous avez quitté l’hôpital. Où êtes-vous allé ?
    — Nulle part.
    — Nulle part ?
    — Est-ce que je peux avoir un verre d’eau ?
    — Quand vous m’aurez dit où vous êtes allé.
    — Aux cimetières latins.
    — Vous êtes allé directement là-bas ?
    — Et mon verre d’eau ?
    Farouq se leva, ouvrit la porte et cria à un de ses hommes d’apporter un verre d’eau.
    — Vous y êtes allés directement depuis l’hôpital ? demanda-t-il en se rasseyant.
    — Oui, répondit Knox.
    — C’est étrange, parce que mes collègues ont reçu un appel d’une femme, qui a déclaré qu’un inconnu était entré dans son appartement.
    — Et alors ?
    — Cet inconnu l’a agressée et elle a craint pour sa vie. Le plus drôle, c’est qu’il correspond trait pour trait à votre signalement. Et savez-vous qui habite juste au-dessus de l’appartement de cette femme ? Votre ami Augustin Pascal. L’homme à qui vous avez téléphoné tout à l’heure.
    — C’est pour ça que vous m’avez fait venir ? Pour parler de Pascal ? Farouq sortit une cigarette d’un paquet souple, serra le filtre entre ses dents et l’arracha d’un seul coup.
    — Vous en voulez une, proposa-t-il.
    — Non, merci.
    Farouq alluma sa cigarette et souffla la fumée par le nez.
    — Vous avez raison, admit-il. Je ne vous ai pas fait venir pour parler de monsieur Pascal. Je vous ai fait venir pour vous inculper du meurtre d’Omar Tawfiq.

Chapitre 30

    I
    La nuit était tombée pendant qu’ils étaient dans la tombe royale. Après s’être frayé un chemin entre les rochers de l’oued, ils commencèrent à gravir la falaise. Les draps sur l’épaule, Faisal ouvrait la marche de sa silhouette spectrale. Il s’engagea d’un pas sûr sur la corniche, alors que Gaëlle, dans l’obscurité, voyait à peine où poser les pieds. Il se retourna et lui éclaira le chemin avec la lampe torche. Elle avança lentement, les chevilles tremblantes. Lorsqu’elle arriva au bout de la corniche, Faisal lui sourit. Il avait espéré recevoir un sourire en retour, en