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L'énigme des blancs manteaux

Titel: L'énigme des blancs manteaux Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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pouvait-il que la passion l'ait conduit jusqu'au crime ? Louise Lardin était-elle sa complice ? Ou Descart ? Tout était possible, et le pire, car tout était lié inextricablement. L'incertitude lui faisait battre le cœur.

    Pour se calmer, il se mit à écrire un rapport circonstancié à M. de Sartine, pour le cas où il ne pourrait l'approcher le lendemain. De fait, cet exercice lui permit de remettre ses idées en ordre. Certaines choses n'affleuraient pas encore dans sa conscience. Il cherchait à retrouver le fil du dialogue avec Bricart, ce qui l'avait frappé au passage, ce qui manquait au récit et les impressions fugitives qui l'avaient traversé. Il somnolait, la plume à la main quand Bourdeauapparut avec la mine particulière qui était la sienne quand il était porteur de nouvelles.
    — Bourdeau, vous allez m'apprendre quelque chose...
    — Oui, monsieur. Nous avons, au cours de notre fouille...
    — Retrouvé une charrette et deux tonneaux ensanglantés.
    Bourdeau sourit.
    — Compliments, monsieur. Bricart a parlé.
    — Oh ! ne vous réjouissez pas trop vite. Ce qu'il m'a dit ne simplifie rien et rend notre tâche plus ardue. Pas d'autres découvertes ?
    — L'endroit est plein d'objets, volés sans doute. J'ai fouillé Rapace. A part des brimborions, je n'ai trouvé qu'une montre cassée en laiton.
    Bourdeau lui tendit un grand mouchoir qui, dénoué, laissa apparaître quelques sols, une petite tabatière en bois noir, une main de ficelle et la montre en question. Nicolas s'engagea aussitôt dans le récit de l'interrogatoire de Bricart. Trois heures sonnèrent bientôt et ils décidèrent d'aller prendre un peu de repos. Nicolas se fit reconduire en fiacre jusqu'à la rue Montmartre.

    Lundi 12 février 1761
    Sa nuit avait été brève. Dès six heures, il était debout. Après une rapide toilette, il descendit à l'office où Marion, effarée, l'aida à refaire ses pansements. Il prit le temps de boire un chocolat avec un pain fraîchement sorti du four. La vieille gouvernante lui conta que M. de Noblecourt avait subi la veille,selon ses prévisions, un fort accès de goutte. Il avait été contraint de rester dans son fauteuil, le pied enveloppé de ouate. Ce n'est que sur le matin qu'il avait pu s'allonger et prendre un peu de repos. Selon Marion, ce n'était pas tant sa gloutonnerie qui était en cause que le vin blanc, que ce bavard assoiffé avait bu en quantité. Elle avait, par expérience, remarqué son effet néfaste sur la santé de son maître.

    Nicolas gagna à pied la rue Neuve-Saint-Augustin. Il éprouvait une joie d'enfant à imprimer la marque de ses pas dans la neige de la nuit, encore intacte et propre. Arrivé à l'hôtel de Gramont, il demanda à un valet si le lieutenant général de police était visible, et il fut introduit presque aussitôt. M. de Sartine, en robe d'intérieur, fixait une grande armoire ouverte emplie de dizaines de perruques. Nicolas savait que c'était sa joie, chaque matin, d'admirer et de manier sa collection.
    — Pour me déranger si matin, je ne doute pas, Nicolas, que vous m'apportiez ce que j'attends ? Ne vous effrayez pas, je plaisante. Si c'était le cas, je le saurais déjà.
    — Non, Monseigneur, mais j'ai avancé. Je suis plusieurs pistes.
    — Plusieurs ? Cela signifie que vous n'en tenez aucune d'assurée ?
    — Il serait plus exact de dire que nous sommes en présence de plusieurs intrigues qui se recoupent.
    Il le mit succinctement au courant des dernières données de l'enquête. Le lieutenant général l'écoutait, le dos tourné, occupé à coiffer d'une petite brosse d'argent l'un de ses trésors.
    — Vous me la baillez belle, monsieur, dit soudain Sartine. Tout est clair. Semacgus est entre vosmains, et suspect, de surcroît, dans les deux affaires. Les présomptions s'accumulent, pour ne pas dire les preuves...
    Il se retourna d'un seul mouvement et compléta sa pensée.
    — Si tout est lié et si Lardin est mort, on devrait facilement retrouver ce que vous savez.
    — Je crois, monsieur, que rien n'est simple dans cette enquête et je doute que Bricart m'ait dit toute la vérité.
    — Agitez la question et, au besoin, faites-la lui donner.
    — C'est un vieux soldat...
    — C'est surtout un gibier de potence. Or donc, pas de sensibilité ni pour lui ni pour Semacgus pour lequel je connais votre amitié. N'oubliez pas que le roi et l'État sont en cause. Laissez la sensiblerie à nos amis les philosophes qui dénoncent chez

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