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L'énigme des blancs manteaux

Titel: L'énigme des blancs manteaux Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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Messieurs, cela suffit, jeta-t-il, vous débattrez un autre jour. Monsieur Descart, si je suis ici, c'est au nom de M. de Sartine, lieutenant général de police, de qui je tiens tout pouvoir pour enquêter sur la disparition du commissaire Guillaume Lardin. Nous savons que vous fûtes parmi les derniers à l'avoir rencontré.
    Descart fit quelques pas et tisonna le feu qui repartit en crépitant avec un vif éclat.
    — Tout arrive dans ce monde d'iniquités, soupira-t-il. Ce petit jeune homme...
    — J'attends votre réponse, monsieur.
    — J'ai, en effet, dîné chez les Lardin, il y a dix jours.
    Semacgus fit un mouvement, Nicolas le retint, une main sur son bras. Il sentit le bouillonnement intérieur qui l'agitait.
    — Vous ne l'avez pas revu depuis ?
    — Je vous ai répondu. « Vous êtes mes témoins, oracle de Dieu. »
    — Avez-vous rencontré Lardin depuis ?
    — Pas le moins du monde. Quelle est cette inquisition ?
    Semacgus ne put s'empêcher de prendre la parole, mais sa question ne fut pas celle que Nicolas redoutait.
    — Descart, qu'avez-vous fait de Saint-Louis ?
    — Rien du tout, Votre nègre ne m'intéresse pas. Il souille la terre du Seigneur.
    — On m'a dit..., intervint Nicolas.
    Et il fut à nouveau surpris par la réponse de Descart.
    — Que j'ai tiré dessus, à la Saint-Jean ? Ce diable volait des cerises dans mon jardin. Il n'a eu que ce qu'il méritait, une volée de gros sel.
    — J'ai mis deux heures à les lui retirer, vos grains de sel, s'emporta Semacgus. Mon domestique ne vous avait pas volé, il passait devant chez vous. Maintenant, il a disparu. Qu'en avez-vous fait ?
    Nicolas observait avec intérêt la tournure que prenait la confrontation. Deux morceaux de silex frappés l'un contre l'autre produisent une étincelle. Laissons les hommes débattre, se disait-il, la vérité en jaillira peut-être.
    — Expliquez donc plutôt à ce petit jeune homme ce que vous faites avec la femelle de cet esclave ! ricana Descart. « Leur visage est plus sombre que la suie. » Tout le monde sait dans quelle fange vous vous roulez avec elle. La bête jalouse vous a menacé et vous l'avez tuée, voilà tout !
    Semacgus se leva. Nicolas, lui pressa fortement le bras ; il se rassit.
    — La calomnie fait bon ménage chez vous avec la dévotion, à ce qu'il paraît, monsieur le Décalogue. Sachez que je ne vous laisserai pas un instant tranquille, que je n'aie retrouvé mon serviteur, dont je vous apprends qu'il n'est pas esclave, mais un être humain comme moi, comme M. Le Floch et, peut-être même comme vous, monsieur le saigneur.
    Descart serrait convulsivement la lancette qu'il avait toujours à la main. Les trois hommes se turent jusqu'au moment où Nicolas, d'une voix froide et avec une autorité qui les surprit, abaissa le rideau sur la scène.
    — Docteur Descart, je vous ai entendu. Sachez que vos propos seront vérifiés et que vous aurez à comparaître devant un magistrat qui vous interrogerasur la disparition du commissaire Lardin, mais aussi sur celle de Saint-Louis. Monsieur, je suis votre serviteur.
    Et entraînant rapidement Semacgus, il entendit Descart proférer une dernière citation :
    — « J'ai été en opprobre à mes voisins et en horreur à ceux de ma connaissance. »

    L'air froid leur fit du bien. Le visage de Semacgus, déjà naturellement coloré, était rouge brique et une veine violacée battait fortement à sa tempe.
    — Nicolas, je n'ai pas tué Saint-Louis. Vous me croyez, n'est-ce pas ?
    — Je vous crois. Mais je voudrais vous croire aussi pour Lardin. Vous figurez parmi les suspects, vous en conviendrez.
    — C'est vous, maintenant, qui parlez comme si Lardin était mort.
    — Je n'ai pas voulu dire cela.
    — Mais pourquoi m'avoir empêché de lui parler de la soirée chez la Paulet ?
    — Vous me l'avez dit vous-même : rien n'indique qu'il y ait été reconnu. Ce serait votre parole contre la sienne. J'attends d'autres témoignages qui corroboreront votre déclaration. Mais pourquoi vous hait-il autant, au-delà de vos controverses médicales ?
    — Ne les sous-estimez pas, Nicolas. Elles participent de la vieille rivalité entre médecins et chirurgiens. Je soigne quelques pauvres gens ; il estime que j'empiète sur son territoire et détourne sa pratique...
    — Mais vous avez été amis ?
    — Des connaissances, tout au plus. À cause de Lardin.
    — Répondez-moi, y a-t-il eu quelque chose entre Louise Lardin et vous ?
    Semacgus leva la tête

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