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L'énigme des blancs manteaux

Titel: L'énigme des blancs manteaux Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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ouverte sur des dents éclatantes de blancheur. Ce visage frappa Nicolas, qui ne parvint pas à saisir la pensée furtive que sa vue suscitait en lui.
    — Il suffit, dit-il. Jeune fille, apportez-moi de quoi écrire.
    Ce fut le singe qui quitta la pièce le premier. Il jaillit de la jupe et, ventre à terre, fila dans le vestibule. La négrillonne obéit et sortit à son tour.
    — Madame, reconnaissez-vous ce papier?
    — Je n'ai été qu'un instrument, mon bon jeune homme, répondit la Paulet, qui reprenait ses esprits. Lardin m'a demandé un service. Il s'agissait d'inviter Descart, sous le prétexte de rencontrer une nouvelle fille. Le billet était accompagné de l'envoi d'une lévite noire et d'un loup à chute de satin. J'ai obéi. C'est tout, foi de Paulet. Je vous conjure de me croire. Je suis, dans mon genre, une honnête femme. Je donne aux pauvres et fais mes Pâques.
    — Je ne vous en demande pas tant. Vous êtes désormais sous ma protection. Protection gracieuse, voyez comme vous gagnez au change.
    La servante lui tendit un plateau avec du papier, une plume et un encrier. Il écrivit quelques mots et tendit la feuille à la Paulet.
    — Si vous avez besoin de moi, ou s'il advient quelque chose que vous jugez utile de me faire connaître, envoyez-moi ce message sans signature.
    Elle lut le papier où étaient inscrits ces mots: « Le saumon est sur la berge. »
    — Que signifie...
    — Peu vous importe, cela signifie beaucoup pour moi. Une dernière chose. Écrivez: Je reconnais être l'auteur du billet adressé à M. Descart, l'invitant au Dauphin couronné, le vendredi 2 février 1761. »
    Elle s'évertuait, en tirant la langue, à former des mots d'une écriture enfantine.
    — « Et cela à la demande expresse du commissaire Lardin ». Signez... Je vous remercie, madame, notre entretien fut des plus fructueux.

    Nicolas quitta les lieux très satisfait de lui-même et avec le sentiment du devoir accompli. Son enquête avait considérablement progressé, d'autant plus que l'affaire des jeux et celle de la disparition de Lardin paraissaient désormais s'articuler entre elles. Il disposait à présent d'un témoin précieux. Les manigances de Camusot s'éclairaient d'un jour nouveau, dévoilant la collusion entre les deux magistrats de police. Il s'avérait que Lardin était bien tombé dans un piège lié à l'enquête qu'il menait dans les milieux du jeu et qu'un chantage s'exerçait sur lui. Son image ressortait bien abîmée de ces découvertes successives.
    Quant à sa femme, les impressions de Nicolas se confirmaient et il comprenait mieux la raison du malaise où le plongeait chacune de leurs rencontres. Si son mari avait vraiment été assassiné, plusieurs hypothèses apparaissaient plausibles. Soit qu'il ait été dans l'impossibilité de faire face à ses dettes et que les menaces de ses créanciers aient été mises à exécution, soit encore que Descart, démasqué dans ses turpitudes, se soit vengé en le tuant. Quels étaient, dans ce cas, le rôle et la responsabilité de Louise Lardin ?
    L'avantage de tout cela c'était que Semacgus paraissait hors de cause, n'ayant été ni de près ni deloin compromis dans ces affaires, à l'exception de sa passade avec Mme Lardin. Enfin, Nicolas comprenait maintenant les réticences et la discrétion de M. de Sartine, incertain de la loyauté de Lardin et soucieux de ne pas donner l'alarme au commissaire Camusot.
    Guilleret, Nicolas courait presque, sautant les monticules de neige et glissant joyeusement sur les plaques de glace. Il était impatient, pour le coup, de faire un compte rendu complet à M. de Sartine dont il imaginait déjà la surprise et la satisfaction. Pour rejoindre au plus vite le Châtelet, où le lieutenant général tenait son audience du mercredi, il décida de prendre un fiacre. Comme il observait la rue afin de trouver quelque voiture disponible, il entendit derrière lui, assourdi par la neige, le bruit d'un véhicule qui menait grand train. Il remarqua, en un éclair, le cocher au visage emmitouflé. Il lui fit signe d'arrêter mais, à vingt pas, le conducteur fouetta son cheval qui partit au galop. La voiture fonçait maintenant sur lui. Son dernier geste conscient fut de tenter de s'écarter, mais l'espace entre lui et les maisons était trop restreint; il fut brutalement heurté à l'épaule, projeté en l'air et retomba sur le pavé glacé où sa tête rebondit. Un grand éclair jaillit devant ses yeux, puis il

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