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L'énigme des blancs manteaux

Titel: L'énigme des blancs manteaux Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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d'autres moyens.
    — Soit, monsieur l'apprenti commissaire. Je cède à la force, de peur des brodequins... Mais faites vite, je suis attendue.
    — Vendredi dernier, dans la soirée, vous êtes sortie. Où êtes-vous allée et à quelle heure êtes-vous rentrée ?
    — Qu'ai-je à me rappeler telle ou telle journée ! Je ne suis pas greffier de mon temps.
    — Je vous signale, madame, afin de rafraîchir votre mémoire, que votre mari a disparu justement ce soir-là.
    — Il me semble que je suis allée aux Vêpres.
    — Aux Blancs-Manteaux ?
    — Peut-on aller aux Vêpres ailleurs que dans une église ?
    — Dans celle-ci ou dans une autre ?
    — Ah ! je comprends que la soudarde a parlé... Je suis allée au Petit-Saint-Antoine.
    — En cape noire et masquée ?
    — Et quand cela serait ? Une femme de qualité ne saurait s'aventurer à la tombée de la nuit en temps de carnaval sans risquer des outrages que seule une tenue de circonstance lui permet d'éviter.
    — Et cette cape protégeait de la neige ?
    Elle le regarda fixement et s'humecta les lèvres.
    — Il ne neigeait pas. Elle me préservait du vent.
    Nicolas se tut. Un long silence s'installa jusqu'à ce que Louise Lardin demandât d'une voix rauque :
    — Pourquoi me détestez-vous, Nicolas ?
    Elle s'approcha de lui. Son odeur le saisit, qui mêlait les senteurs de la poudre des cheveux, des fards, un trouble parfum d'iris et un autre plus sauvage qui l'emportait.
    — Madame, je ne fais que mon devoir et j'auraisaimé qu'il me conduisît dans une autre maison que celle où j'ai été si longtemps accueilli.
    — Il ne tient qu'à vous que le passé ressuscite. Mon mari n'est plus, qu'y puis-je ? Que dois-je faire pour vous convaincre que j'ignore tout des causes de sa mort ?
    Nicolas ne voulait pas se laisser détourner de son but. Il tenta autre chose.
    — On dit que le nouveau motet de Dauvergne 40 , chanté ce soir-là au Petit-Saint-Antoine, était fort beau.
    Elle évita le piège.
    — Je n'ai aucun goût pour la musique et n'y entends rien.
    — Qu'avez-vous fait, hier ? Êtes-vous restée ici ?
    — J'étais avec un de mes amants, monsieur, car j'ai des amants, comme vous le savez. Que peut-on attendre d'autre d'une fille perdue et achetée ?
    Une particule de poudre se détacha du visage et tomba sur le corsage. Son accent de sincérité la rendait pitoyable.
    — Vous êtes satisfait ?
    — Je vous sais gré de votre franchise, répondit Nicolas en rougissant un peu. Vous plairait-il de me donner le nom de cet homme ?
    — Pour vous montrer ma bonne foi, je vous dirai qu'il s'agit de M. Mauval, un homme qui sait aimer et qui, vous ne l'ignorez pas, sait aussi corriger les faquins.
    Nicolas ignora l'insulte, mais nota la menace. Le monde lui parut soudain bien petit.
    — À quelle heure vous a-t-il rejointe ?
    — À midi et il m'a quittée ce matin très tôt. J'ai honte pour vous, monsieur, de cette inquisition.
    — J'oubliais, madame, de vous présenter mes condoléances pour le décès de votre parent.
    Il avait risqué ce coup sinueux, espérant désarçonner l'adversaire et trouver la faille. Ce fut peine perdue. Louise Lardin ne paraissait pas connaître la mort de son cousin Descart.
    — Un mari imposé n'est pas un parent, répondit-elle. Au reste votre sollicitude soudaine me touche peu. Sur ce, monsieur, je dois vous quitter, car j'entends la voiture qui arrive pour me prendre. J'espère que demain matin vous aurez quitté ma maison.
    — Encore un mot, madame, où se trouve Mlle Marie ?
    — Chez sa marraine, à Orléans. Elle souhaite se retirer du monde et entrer en noviciat chez les Ursulines.
    — Voilà une vocation bien soudaine.
    — Les voies du Seigneur ont de ces raccourcis.
    — Où était Marie, le soir de la disparition du commissaire ?
    — En ville, chez une amie.
    — Madame, qui a tué votre mari ?
    Elle eut un demi-sourire, s'enveloppa dans un mantelet à col de fourrure et virevolta.
    — Les rues sont dangereuses en période de carnaval. Il aura rencontré quelque masque assassin.
    Et elle sortit en claquant la porte derrière elle, sans un regard pour Nicolas.
    Nicolas demeurait figé sur place. Ce duel l'avait laissé sans forces et avait encore accru sa fatigue. Ou bien Louise Lardin était innocente et ses propos étaient seulement frappés au coin du cynisme et de l'amoralité, ou bien c'était une comédienne hors pair. Il se dit aussi que cet excès de provocation, cette fermeté dans l'étalage de sa

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