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L'énigme des blancs manteaux

Titel: L'énigme des blancs manteaux Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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l'église. Dans le doute, il fit mine de n'avoir rien remarqué. Il s'agissait soit d'un mendiant soit d'une mouche de Bourdeau. Décidément, l'inspecteur pensait à tout et, sous son air placide, dissimulait des trésors d'expérience et de pratique policière. En tout cas, il ne pouvait être question de filature ou alors l'ennemi lisait dans ses pensées et avait prévu son retour.

    Remettant à plus tard la résolution de cette énigme, il introduisit sa clef dans la serrure et s'aperçut que celle-ci avait été changée et qu'il ne pouvait entrer. Il se décida à soulever le heurtoir, opération qu'il dut répéter plusieurs fois.
    La porte s'ouvrit enfin et Louise Lardin apparut, un flambeau à la main, l'air revêche. Elle portait une robe de bal à dos flottant, de couleur blanc cassé à rebrodures d'argent. Le corsage, ajusté et fortement échancré, laissait entrevoir une gorge poudrée. Les pans de la robe étaient ouverts en rond et prolongés par-derrière en une queue très étoffée relevée sur le panier. Tout le jupon était ainsi mis à découvert etlaissait voir deux ou trois nuages d'immenses falbalas. Le visage, poudré et maquillé à l'excès, était parsemé de mouches, les pommettes marquées de rouge vif, les lèvres passées au vermillon. Deux grandes tresses de cheveux « en dragonne » tombaient derrière la nuque, sur les épaules.
    — C'est vous, Nicolas ? fit-elle d'une voix aiguë. Je vous croyais disparu vous aussi. À considérer votre tenue et votre allure, vous êtes simplement tombé dans la crapule. Quoi qu'il en soit, j'avais décidé de vous demander de quitter cette maison. Prenez vos hardes sur-le-champ, je ne suis pas d'humeur à héberger un vagabond.
    — C'est, madame, la tenue de mon état quand la conjoncture me l'impose, répondit Nicolas. Votre jugement est bien hâtif. Quant à votre désir de me voir décamper, il ne fait que précéder l'expression d'une décision que j'avais déjà prise. Je vois bien que je ne suis pas le bienvenu.
    — Il n'a tenu qu'à vous d'y être désiré, Nicolas.
    L'ambiguïté du propos fit rougir le jeune homme.
    — Brisons-là, madame. Je partirai demain matin, car par le temps qu'il fait et à l'heure qu'il est il me serait difficile de trouver un abri pour la nuit. Mais, auparavant, je dois vous entretenir de choses graves.
    Elle ne bougeait pas, toujours campée au centre du couloir.
    — Remarque pour remarque, ajouta-t-il, permettez-moi, madame, de m'étonner de surprendre en robe de bal une femme dont le mari a disparu.
    — Vous voilà bien insolent, soudain ! Il se trouve, en effet, que je suis en robe de bal et que je m'apprêtais à sortir afin de me distraire et prendre le bon temps qu'une femme de mon âge se doit de nepas laisser perdre. Cela vous suffit-il, monsieur le suppôt ?
    — Cela suffirait sans doute au suppôt, mais en aucune façon au représentant du lieutenant général de police.
    — La tête vous enfle, monsieur.
    — La vôtre, madame, me paraît bien irritable et bien éloignée des tristes soucis qui m'amènent.
    Louise Lardin se redressa, l'air provocant, les deux mains sur les accoudoirs de son panier, en une pose canaille qui choqua Nicolas. En un instant, sous le vernis éclatant, reparaissait la fille qui faisait les beaux soirs de la maison Paulet.
    — Des soucis ? Vous êtes-vous mis en tête de me parler de cette charogne que vous êtes allé déterrer dans les ordures de Montfaucon ? Cela vous surprend ? Je suis mieux informée que vous ne l'espériez. Il s'agit de mon mari, c'est cela ? Que voulez-vous que cela me fasse ? Vous êtes allé gratter la fange et vous en avez eu pour votre argent. Qu'attendiez-vous ? Que je vous joue la comédie de la veuve éplorée ? Je n'ai jamais aimé Lardin. J'en suis débarrassée. Je suis libre, libre et je cours au bal, monsieur.
    Nicolas la trouva soudain très belle dans son animation, transformée par une sorte d'orgueil. Elle s'agitait et, tout autour d'elle, les queues de sa robe battaient l'air avec un sourd bruissement de satin.
    — Comme il vous plaira, madame, mais vous devrez répondre d'abord à quelques questions qui, dans l'affliction où je vous trouve, ne devraient pas susciter chez vous d'émotion trop excessive. Ma tâche s'en trouve facilitée et j'irai droit au but. J'ajoute que j'attends de votre grandeur d'âme qu'elle vous inspire de répondre sans détour, sinon je me verrai dans l'obligation regrettable de recourir à

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