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L'énigme des vampires

L'énigme des vampires

Titel: L'énigme des vampires Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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luxe de détails étonnants le romancier Paul
Féval n’est peut-être pas une fiction, pas plus que l’énigmatique Shamballa ou
encore cet obscur royaume souterrain de l’Agartha. C’est là, nous dit-on, que
les vampires vont se réfugier quand ils sont traqués, comme Dracula dans le
récit de Stoker, afin de regagner en hâte le château maudit où ils pourront
attendre, dans l’écœurante odeur de leur non-mort, le temps de reparaître sur
la scène du monde sans craindre qu’un pieu vienne se ficher dans leur cœur. Mais,
lorsqu’ils ne sont pas poursuivis, les vampires se répandent parmi les humains,
dans cette perpétuelle quête du sang frais qui leur manque.
    Je prends conscience, aujourd’hui, alors que je suis déjà entré
dans ce qu’on appelle pudiquement le « troisième âge », que j’ai
rencontré des vampires au cours de mes errances. Ces vampires, c’étaient des
êtres apparemment comme moi, dont je ne reconnaissais pas, sur le moment, la
vraie nature, aussi bien des hommes que des femmes, tous parés des oripeaux les
plus ordinaires, prenant grand soin à ne jamais se faire remarquer, mais
poursuivant sans relâche leur succion désespérée. C’était l’époque où je rôdais
des nuits entières dans des villes ou dans des campagnes encore mal éclairées, persuadé
que l’image qui s’offrait à moi était totalement différente de celle dont j’aurais
pu m’imprégner en pleine lumière du jour. La nuit, tout est noyé dans le mystère,
tout est adouci par l’ombre, et pourtant, je pense que c’est en ces moments
privilégiés que j’ai pu voir avec le plus d’acuité la réalité des êtres et des
choses. Car, la nuit, on ne peut pas tricher. Ce n’est plus le monde des
apparences. On ne peut pas jouer avec les couleurs et les décors de carton-pâte
qui encombrent le jour. Ce qui résiste à l’obscurité, c’est ce qui surgit du
plus profond de ce monde des Idées pures dont Platon s’est fait le chantre
inconditionnel. La réalité , oui, elle m’apparaissait
dans l’ombre et dans les bruits étouffés qui me parvenaient d’un monde endormi
et dont les rêves étaient dégagés de tous les faux-semblants qu’on accumule
dans sa conscience. Je comprends maintenant pourquoi les vampires dorment le
jour dans l’épaisseur des tombeaux et se réveillent la nuit pour mieux
appréhender la réalité dont ils espèrent se nourrir.
    Et je me sentais merveilleusement calme et détendu dans cet
univers nocturne. À Paris, je rencontrais les gens que je voulais rencontrer :
quelques clochards dans les rues, avec lesquels je bavardais, leur offrant des
cigarettes et partageant leur « litron ». En cette époque bénie, dans
Paris, on ne craignait aucune « mauvaise rencontre », aucune
agression, et le racisme, cette plaie de notre siècle, n’avait pas encore
provoqué cette sinistre défiance qui s’empare de tout un chacun dans l’atmosphère
survoltée des grandes villes. Mais, au-delà de la rue, dans les immeubles clos,
je sentais la présence des « bons bourgeois » qui dormaient bien
tranquillement « auprès de leurs tisanes mijotées », comme le
chantait avec humour mon ami le poète – et bouquiniste – Pierre-Luc Lheureux, en
compagnie de qui nous passions des soirées pittoresques, entre poètes, Charles
Le Quintrec, Robert Beaussieux, Robert Ganzo, Robert Sabatier, Alain Spiraux, Maurice
Fombeure, Luc Bérimont, Jean Rousse-lot, Claude Reignoux, Michel Mériel, et aussi
le tendre et délicieux Jacques Yonnet qui, lui, connaissait des vampires et m’en
donnait les adresses. D’ailleurs, Jacques Yonnet savait tout. Il suffisait de
le lui demander. Et quand je rentrais chez moi, c’était toujours par des
détours invraisemblables. J’écoutais les bruits. Je tentais de savoir ce qui se
passait derrière les volets fermés et les rideaux tirés, quelles étaient les étreintes
bizarres auxquelles se livraient les couples, quels cauchemars hantaient les
solitaires. J’aurais voulu être Don Cléophas Landro Perez Zambullo, cet écolier
d’Alcala que le diable Asmodée, dans le Diable
boiteux de mon compatriote Lesage, emmène sur les toits de la ville pour
mieux lui révéler la vie de ses concitoyens, y compris par la méthode la plus
simple qui consiste à soulever les toits pour regarder à l’intérieur des maisons.
    Quand je rôdais dans les campagnes, les arbres me parlaient
et me donnaient des indications sur les chemins

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