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L'ennemi de Dieu

L'ennemi de Dieu

Titel: L'ennemi de Dieu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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cotte romaine,
forgée avec une habileté que nul homme ne possède plus aujourd’hui, et souvent
je me demandais quels autres lanciers avaient porté cette cotte de mailles qui
m’arrivait au genou. Le guerrier du Powys était mort avec, le crâne fendu en
deux par Hywelbane, mais je subodorais qu’un autre porteur était mort avec car
les mailles avaient un accroc à gauche, à hauteur de la poitrine. Le maillon
brisé avait été grossièrement réparé avec les mailles d’une chaîne de fer.
    Je portais mes
anneaux de guerrier à la main gauche car, dans la bataille, ils servaient à
protéger les doigts, mais je n’en mis aucun à la main droite pour avoir une
meilleure prise sur mon épée ou ma lance. Et je fixai enfin des pièces de cuir
à mes avant-bras. Mon casque de fer, en forme de coupe, était tout simple :
doublé de cuir et rembourré de toile, avec une grosse languette de cuir de
pourceau pour protéger ma nuque. Au printemps, j’avais demandé au forgeron de
Caer Sws d’ajouter des joues sur les côtés. Le casque était surmonté d’un
bouton de fer auquel pendait une queue de loup attrapé au cœur des bois de
Benoïc. J’attachai Hywelbane à ma taille, passai le bras gauche dans les
lanières de cuir de mon bouclier et soupesai ma lance. Elle était plus grande
qu’un homme et sa hampe était aussi épaisse que la taille de Ceinwyn, tandis
que sa pointe était faite d’une longue lame en forme de feuille. Elle était
aussi tranchante qu’une lame de rasoir, mais arrondie à la base afin qu’elle ne
reste pas prisonnière du ventre ou de l’armure de l’ennemi. Je me passai de
manteau car la journée était trop chaude.
    Vêtu de son
armure, Cavan vint me voir et mit le genou à terre : « Si je me bats
bien, Seigneur, pourrai-je peindre une cinquième branche à mon étoile ?
    — J’attends
de mes hommes qu’ils se battent bien. Pourquoi les récompenserais-je d’avoir
fait leur devoir ?
    — Alors,
si je vous rapporte un trophée, Seigneur ? Une hache de chef ? De l’or ?
    — Rapporte-moi
un chef saxon, Cavan, et tu pourras peindre cent pointes à ton étoile.
    — Cinq
suffiront, Seigneur. »
    La matinée
passa lentement. Ceux d’entre nous qui portaient une armure de métal suaient à
grosses gouttes tant il faisait chaud. De la rive nord du cours d’eau, où les
Saxons étaient masqués par les arbres, on devait croire notre campement assoupi,
ou encore peuplé de malades, cloués sur leur couche. Mais cette illusion ne fit
pas sortir les Saxons de leur cache. Le soleil continua son ascension. Nos
éclaireurs, la cavalerie légère qui n’avait pour tout armement qu’un faisceau
de javelines, quittèrent le camp au trot. Ils n’avaient pas leur place dans une
bataille entre murs de boucliers, et ils conduisirent leurs chevaux agités au
sud, vers la Tamise. Ils pouvaient revenir assez vite même si, en cas de catastrophe,
ils avaient ordre de filer à l’ouest et d’annoncer notre défaite dans la
lointaine Dumnonie. Les cavaliers d’Arthur endossèrent leur massive armure de
cuir et de fer, puis avec des sangles passées au garrot de leurs chevaux, ils
accrochèrent les encombrants boucliers de cuir destinés à protéger le poitrail
de leurs montures.
    Caché dans la
salle avec ses cavaliers, Arthur portait sa fameuse armure d’écaillés :
une cotte romaine constituée de milliers de petites plaques de fer cousues sur
un justaucorps de cuir si bien que les écailles se chevauchaient comme des
écailles de poisson. Il y avait des plaques d’argent au milieu des plaques de
fer si bien que son armure miroitait quand il se déplaçait. Il portait un
manteau blanc et Excalibur, dans son fourreau magique et moiré qui protégeait
celui qui le portait de tout accident, pendait à sa hanche gauche. Son écuyer,
Hygwydd, portait sa longue lance, son casque gris-argent avec son panache de
plumes d’oie et son bouclier rond avec son placage d’argent pareil à un miroir.
En temps de paix, Arthur aimait à s’habiller modestement, mais en temps de
guerre il était resplendissant. Il aimait à croire qu’il devait sa réputation à
un gouvernement honnête, mais son armure éblouissante et son bouclier poli
prouvaient qu’il savait parfaitement la vraie source de sa renommée.
    Culhwch avait
autrefois fait partie de la cavalerie lourde d’Arthur. Mais dorénavant, il
conduisait comme moi une bande de lanciers. À midi, il vint me retrouver dans
mon

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