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L'ennemi de Dieu

L'ennemi de Dieu

Titel: L'ennemi de Dieu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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laisser déborder car la ligne saxonne
était beaucoup plus large que la nôtre. Ils étaient supérieurs en nombre. Les
bardes vous diront que la vermine se comptait par milliers à cette bataille,
mais je soupçonne qu’Aelle n’alignait pas plus de six cents hommes.
Naturellement, le roi saxon avait beaucoup plus de lanciers que nous n’en
voyions devant nous, car, comme nous, il avait dû laisser de grosses garnisons
dans les forteresses de ses frontières. Mais même six cents lanciers, c’était
une grande armée. Et une foule tout aussi nombreuse suivait son mur de
boucliers : pour l’essentiel, des femmes et des enfants qui ne
participeraient pas à la bataille mais qui espéraient sans doute dépouiller nos
cadavres quand les armes se seraient tues.
    Nos druides
sautillèrent laborieusement jusqu’au bas de la pente. La sueur ruisselait du
visage de Merlin et dégoulinait dans les tresses de sa longue barbe. « Ce
n’est pas de la magie, nous expliqua-t-il, leurs magiciens ne savent pas la
vraie magie. Vous êtes en sécurité. » Il écarta nos boucliers, cherchant à
voir Nimue. Les Saxons avançaient lentement vers nous. Leurs magiciens
crachaient et hurlaient, des hommes criaient à leurs suivants de rester en
ligne tandis que d’autres vociféraient des insultes à notre endroit.
    Nos cornes de
guerre avaient commencé à les défier et nos hommes se mirent alors à chanter.
Du côté de notre mur de boucliers, nous chantions le grand Chant de Bataille de
Beli Mawr, un triomphal hurlement de carnage qui met le feu dans le ventre d’un
homme. Deux de mes hommes dansaient devant le mur de boucliers, avançant et
bondissant par-dessus leurs épées et leurs lances qui dessinaient une croix sur
le sol. Je les rappelai dans le mur, parce que je pensais que les Saxons continuaient
à marcher, qu’ils auraient bientôt atteint la colline pour précipiter un choc
sanglant. Mais ils s’arrêtèrent à une centaine de pas de nous pour réaligner
leurs boucliers et former un mur continu de bois renforcé de cuir. Ils
gardèrent le silence pendant que leurs magiciens pissaient dans notre
direction. Leurs molosses aboyaient et tiraient sur leurs laisses, les tambours
de guerre résonnaient, et de temps à autre une corne faisait entendre son
triste vagissement. Sans quoi les Saxons gardaient le silence, si ce n’est pour
frapper la hampe de leurs lances contre leurs boucliers au rythme des
battements de tambour.
    « Les
premiers Saxons que je vois. » Tristan s’était placé à côté de moi et fixait
des yeux l’armée des Saxons avec leurs grosses armures de fourrures, leurs
doubles haches et leurs lances.
    « Ils
meurent assez facilement, lui expliquai-je.
    — Je n’aime
pas les haches, confessa-t-il en touchant la gaine de fer de son bouclier pour
se porter chance.
    — Ce ne
sont pas des armes très pratiques, répondis-je pour le rassurer. Neutralise-la
avec ton bouclier et frappe en bas avec ton épée. Ça marche toujours. » Ou
presque toujours.
    Soudain, les
tambours saxons se turent. Les lignes ennemies s’ouvrirent pour laisser
paraître Aelle. Il nous fixa quelques secondes, cracha, puis se débarrassa
ostensiblement de sa lance et de son bouclier pour indiquer qu’il voulait
parler. Il se dirigea vers nous : un géant aux cheveux bruns vêtu d’une
robe épaisse taillée dans la peau d’un ours. Deux magiciens l’accompagnaient,
ainsi qu’un homme maigre au crâne dégarni. Sans doute un interprète.
    Cuneglas,
Meurig, Agricola, Merlin et Sagramor allèrent à sa rencontre. Arthur avait
décidé de rester avec ses cavaliers et, parce qu’il était le seul roi de notre
camp sur le champ de bataille, il était normal que Cuneglas s’exprimât en notre
nom, mais il invita les autres à l’accompagner et me fit signe de le suivre
pour jouer les interprètes. C’est ainsi que je rencontrai Aelle pour la
deuxième fois. Un homme grand à la forte carrure, avec un visage plat et dur et
des yeux foncés. Sa barbe était noire et fournie, ses joues balafrées, son nez
brisé. Il lui manquait aussi deux doigts à la main droite. Il était vêtu d’une
cotte de mailles et de bottes de cuir et portait un casque de fer surmonté de
deux cornes de taureau. Il avait de l’or breton au cou et aux poignets. La peau
d’ours qui recouvrait son armure devait être affreusement désagréable en cette
journée de grosse chaleur, mais une pelisse aussi épaisse arrêtait un coup

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