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L'ennemi de Dieu

L'ennemi de Dieu

Titel: L'ennemi de Dieu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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d’épée
aussi bien que n’importe quelle armure de fer. Il me foudroya du regard :
    « Je me
souviens de toi, vermisseau. Un renégat saxon.
    — Salutations,
Seigneur Roi, répondis-je avec un petit signe de tête.
    — Tu
crois peut-être que ta politesse te vaudra une mort douce ? demanda-t-il
en crachant.
    — Ma mort
ne vous regarde pas, Seigneur Roi. Mais je compte bien raconter la vôtre à mes
petits-enfants. »
    Il rit et jeta
un regard moqueur aux cinq chefs :
    « Cinq
contre un ! Et où est Arthur ? Il se vide les boyaux de frousse ? »
    Je donnai le
nom de nos chefs à Aelle, puis Cuneglas engagea le dialogue tandis que je lui
servais d’interprète. Comme le voulait la coutume, il commença par exiger la
reddition immédiate d’Aelle. Nous serions miséricordieux, promit Cuneglas. Nous
exigions la vie d’Aelle et tout son trésor, toutes ses armes, ses femmes et ses
esclaves, mais ses lanciers pourraient s’en aller librement, la main droite en
moins.
    Comme le
voulait la coutume, Aelle répondit par la dérision, dévoilant une rangée de
dents pourries et décolorées.
    « Arthur
croit-il que, parce qu’il se tient caché, nous ne savons pas qu’il se trouve
ici avec ses cavaliers ? Dis-lui, vermisseau, que cette nuit même son
cadavre me servira d’oreiller. Dis-lui que sa femme sera ma putain et que quand
je l’aurai épuisée elle sera le plaisir de mes esclaves. Et dis à cet imbécile
à moustaches, fit-il en désignant Cuneglas, qu’à la tombée de la nuit cet
endroit sera connu comme la Fosse des Bretons. Dis-lui encore que je lui
arracherai ses favoris et que j’en ferai un jouet pour les chats de ma fille.
Dis-lui que je taillerai une coupe dans son crâne et donnerai sa bedaine en
pitance à mes chiens. Et dis à ce démon, fit-il en pointant la barbe vers
Sagramor, qu’aujourd’hui même son âme noire connaîtra les terreurs de Thor et
se contorsionnera à jamais dans le cercle des serpents. Quant à lui  – il
se tourna vers Agricola  –, cela fait longtemps que je veux sa mort, et
son souvenir m’amusera dans les longues nuits à venir. Et dis à ce morveux
insipide que je lui trancherai les couilles pour en faire mon échanson.
Dis-leur tout cela, vermisseau.
    — Il dit
non, expliquai-je à Cuneglas.
    — Il a
certainement dit plus que cela ? insista Meurig, qui jouait les pédants et
n’était là qu’en raison de son rang.
    — À quoi
bon savoir ? fit Sagramor d’un air las.
    — Toute
connaissance est bonne à prendre, protesta Meurig.
    — Que
disent-ils, vermisseau ? me demanda Aelle sans prendre la peine de
consulter son interprète.
    — Ils
débattent pour savoir à qui devrait revenir le plaisir de vous trucider,
Seigneur Roi. »
    Aelle cracha.
    « Dis à
Merlin, reprit le roi des Saxons en jetant un œil à Merlin, que je ne l’ai pas
insulté. »
    Les Saxons
craignaient Merlin et, encore maintenant, ils ne voulaient pas l’indisposer.
Les deux magiciens saxons lui sifflaient leurs malédictions en chuintant, mais
c’était leur métier et Merlin ne s’en offusquait point. Il ne semblait non plus
prendre le moindre intérêt à la conférence, se bornant à fixer vaguement l’horizon.
Aucun sourire ne devait répondre au compliment du roi.
    Aelle me fixa
quelques instants :
    « Quelle
est ta tribu ? me demanda-t-il enfin.
    — La
Dumnonie, Seigneur Roi.
    — Avant,
imbécile ! Ta naissance !
    — La
vôtre, Seigneur. Ceux d’Aelle.
    — Ton
père ? voulut-il savoir.
    — Je ne l’ai
jamais connu, Seigneur. Quand Uther a capturé ma mère, j’étais encore dans son
ventre.
    — Son nom ? »
    Il me fallut
réfléchir une seconde ou deux : « Erce, Seigneur Roi »,
répondis-je quand j’eus enfin retrouvé son nom. Aelle sourit.
    « Un joli
nom de Saxon ! Erce, la déesse de la terre, notre mère à tous. Et comment
va Erce ?
    — Je ne l’ai
pas revue, Seigneur, depuis mon enfance, mais on me dit qu’elle vit toujours. »
    Il me
dévisagea d’un air songeur. Meurig piaffait d’impatience et voulait savoir ce
qui se disait, mais comme tout le monde l’ignorait il finit par se calmer. « Il
n’est pas bon, fit enfin Aelle, qu’un homme ignore sa mère. Quel est ton nom ?
    — Derfel,
Seigneur Roi. »
    Il cracha sur
ma cotte de mailles.
    « Alors
honte à toi, Derfel, d’ignorer ainsi ta mère. Et tu te battrais pour nous
aujourd’hui ? Pour le peuple de ta

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