Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
L'ennemi de Dieu

L'ennemi de Dieu

Titel: L'ennemi de Dieu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
Vom Netzwerk:
petit coin d’ombre. Il portait un plastron de fer, un justaucorps de cuir
et des jambarts romains en bronze couvraient ses mollets nus.
    « Ce
salaud ne vient pas, grogna-t-il.
    — Demain,
peut-être ? »
    Il renifla d’un
air dégoûté et me considéra d’un air grave.
    « Je sais
bien ce que tu vas dire, Derfel, mais je vais te poser quand même ma question,
et avant que tu répondes, je voudrais que tu réfléchisses à une chose. Qui
est-ce qui s’est battu à tes côtés en Benoïc ? Qui s’est tenu bouclier
contre bouclier à tes côtés à Ynys Trebes ? Qui a partagé sa bière avec
toi et t’a même laissé t’envoyer cette petite pêcheuse ? Qui te tenait la
main à Lugg Vale ? C’était moi. Souviens-t’en en me donnant ta réponse.
Dis-moi maintenant quelles provisions as-tu cachées ?
    — Aucune,
fis-je en souriant.
    — Tu n’es
qu’un gros sac de boyaux inutiles de Saxon, voilà ce que tu es. » Puis, se
tournant vers Galahad qui se reposait avec mes hommes, il demanda : « Avez-vous
eu des vivres, Seigneur Prince ?
    — J’ai
donné ma dernière croûte à Tristan, répondit Galahad.
    — Un
geste de charité chrétienne, j’imagine ? fit Culhwch avec mépris.
    — J’aime
à le croire.
    — Pas
étonnant que je sois païen, renchérit Culhwch. J’ai besoin de bouffer. Peux pas
tuer des Saxons le ventre creux. » Il regarda mes hommes d’un air menaçant,
mais aucun ne lui offrit quoi que ce soit, car personne n’avait rien à lui
offrir.
    « Alors
comme ça tu vas me retirer des mains ce salaud de Mordred ? reprit-il
quand il eut renoncé à tout espoir d’avoir un morceau à se mettre sous la dent.
    — C’est
ce que souhaite Arthur.
    — C’est
aussi mon souhait, fit-il d’un ton énergique. Si j’avais des provisions sur
moi, Derfel, je te donnerais tout, jusqu’à la dernière miette, en échange de
cette faveur. Je te souhaite bien du plaisir avec ce petit morveux. Qu’il te
gâche la vie, plutôt que la mienne, mais je te préviens, tu useras ta ceinture
sur son cuir pourri.
    — Sans
doute ne serait-il pas très sage, fis-je prudemment, de fouetter mon futur roi.
    — Sans
doute, mais c’est fort agréable. Un affreux petit crapaud. »
    Il tourna les
talons pour jeter un œil à l’extérieur.
    « Qu’est-ce
qu’ils ont, ces Saxons ? Ils ne veulent pas d’une bataille ? »
    La réponse
vint presque aussitôt. Soudain, une corne lança son appel grave et lugubre.
Puis on entendit le battement de l’un des gros tambours qui accompagnaient les
Saxons dans la guerre. Et tout le monde se releva à temps pour voir l’armée d’Aelle
sortir des arbres, sur l’autre rive. Une minute plus tôt, ce n’était qu’un
paysage désolé de frondaisons et de soleil printanier. Et maintenant, l’ennemi
était là.
    Ils étaient
des centaines. Des centaines d’hommes vêtus de fourrures et de cuirasses de
fer, avec des haches, des chiens, des lances et des boucliers. En guise d’étendards,
ils portaient des crânes de taureaux drapés de chiffons au bout d’une perche,
tandis que leur avant-garde était une troupe de magiciens aux cheveux hérissés
de bouse qui caracolaient en tête du mur de boucliers en nous lançant des
malédictions.
    Merlin et les
autres druides descendirent la pente pour aller à leur rencontre. Ils ne
marchaient pas mais, comme tous les druides, sautillaient sur une jambe en s’aidant
de leurs bâtons pour conserver l’équilibre tout en tenant levée leur main
libre. Ils s’arrêtèrent à une centaine de pas des magiciens les plus proches et
leur retournèrent leurs malédictions, tandis que les prêtres chrétiens de l’armée
se tenaient au sommet de la pente, les mains ouvertes, les yeux levés vers le
ciel comme pour implorer l’aide de leur Dieu.
    Pendant ce
temps, nos troupes prenaient leurs positions : Agricola, à gauche, avec
ses hommes en uniformes romains, nous autres au centre, tandis que les
cavaliers d’Arthur, qui pour l’instant demeuraient cachés dans la salle,
formeraient l’aile droite. Arthur mit son casque, grimpa sur le dos de Llamrei,
rabattit son manteau blanc sur la croupe du cheval, puis prit des mains d’Hygwydd
sa grosse lance et son bouclier rutilant.
    Sagramor,
Cuneglas et Agricola menaient les fantassins. Pour l’instant, et seulement en
attendant l’apparition des cavaliers d’Arthur, mes hommes se tenaient à droite,
et je vis qu’ils risquaient fort de se

Weitere Kostenlose Bücher