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L'ennemi de Dieu

L'ennemi de Dieu

Titel: L'ennemi de Dieu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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répondis-je en
haussant les épaules. Au début, lorsque Mordred était arrivé à Lindinis, je m’étais
promis de ne jamais le frapper, mais quelques jours avaient suffi pour que je
renonce à cette noble ambition et, à la fin de la première année, il me
suffisait d’apercevoir cette affreuse trogne au nez bulbeux et à l’air grognon
pour avoir envie de le prendre sur mes genoux et de le fouetter jusqu’au sang.
    Et même
Ceinwyn finit par le frapper. Elle ne le voulait pas, mais un jour je l’entendis
hurler. Mordred avait déniché une aiguille et l’enfonçait nonchalamment dans le
cuir chevelu de Morwenna. Il voulait juste voir ce qui se passerait s’il
plongeait l’aiguille dans l’œil du bébé, mais Ceinwyn avait accouru en entendant
sa fille crier. Elle le repoussa si brutalement qu’elle l’envoya rouler de l’autre
côté de la pièce. À compter de ce jour, nous ne devions plus jamais laisser le
bébé dormir seul. Une servante restait toujours à son chevet. Mais Mordred
avait désormais ajouté le nom de Ceinwyn à la liste de ses ennemis.
    « Il est
tout simplement mauvais, m’expliqua Merlin. Tu te souviens certainement de la
nuit où il est né ?
    — Certainement,
car, à la différence de Merlin, j’étais là.
    — Ils ont
laissé faire les chrétiens, n’est-ce pas ? me demanda-t-il. Et ils n’ont
fait appel à Morgane que lorsque les choses ont mal tourné. Quelles précautions
ont pris les chrétiens ?
    — Des
prières. Je me souviens d’un crucifix », répondis-je dans un haussement d’épaules.
Je n’avais pas été dans la chambre de l’accouchement, naturellement, car ce n’est
pas la place d’un homme, mais j’avais observé les choses depuis les remparts de
Caer Cadarn.
    « Pas
étonnant que tout se soit mal passé, trancha Merlin. Des prières ! À quoi
servent des prières contre un mauvais esprit ? Il faut de l’urine sur le
pas de la porte, du fer dans le lit, de l’armoise commune dans le feu. » Il
hocha tristement la tête. « Un esprit s’est glissé dans le garçon avant
que Morgane n’ait pu l’aider. Voilà pourquoi son pied est déformé. L’esprit s’accrochait
probablement au pied quand il a senti l’arrivée de Morgane.
    — Mais
alors, comment chasser l’esprit ?
    — En
enfonçant une épée dans le cœur du malheureux enfant, fit-il en souriant et en
se renversant dans son fauteuil.
    — Je vous
en prie, Seigneur, comment ?
    — Le
vieux Balise pensait qu’on pouvait y parvenir en mettant deux vierges dans le
lit du possédé. Tous nus, bien entendu, précisa-t-il en gloussant. Pauvre vieux
Balise ! C’était un bon druide, mais l’écrasante majorité de ses charmes
obligeaient à dévêtir des jeunes filles. L’idée était que l’esprit préférerait
le corps d’une vierge, tu comprends, si bien qu’en lui offrant deux vierges on
lui donnait l’embarras du choix. Tout le but de la manœuvre était de les
arracher du lit au moment précis où l’esprit était sorti du corps du possédé
sans avoir encore eu le temps de décider laquelle il préférait. Il fallait
saisir cet instant pour les tirer tous trois du lit et jeter un tison sur la
paillasse. L’esprit était censé s’envoler en fumée mais, vois-tu, tout ceci n’a
jamais eu grand sens pour moi. J’avoue avoir essayé une fois. J’ai essayé de
guérir un pauvre vieux fou du nom de Malldyn, et tout ce que j’ai réussi à
obtenir, c’est un idiot doublé d’un cocu et deux petites esclaves effarouchées,
sans compter que tous les trois ont été légèrement brûlés. Pour finir, on a
envoyé Malldyn dans l’île des Morts, conclut-il avec un soupir. Le meilleur
endroit pour lui. Tu pourrais envoyer Mordred là-bas ? »
    L’île des
Morts est l’endroit où nous enfermions nos fous furieux. Nimue y avait séjourné
autrefois et j’étais allé l’arracher à son enfer.
    « Arthur
ne le permettrait jamais, dis-je.
    — J’imagine
que non. Je vais essayer un charme pour vous, mais je ne puis dire que je sois
très optimiste. »
    Merlin
habitait chez nous désormais. C’était un vieil homme qui se mourait lentement,
du moins est-ce l’impression qu’il nous donnait, car le feu qui avait consumé
le Tor l’avait vidé de son énergie en même temps que s’était dissipé son rêve
de réunir les Trésors de la Bretagne. De tout cela, il ne restait plus qu’une
coque desséchée qui vieillissait à vue d’œil. Il

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