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L'ennemi de Dieu

L'ennemi de Dieu

Titel: L'ennemi de Dieu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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suivirent furent bien pires. À entendre les histoires qu’on raconte
le soir au coin du feu, on croirait que nous avions fait un pays tout nouveau
en Bretagne, que nous l’avions baptisé Camelot et qu’il était peuplé de
brillants héros. Mais la vérité est simplement que nous avons gouverné la
Dumnonie de notre mieux et justement, et que nous ne l’avons jamais appelée
Camelot. Il y a encore quelques années, je n’avais même jamais entendu ce nom.
Camelot n’existe que dans les songes des poètes, tandis que dans notre
Dumnonie, ces années connurent encore leur lot de disettes, d’épidémies et de
guerres.
    Ceinwyn s’installa
en Dumnonie et c’est à Lindinis que notre premier enfant vit le jour : une
fille, que nous appelâmes Morwenna, du nom de la mère de Ceinwyn. Elle était
née avec les cheveux noirs, qu’elle perdit bientôt pour un casque d’or pareil à
celui de sa mère. Adorable Morwenna.
    Merlin ne s’était
pas trompé au sujet de Guenièvre, car à peine Lancelot eut-il installé son
nouveau gouvernement à Venta qu’elle se dit lasse de son tout nouveau palais de
Lindinis. Il était trop humide, assura-t-elle, et beaucoup trop exposé aux
vents frais qui balayaient les marais des environs d’Ynys Wydryn, et trop froid
en hiver. Soudain, plus rien ne trouva grâce à ses yeux, hormis le vieux Palais
d’hiver du roi Uther à Durnovarie. Mais Durnovarie était presque aussi loin de
Venta que Lindinis, et Guenièvre persuada donc Arthur qu’il fallait préparer
une maison pour le jour lointain où Mordred deviendrait roi et, en raison de
ses privilèges, exigerait le retour du Palais d’hiver. Arthur laissa donc le
choix à sa femme. Personnellement, il rêvait d’une salle robuste avec une
palissade, ses écuries et ses greniers, mais, comme Merlin l’avait prédit,
Guenièvre trouva une villa romaine au sud du fort de Vindocladia, sur la frontière
entre la Dumnonie et le nouveau royaume belge de Lancelot. La villa se dressait
sur une colline, au-dessus d’une crique, et Guenièvre la baptisa son « palais
marin ». Elle fit rénover la demeure par un essaim de maçons et y installa
toutes les statues qui décoraient autrefois Lindinis. Elle fit même venir la mosaïque
du hall d’entrée de son ancien palais. Pendant un temps, Arthur s’inquiéta :
le Palais marin lui paraissait dangereusement proche des terres de Cerdic, mais
Guenièvre lui assura que la paix négociée à Londres serait durable. Et voyant à
quel point sa femme était attachée à cet endroit, Arthur se laissa fléchir. Peu
lui importait, au fond, où était son foyer car il était rarement chez lui. Il
aimait à se déplacer et à parcourir dans tous les sens le royaume de Mordred.
    Quant au futur
roi dont Ceinwyn et moi avions la tutelle, il s’installa dans le palais
dévalisé de Lindinis avec soixante lanciers, dix cavaliers pour porter les
messages, seize cuisinières et vingt-huit esclaves domestiques. Nous disposions
aussi d’un régisseur, d’un chambellan, d’un barde, de deux chasseurs, d’un
brasseur d’hydromel, d’un fauconnier, d’un médecin, d’un portier, d’un maître
de chandelles et de six cuisiniers. Et tous avaient leurs esclaves. Outre ces
esclaves domestiques, nous avions une petite armée d’autres esclaves qui
travaillaient la terre, étêtaient les arbres et veillaient à l’entretien des
fossés. Une petite ville se développa autour du palais, avec ses potiers, ses
cordonniers et ses forgerons, sans oublier les marchands qui s’enrichissaient
de nos affaires.
    Tout cela nous
paraissait bien loin de Cwm Isaf. Nous dormions maintenant dans une chambre
couverte d’un toit de tuiles, avec des murs de plâtre et des encadrements de
porte à piliers. Nous prenions nos repas dans une salle de banquet qui aurait
pu accueillir une centaine de convives. Mais, souvent, nous la délaissions pour
une petite pièce qui donnait sur les cuisines, car je ne supportais pas qu’on
nous serve des plats froids quand ils étaient censés être chauds. S’il
pleuvait, nous pouvions nous promener sous les arcades couvertes de la cour extérieure
et rester ainsi au sec. Dans la cour intérieure, il y avait un bassin alimenté
par une source où, en été, lorsque le soleil chauffait les tuiles, nous
pouvions nager. Rien de tout cela ne nous appartenait, bien entendu. Ce palais
et ces vastes terres étaient les honneurs dus à un roi : tous étaient la
propriété du

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