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L'ennemi de Dieu

L'ennemi de Dieu

Titel: L'ennemi de Dieu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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par impulsion. Il s’est sottement amouraché de la femme de son père. Il ne
pense pas au trône.
    — Pas
encore, dit Arthur d’un air sinistre, mais ça viendra.
    — Si nous
donnons asile à Tristan, que fera le roi Marc ? demanda Sansum avec
sagacité.
    — Des
razzias, expliqua Arthur. Quelques fermes brûlées, du bétail volé. Ou il
enverra ses lanciers capturer Tristan. Ses mariniers pourraient y parvenir. »
    De tous les
royaumes bretons, les hommes du Kernow étaient les seuls à avoir le pied marin
et, dans leurs premières incursions, les Saxons avaient appris à redouter les
chaloupes du roi Marc.
    « Cela
nous vaudra de perpétuelles chicanes, reconnut Arthur, tous les mois, une
douzaine de fermiers morts avec leurs femmes. Il nous faudra poster une
centaine de lanciers sur la frontière en attendant que l’affaire soit réglée.
    — Opération
coûteuse, observa Sansum.
    — Trop
coûteuse, admit Arthur d’un air sombre.
    — Il faut
assurément rendre son argent au roi Marc, insista Emrys.
    — Et la
reine, probablement, ajouta Cythryn, l’un des magistrats qui siégeaient au
Conseil. Étant donné l’orgueil du roi Marc, j’imagine mal qu’il puisse oublier
l’affront sans chercher vengeance.
    — Que
deviendra la fille si on la renvoie ? demanda Emrys.
    — Il
appartient au roi Marc d’en décider, trancha Arthur avec fermeté. Pas à nous. »
Il passa les deux mains sur son long visage osseux. « J’imagine, fit-il d’un
air las, que nous ferions mieux de jouer les médiateurs. » Il sourit. « Voilà
un bon moment que je ne suis pas allé dans cette partie du monde. Peut-être
est-il temps d’y retourner. Tu viendras, Derfel ? Tu es un ami de Tristan.
Peut-être t’écoutera-t-il.
    — Avec
plaisir, Seigneur. »
    Le Conseil
accepta de confier à Arthur une mission de bons offices, renvoya Cyllan au
Kernow avec un message expliquant la démarche d’Arthur, puis, avec une douzaine
de mes lanciers, nous prîmes la route du sud-ouest à la recherche des amants en
fuite.
    Malgré le
problème épineux qui nous attendait au bout du chemin, le voyage commença sous
d’assez heureux auspices. Le pays avait profité de neuf années de paix et, si
la chaleur estivale durait, les récoltes s’annonçaient bien cette année, malgré
les sombres prédictions de Culhwch. Arthur éprouvait une vraie joie au
spectacle de ces champs bien soignés et des nouveaux greniers. Dans tous les
bourgs et les villages, on lui réservait un accueil chaleureux. Des chœurs d’enfants
chantaient pour lui et déposaient des cadeaux à ses pieds : des baquets de
grains, des corbeilles de fruits ou une peau de renard. En guise de remerciement,
il distribuait de l’or, discutait des problèmes du village, s’entretenait avec
le magistrat local, puis reprenait la route. La seule fausse note était l’hostilité
des chrétiens, car il n’était pratiquement de village où un groupuscule de
chrétiens n’accablait Arthur de malédictions en attendant que leurs voisins les
fassent taire ou les chassent. Partout surgissaient de nouvelles églises,
généralement bâties à des endroits où les païens adoraient jadis un puits ou
une source sacrés. Ces églises étaient le fruit des missions de Sansum, et je
me demandais bien pourquoi les païens n’envoyaient pas aussi des prédicateurs
itinérants auprès des paysans. Ces nouvelles églises chrétiennes étaient, il
est vrai, bien modestes, de simples cabanes de claie et de chaume avec une
croix plantée sur le toit, mais elles se multipliaient et les prêtres les plus
haineux maudissaient Arthur parce qu’il était païen et détestaient Guenièvre à
cause de son adhésion au culte d’Isis. Guenièvre n’en avait cure, mais Arthur
avait horreur de ces haines religieuses. Au cours de ce voyage vers Isca, il s’arrêta
souvent pour parler aux chrétiens qui lui crachaient dessus, mais ses paroles n’avaient
aucun effet. Il leur était indifférent qu’il eût apporté la paix au pays et
leur eût donné la prospérité. La seule chose qui leur importait, c’est qu’Arthur
était païen.
    « Ils
sont comme les Saxons, me confia-t-il d’un air sombre alors que nous laissions
derrière nous un groupe hostile. Ils ne seront heureux que le jour où ils
posséderont tout.
    — En ce
cas, nous devrions faire avec eux comme avec les Saxons, Seigneur. Les monter
les uns contre les autres.
    — Ils s’entre-déchirent
déjà,

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