Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
L'ennemi de Dieu

L'ennemi de Dieu

Titel: L'ennemi de Dieu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
Vom Netzwerk:
répondit Arthur. Tu comprends quelque chose à cette querelle autour du
pélagianisme ?
    — Je n’ai
même pas envie d’y comprendre quoi que ce soit », répondis-je avec
désinvolture. En vérité, la querelle ne cessait de s’envenimer. Un groupe de
chrétiens traitait l’autre d’hérétique, et les deux camps n’hésitaient pas à
trucider leurs adversaires. « Vous y comprenez quelque chose ?
    — Je
crois. Pélage refusait de croire que l’humanité était intrinsèquement perverse
tandis que Sansum et Emrys prétendent que nous sommes nés mauvais. » Il
marqua un temps d’arrêt, puis reprit : « Je soupçonne que si j’étais
chrétien, je serais pélagien. » Je songeais à Mordred et me disais que l’humanité
pouvait bien être intrinsèquement mauvaise, mais je ne dis mot.
    « Je
crois en l’humanité, continua Arthur, plus volontiers qu’en n’importe quel
dieu. »
    Je crachai sur
le bord de la route pour conjurer le mal que ses paroles pouvaient produire. « Je
me demande souvent, répondis-je, comment les choses auraient tourné si Merlin
avait conservé son Chaudron.
    — Cette
vieille marmite ? fit Arthur en riant. Voilà des années que je n’y pensais
plus ! » Il sourit en pensant à ces jours lointains. « Rien n’aurait
changé, Derfel, rien. Je me dis parfois que Merlin aura consacré sa vie entière
à la quête des Trésors. Et le jour où il les a réunis, il est resté les bras
croisés ! Il n’a pas osé en éprouver la magie, parce qu’il soupçonnait qu’il
ne se passerait rien. »
    Je jetai un
coup d’œil à l’épée accrochée à sa hanche, l’un des treize trésors, mais je ne
dis rien parce que j’avais promis à Merlin de ne pas révéler le vrai pouvoir d’Excalibur
à Arthur. « Vous soupçonnez Merlin d’avoir lui-même mis le feu à sa tour ?
    — Je me
le suis demandé, avoua-t-il.
    — Non,
répliquai-je d’un ton ferme, il y croyait. Et je me dis parfois qu’il ose
croire qu’il retrouvera les Trésors.
    — Alors,
il ferait mieux de se presser, lâcha Arthur avec aigreur, parce qu’il ne lui
reste plus beaucoup de temps. »
    Nous passâmes
la nuit dans l’ancien palais du gouverneur romain, à Isca, où logeait
maintenant Culhwch. Il était d’humeur morose, non pas à cause de Tristan, mais
parce que la cité était une pépinière de chrétiens fanatiques. Juste une
semaine auparavant, une bande de jeunes chrétiens avaient fait irruption dans
les temples païens de la cité pour renverser les statues des Dieux et
barbouiller les murs d’excréments. Les lanciers de Culhwch avaient arrêté
quelques-uns des profanateurs et les avaient jetés en prison, mais Culhwch
était inquiet pour l’avenir. « Si nous ne brisons pas ces salauds
maintenant, ils feront la guerre pour leur Dieu.
    — Absurde !
fit Arthur.
    — Ils
veulent un roi chrétien, reprit Culhwch en hochant la tête.
    — Ils
auront Mordred l’an prochain.
    — Il est
chrétien ? demanda Culhwch.
    — Si tant
est qu’il soit quoi que ce soit, dis-je.
    — Mais ce
n’est pas lui qu’ils veulent, répondit Culhwch d’un air sombre.
    — Alors
qui ? » voulut savoir Arthur, enfin intrigué par les mises en garde
de son cousin.
    Culhwch
hésita, puis haussa les épaules : « Lancelot.
    — Lancelot !
s’exclama Arthur, visiblement amusé. Ils ne savent donc pas qu’il garde ses
temples païens ouverts ?
    — Ils ne
savent rien de lui, mais ça leur est bien égal. Ils pensent à lui comme ils
pensaient à toi dans les dernières années du règne d’Uther. Ils voient en lui
un libérateur.
    — Libérateur
de quoi ? demandai-je d’un ton méprisant.
    — De
nous, les païens, naturellement. Ils assurent que Lancelot est le roi chrétien
qui les mènera tous au ciel. Et vous savez pourquoi ? À cause du pygargue,
sur son bouclier. Il tient un poisson entre ses serres, vous vous souvenez ?
Et le poisson est un symbole chrétien, précisa-t-il en crachant de dégoût. Ils
ne savent rien de lui, mais ils voient ce poisson et croient que c’est un signe
de leur Dieu.
    — Un
poisson ? fit Arthur incrédule.
    — Un
poisson, confirma Culhwch. Peut-être qu’ils prient une truite ? Comment le
saurais-je ? Ils adorent déjà un saint esprit, une vierge et un
charpentier, pourquoi pas un poisson tant qu’ils y sont ? Ils sont tous
fous.
    — Ils ne
sont pas fous, corrigea Arthur. Excités, peut-être.
    — Excités !
Tu

Weitere Kostenlose Bücher