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L'ennemi de Dieu

L'ennemi de Dieu

Titel: L'ennemi de Dieu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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anniversaire
de la naissance du Christ. Je me prononçai contre, l’évêque gronda, aboya et cracha
que l’église était nécessaire si l’on ne voulait pas que le monde fût détruit
par le démon, et cette joyeuse chamaillerie occupa le Conseil jusqu’au repas de
midi, qui nous fut servi dans la cour du palais.
    Cette réunion
se tenait à Durnovarie et, suivant son habitude, Guenièvre avait quitté son
Palais marin pour être en ville à ce moment-là. Elle nous rejoignit au
déjeuner. Elle s’assit à côté d’Arthur et, comme toujours, sa proximité le
combla d’un bonheur radieux. Le mariage lui avait sans doute valu quelques
déboires et probablement n’avait-il pas autant d’enfants qu’il l’aurait voulu.
Mais, de toute évidence, il était encore amoureux d’elle. Chaque regard qu’il
posait sur elle était une manière de proclamer son étonnement qu’une femme
pareille l’eût choisi, et jamais il ne venait à l’idée d’Arthur qu’il était un
bon parti, un chef capable, l’homme de la situation. Il l’adorait et, ce
jour-là, alors que nous mangions des fruits, du pain et du fromage sous un
soleil éclatant, on comprenait aisément pourquoi. Elle pouvait être spirituelle
et tranchante, amusante et sage, et son allure forçait l’attention.
Apparemment, les années ne l’avaient pas touchée. Elle avait une peau laiteuse
et ses yeux n’avaient pas ces rides délicates qu’on voyait poindre sur le
visage de Ceinwyn. En vérité, il semblait qu’elle n’eût pas vieilli depuis le
jour lointain où Arthur l’avait aperçue dans la salle bondée de Gorfyddyd. Et
pourtant, chaque fois qu’Arthur revenait d’un long voyage à travers le royaume
de Mordred, il recevait le même choc en voyant Guenièvre, il était tout aussi
comblé de bonheur qu’au premier jour. Et Guenièvre savait entretenir sa
fascination en gardant toujours une mystérieuse distance qui le rendait
toujours plus passionné. Tel était, je crois, le secret de l’amour.
    Mordred était
avec nous ce jour-là. Arthur avait tenu à ce que le roi commençât à assister au
Conseil avant d’être acclamé et de recevoir les pleins pouvoirs, et il
encourageait toujours Mordred à prendre part à nos discussions. Mais la seule
contribution du roi était de se curer les ongles ou de bâiller aux corneilles
quand nos discussions s’éternisaient. Arthur espérait lui inculquer ainsi le
sens des responsabilités ; quant à moi, je redoutais que le roi apprît
simplement à éviter les détails du gouvernement. Ce jour-là, il siégeait, comme
de juste, au centre de la table, sans prêter le moindre intérêt à l’évêque
Emrys qui racontait un miracle : une source avait jailli alors qu’un
prêtre bénissait une colline.
    « Cette
source, intervint Guenièvre, se trouverait dans les collines au nord de Dunum ?
    — En
effet, Dame, répondit Emrys, visiblement ravi d’avoir un autre public qu’un
Mordred indifférent. Vous avez entendu parler du miracle ?
    — Bien
avant que votre prêtre ne soit là-bas, répondit Guenièvre. Cette source, l’évêque,
va et vient au gré des pluies. Et cette année, vous vous en souviendrez, les
pluies de l’hiver ont été exceptionnellement fortes. » Elle sourit d’un
air triomphant. Elle n’avait rien perdu de son hostilité à l’Église, même si
elle l’avait mise en sourdine.
    « C’est
une source nouvelle, insista Emrys. Les gens du pays nous assurent ne l’avoir
jamais vue auparavant ! » Il se tourna vers Mordred : « Vous
devriez visiter la source, Seigneur Roi. C’est un vrai miracle. »
    Mordred bâilla
et regarda d’un air ahuri les pigeons posés sur le toit. Son manteau était
taché d’hydromel, sa toute nouvelle barbe bouclée pleine de miettes. « En
avons-nous fini avec les affaires ? demanda-t-il soudain.
    — Loin de
là, Seigneur Roi, dit Emrys avec enthousiasme. Il nous reste à prendre une
décision sur la construction de l’église et à examiner les trois candidats à la
magistrature. J’imagine que les hommes sont ici pour être interrogés ?
demanda-t-il à Arthur.
    — Ils
sont là, l’évêque, confirma Arthur.
    — Une
bonne journée de travail pour nous, fit Emrys, satisfait.
    — Pas
pour moi, laissa tomber Mordred. Je vais à la chasse.
    — Mais,
Seigneur Roi... protesta l’évêque d’une voix douce.
    — À la
chasse ! » Il écarta son canapé de la table basse et traversa la cour
en

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