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L'ennemi de Dieu

L'ennemi de Dieu

Titel: L'ennemi de Dieu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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boitillant.
    Le silence
régnait autour de la table. Nous savions tous ce que les autres pensaient, mais
personne ne voulait parler.
    « Au
moins fait-il attention à ses armes, déclarai-je enfin, me forçant à prendre un
ton optimiste.
    — Parce
qu’il aime tuer, commenta Guenièvre d’un ton glacial.
    — Si
seulement ce garçon prenait la parole ! se plaignit Emrys. Il reste assis,
d’humeur maussade ! Et passe son temps à se curer les ongles.
    — Au
moins ce n’est pas le nez », lâcha Guenièvre d’un ton acide. Puis elle
leva les yeux sur un étranger que l’on introduisait dans la cour. Hygwydd, le
serviteur d’Arthur, annonça Cyllan, champion du Kernow : de fait, il avait
l’apparence d’un champion royal, car c’était une immense brute aux cheveux
noirs et à la barbe drue avec une hache bleue tatouée sur le front. Il s’inclina
devant Guenièvre, puis il tira une longue épée d’apparence barbare qu’il déposa
sur les dalles, la lame pointée vers Arthur.
    « Asseyez-vous,
Seigneur Cyllan, fit Arthur en désignant le siège vide de Mordred. Il y a du
fromage et du vin. Le pain vient d’être cuit. »
    Cyllan retira
son casque de fer surmonté d’un masque de chat sauvage menaçant.
    « Seigneur,
commença-t-il en gargouillant, je suis venu porteur d’une plainte...
    — Vous
êtes aussi venu le ventre vide, à ce que j’entends, trancha Arthur.
Asseyez-vous donc ! Votre escorte trouvera à manger aux cuisines. Et
ramassez l’épée. »
    Cyllan se
laissa fléchir, rompit en deux une miche de pain et se coupa un gros bout de
fromage. « Tristan », répondit-il courtoisement lorsque Arthur l’interrogea
sur la nature de sa plainte. Cyllan se mit à parler la bouche pleine, inspirant
à Guenièvre la plus vive répugnance. « L’Edling s’est réfugié dans cette
terre, Seigneur, poursuivit le champion du Kernow, emmenant la reine avec lui. »
Il prit une corne de vin qu’il vida d’un trait. « Le roi Marc souhaite
leur retour. »
    Arthur ne
répondit rien, mais se contenta de tambouriner sur le bord de la table avec les
doigts.
    Cyllan continua
à engloutir pain et fromage et se servit une nouvelle rasade de vin. « Il
est assez regrettable, reprit-il après une prodigieuse éructation, que l’Edling
soit  – il s’arrêta, jeta un coup d’œil à Guenièvre, puis rectifia son
propos  –, qu’il soit avec sa belle-mère. »
    Guenièvre
intervint, lâchant le mot que Cyllan n’avait pas osé prononcer en sa présence.
Il hocha la tête, s’empourpra et poursuivit : « Ce n’est pas ça,
Dame. Ce n’est pas qu’il vive en couple avec sa belle-mère. Mais il a aussi
volé la moitié du trésor de son père. Il a brisé deux serments, Seigneur. Le
serment envers le roi son père et le serment envers sa reine, et nous apprenons
maintenant qu’il a trouvé refuge près d’Isca.
    — J’ai
entendu dire que le prince se trouve en Dumnonie, répondit Arthur d’un ton
affable.
    — Et mon
roi demande qu’il revienne. Qu’ils rentrent tous les deux. »
    Ayant livré
son message, Cyllan s’attaqua de nouveau au fromage.
    Le Conseil se
réunit, laissant Cyllan faire le pied de grue au soleil. Les trois candidats à
la magistrature furent priés de patienter et le problème controversé de la
grande église de Sansum écarté pour débattre de la réponse d’Arthur au roi
Marc.
    « Tristan,
dis-je, a toujours été l’ami de ce pays. Quand personne d’autre ne voulait se
battre pour nous, il l’a fait. Il a conduit des hommes à Lugg Vale. Il était
avec nous à Londres. Il mérite qu’on l’aide.
    — Il a
trahi son serment envers son roi, fit Arthur d’un air las.
    — Des
serments païens, précisa Sansum, comme si Tristan en était moins coupable.
    — Mais il
a aussi volé de l’argent, objecta l’évêque Emrys.
    — Un
argent dont il espère bientôt hériter, répondis-je, tâchant de défendre mon
vieux compagnon d’armes.
    — Et c’est
précisément ce qui inquiète le roi Marc, observa Arthur. Mets-toi à sa place,
Derfel. Que crains-tu le plus ?
    — Une
pénurie de princesses ? »
    Ma légèreté le
fit froncer les sourcils. « Il craint que Tristan ne revienne au Kernow
avec des lanciers. Il craint la guerre civile. Il craint que son fils ne soit
las d’attendre sa mort, et il a bien raison de le redouter.
    — Tristan
n’a jamais été un calculateur, Seigneur, répondis-je en hochant la tête. Il
agit

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