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L'ennemi de Dieu

L'ennemi de Dieu

Titel: L'ennemi de Dieu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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n’as pas vu leurs rites ces derniers temps ?
    — Pas
depuis le mariage de Morgane.
    — Alors,
viens voir par toi-même. »
    Il faisait
nuit et nous avions fini de souper, mais Culhwch insista pour que nous
enfilions des manteaux noirs. Empruntant l’une des portes latérales du palais,
nous suivîmes une allée sombre qui menait au forum, où les chrétiens avaient
leur sanctuaire dans un vieux temple romain autrefois consacré à Apollon, mais
maintenant débarrassé de toute trace de paganisme, blanchi à la chaux et
reconsacré au christianisme. Nous entrâmes par la porte ouest et nous
dirigeâmes vers une niche plongée dans l’obscurité. Imitant la grande masse des
fidèles, nous nous agenouillâmes.
    Culhwch nous
avait expliqué que les chrétiens s’y réunissaient tous les soirs et, tous les
soirs, c’était la même frénésie après que le prêtre avait distribué aux fidèles
le pain et le vin. Du pain et du vin magiques : ils disaient que c’était
le sang et la chair de leur Dieu. Nous regardâmes les fidèles affluer vers l’autel
pour recevoir leur part. Au moins la moitié étaient des femmes et, sitôt qu’elles
avaient pris le pain des mains du prêtre, elles tombaient en extase. J’avais
souvent été témoin de cette étrange ferveur, car les vieux rites païens de
Merlin se terminaient souvent par les hurlements des femmes qui dansaient
autour du feu, sur le Tor, et ces femmes se conduisaient à peu près de la même
façon. Elles dansaient les yeux clos en agitant leurs mains vers le toit blanc
où la fumée des torches et des coupes d’encens brûlant formait une brume
épaisse. Certaines gémissaient en murmurant d’étranges paroles ; d’autres,
en transe, contemplaient une statue de la mère de leur Dieu, quelques-unes se
contorsionnaient sur le sol, mais la plupart des femmes dansaient au rythme des
chants qu’entonnaient les trois prêtres. La plupart des hommes se contentaient
de regarder, mais certains se joignaient à la danse, et ils furent les premiers
à se mettre torse nu pour commencer à se frapper le dos avec des lanières de
cuir nouées. J’étais ébahi, car je n’avais encore jamais rien vu de tel, mais
ma stupeur se transforma en horreur quand je vis certaines femmes se joindre
aux hommes et se répandre en hurlements de joie extatique tandis que les fouets
lacéraient leurs seins et leur dos nus. Arthur en fut lui aussi horrifié.
    « De la
folie, murmura-t-il, de la folie pure !
    — Elle se
propage », l’avertit Culhwch d’un air sombre.
    L’une des
femmes se flagellait avec une chaîne rouillée et ses vagissements frénétiques
résonnaient dans la grande salle de pierre tandis que son sang ruisselait sur
le carrelage.
    « Ils
vont continuer comme ça toute la nuit », dit Culhwch.
    Les fidèles s’étaient
peu à peu rapprochés pour former un cercle autour des danseurs extatiques, nous
laissant tous trois à l’écart dans notre niche ombragée. Un prêtre nous aperçut
et se dirigea vers nous : « Avez-vous mangé le corps du Christ ?
    — Nous
avons mangé de l’oie rôtie », répondit poliment Arthur en se relevant.
    Le prêtre nous
dévisagea tous les trois et reconnut Culhwch. « Païens ! hurla-t-il d’une
voix perçante. Idolâtres ! Vous osez souiller le temple de Dieu ! »
    Il frappa
Culhwch. Erreur fatale, car Culhwch lui rendit un coup qui l’envoya rouler par terre,
mais l’altercation avait attiré l’attention et une clameur s’éleva bientôt
depuis les rangs des hommes qui observaient les flagellants.
    « Il est
temps de filer », fit Arthur. Et nous nous éloignâmes prestement du forum
pour rejoindre l’arcade du palais gardée par les lanciers de Culhwch tandis que
les chrétiens sortaient en masse de l’église pour nous donner la chasse. Mais
les lanciers formèrent flegmatiquement un mur de boucliers et abaissèrent leurs
lames. Et les chrétiens ne firent aucun effort pour prendre le palais d’assaut.
    « Ils n’attaqueraient
sans doute pas la nuit, commenta Culhwch, mais le jour ils s’enhardissent. »
    Arthur
observait la meute hurlante depuis une fenêtre du palais. « Que
veulent-ils ? » demanda-t-il perplexe. Dans sa religion, il aimait sa
bienséance. Quand il venait à Lindinis, il ne manquait jamais de nous
rejoindre, Ceinwyn et moi, pour nos prières du matin. Nous nous agenouillions
tranquillement devant nos dieux lares, leur offrions un morceau de pain et
prions le

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