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L'ennemi de Dieu

L'ennemi de Dieu

Titel: L'ennemi de Dieu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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ciel de nous aider à nous acquitter de nos tâches quotidiennes. Voilà
le genre de culte qu’Arthur appréciait. Ce qu’il avait vu dans l’église d’Isca
le laissait interdit. Culhwch s’efforça de lui expliquer le fanatisme dont nous
avions été témoins :
    « Ils
croient que leur Dieu va revenir sur terre dans cinq ans et pensent que leur
devoir est de préparer la terre à sa venue. Leurs prêtres leur disent qu’il
faut éliminer les païens avant le retour de leur Dieu et affirment, dans leurs
prêches, que la Dumnonie doit se donner un roi chrétien.
    — Ils
auront Mordred, intervint Arthur d’un air sombre.
    — Alors
mieux vaudrait troquer le dragon de son bouclier contre un poisson, trancha
Culhwch, car c’est moi qui te le dis : leur ferveur ne fait qu’empirer. Il
va y avoir des problèmes.
    — Nous
allons les apaiser, promit Arthur. Nous allons leur faire savoir que Mordred
est chrétien, et peut-être se calmeront-ils. Et peut-être ferions-nous bien de
construire l’église que réclame Sansum, ajouta-t-il à mon endroit.
    — Si cela
retient les émeutiers, pourquoi pas ? » Nous quittâmes Isca le
lendemain matin, maintenant escortés par Culhwch et une douzaine de ses hommes.
Nous traversâmes l’Exe par le pont romain pour obliquer ensuite vers le sud, au
cœur des terres qui s’étendaient au-delà des côtes de la Dumnonie. Arthur ne
dit plus un mot de la frénésie chrétienne dont il avait été témoin, mais il
demeura étrangement taciturne ce jour-là, et je soupçonnai que les rites l’avaient
profondément remué. Il avait horreur de toute espèce de frénésie, car elle privait
les hommes et les femmes de leur bon sens, et il avait dû redouter les effets
de cette folie sur la paix qu’il avait mis tant de soin à établir.
    Pour l’heure,
cependant, notre problème n’était pas les chrétiens de Dumnonie, mais Tristan.
Culhwch l’avait fait prévenir de notre approche et le prince vint à notre
rencontre. Il était seul, les sabots de son cheval soulevant des nuages de
poussière tandis qu’il avançait vers nous au galop. Il nous salua d’un air
guilleret, mais eut une réaction de recul en voyant la réserve glaciale d’Arthur.
Non que ce dernier eût la moindre aversion pour Tristan : en vérité, il
aimait bien le prince. Mais Arthur avait conscience de sa mission : il n’était
pas simplement venu pour trancher une querelle, mais aussi pour juger un vieil
ami. « Il a des soucis », expliquai-je vaguement, voulant rassurer
Tristan en lui faisant comprendre que la froideur d’Arthur ne présageait
aucunement de la suite.
    Je menais mon
cheval par la bride, car j’avais toujours été plus à l’aise à pied. Après avoir
salué Culhwch, Tristan se laissa glisser de sa selle pour marcher à côté de
moi. Je lui racontai les extases des chrétiens et attribuai la froideur d’Arthur
aux inquiétudes qu’elles avaient fait naître dans son esprit. Mais Tristan ne
voulait pas en entendre parler. Il était amoureux et, comme tous les amoureux,
il ne pouvait parler que de sa bien-aimée : « Un joyau, Derfel, voilà
ce qu’elle est. Un joyau irlandais ! » Il marchait à grands pas, un
bras jeté sur mon épaule, sa longue chevelure noire cliquetant à cause des
anneaux de guerriers qu’il avait mêlés à ses tresses. Sa barbe avait blanchi,
mais c’était encore un bel homme avec un nez puissant et des yeux noirs et vifs
qui brûlaient de passion. « Elle s’appelle Iseult, fit-il d’un air
songeur.
    — Nous l’avons
entendu dire, répondis-je sèchement.
    — Une
enfant de Démétie, reprit-il, la fille d’Œngus Mac Airem. Une princesse, mon
ami, des Uí Liatháin. »
    Il dit le nom
de la tribu d’Œngus comme si ses syllabes étaient forgées dans l’or le plus
pur.
    « Iseult
des Uí Liatháin ! Quinze printemps et belle comme la nuit. »
    Je pensai à l’indomptable
passion d’Arthur pour Guenièvre et à mon âme qui avait longtemps soupiré après
Ceinwyn, et j’en eus le cœur contrit pour mon ami. L’amour l’avait aveuglé,
emporté, rendu fou. Tristan avait toujours été un homme passionné, partagé
entre le désespoir le plus noir et des phases d’exaltation, mais c’était la
première fois que je le voyais assailli par les tornades de l’amour. « Ton
père, commençai-je prudemment, demande le retour d’Iseult.
    — Mon
père est vieux, répondit-il, balayant l’obstacle d’un revers de

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