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L'ennemi de Dieu

L'ennemi de Dieu

Titel: L'ennemi de Dieu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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et fit vaciller les
petites flammes des chandelles et des lanternes à mèche de jonc ensuiffées. « Le
désir de ton âme », chuchota à nouveau Merlin, mais quand je me tournai à
gauche, il s’était évanoui.
    Et, dans la
nuit, le tonnerre gronda. Les Dieux étaient à l’étranger et, cette nuit-là, j’étais
convoqué sur le Dolforwyn.
     
    *
     
    Je quittai le
banquet avant la remise des cadeaux, avant que les bardes ne chantent et que
les guerriers avinés ne haussent la voix pour entonner l’obsédant Chant de
Nwyfre. J’entendis le chant s’élever loin derrière moi alors que je longeais
seul la vallée où Ceinwyn m’avait parlé de sa visite au lit de crânes et de l’étrange
prophétie qui n’avait aucun sens.
    Je portais mon
armure, mais pas de bouclier. Hywelbane, mon épée, était à mon côté, et mon
manteau vert recouvrait mes épaules. Nul homme ne marchait dans la nuit d’un cœur
léger, car la nuit appartenait aux goules et aux esprits, mais je répondais à l’appel
de Merlin : je me savais donc en sécurité.
    Je m’engageai
sur la route de l’est qui menait des remparts jusqu’à la frange sud de la
chaîne de collines où se trouvait le Dolforwyn. Ce fut une longue marche,
quatre heures dans une nuit épaisse et pluvieuse, et la route était noire comme
poix. Mais les Dieux devaient désirer me voir arriver, car je ne me perdis pas
en chemin et ne rencontrai aucun danger dans la nuit.
    Merlin, je le
savais, ne devait pas être bien loin devant, et bien que je fusse de deux vies
plus jeune que lui, à aucun moment je ne l’aperçus ni même ne l’entendis. J’entendis
juste le chant se perdre dans l’obscurité, puis j’écoutai le ruissellement de
la rivière sur les pierres et le crépitement de la pluie sur les feuilles. J’entendis
aussi le cri d’un lièvre attrapé par une belette et le cri perçant d’un
blaireau cherchant sa femelle. Je passai devant deux cabanes où le feu de l’âtre
se mourait sous le toit de chaume. De l’une des huttes, une voix d’homme
appela, mais je répondis que j’allais en paix, et il fit taire son chien.
    Je quittai la
route pour m’engager sur le chemin qui serpentait au flanc du Dolforwyn, et je
craignis que l’obscurité ne me fît perdre mon chemin sous les chênes, mais les
nuages se dispersèrent, laissant filtrer à travers les feuillages lourds de
pluie un mince filet de lune blafarde qui m’indiqua le chemin caillouteux qui
menait au sommet de la royale colline. Nul homme n’y habitait. C’était un lieu
de chênes, de pierres et de mystère.
    Le chemin
débouchait sur le grand espace découvert du sommet, où se dressait la salle de
banquet solitaire, avec le cercle de pierres debout où Cuneglas avait été
acclamé. Ce sommet était le lieu le plus sacré du Powys, mais il restait désert
le plus clair de l’année : on n’y venait que pour les grands banquets ou
les plus hautes solennités. À cette heure, au clair de lune, la salle restait
noyée dans l’obscurité. Le sommet de la colline paraissait désert.
    Je m’arrêtai à
la lisière des chênes. Une chouette effraie s’envola juste au-dessus de moi,
son corps trapu porté par de courtes ailes effleurant la queue de loup de mon
casque. La chouette était un augure, mais je ne pouvais dire si l’augure était
bon ou mauvais, et je fus soudain effrayé. C’est la curiosité qui m’avait
attiré ici, mais je percevais maintenant le danger. Merlin n’exaucerait pas le
désir de mon âme pour rien. Ce qui voulait dire que j’étais ici pour faire un
choix et un choix, sans doute, que je n’avais aucune envie de faire. En vérité,
je le redoutais tant que je faillis retourner dans l’obscurité des arbres, mais
la cicatrice de ma main gauche se rappela à moi et je restai sur place.
    Cette
cicatrice était l’œuvre de Nimue et, chaque fois qu’elle palpitait, je savais
que mon destin m’échappait. J’en avais fait le serment à Nimue. Je ne pouvais
faire marche arrière.
    La pluie avait
cessé et les nuages se dispersaient. Un vent froid fouettait la cime des
arbres, mais il ne pleuvait plus. Il faisait encore nuit noire. L’aube ne
pouvait être bien loin, mais on ne voyait encore poindre aucune lueur à travers
les collines de l’est. Il n’y avait que le pâle éclat de la lune, qui
transformait les pierres du cercle royal du Dolforwyn en formes argentées dans
la nuit.
    Je me dirigeai
vers le cercle de pierres. Le battement

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