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L'ennemi de Dieu

L'ennemi de Dieu

Titel: L'ennemi de Dieu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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« L’homme a-t-il dit où il se les était
procurés ?
    — Les
Saxons, fit Tudwal en haussant les épaules.
    — Nous
devrions certainement les conserver, dis-je docilement en les lui rendant. Ils
devraient trouver place dans le trésor. « Où, pensais-je, reposait
Hywelbane à côté de tous les autres petits trésors que j’avais conservés de mon
ancienne vie. Tous, sauf la petite broche dorée de Ceinwyn, que je cachais au
saint plus âgé. Je remerciai humblement le jeune saint de m’avoir consulté et
inclinai la tête lorsqu’il se retira.
    « Petit
crapaud pustuleux », lâcha Igraine quand Tudwal fut parti. Elle cracha en
direction du feu. « Etes-vous chrétien, Derfel ?
    — Bien
sûr que oui, Dame ! protestai-je. Quelle question ! »
    Elle fronça
les sourcils en me regardant d’un air moqueur. « Je vous le demande parce
qu’il me semble que vous êtes moins chrétien aujourd’hui que vous ne l’étiez
quand vous avez commencé ce récit. »
    Observation
sagace, pensais-je, et qui n’était que trop vraie. Mais je n’osais le confesser
ouvertement, car Sansum serait trop heureux d’avoir un prétexte pour m’accuser
d’hérésie et me brûler sur le bûcher. Il ne lésinerait pas sur ce bois, même s’il
réduisait à la portion congrue ce que nous pouvions brûler dans nos âtres. Je
souris : « Vous me faites penser aux choses anciennes, Dame, c’est
tout. » Plus je me souviens de ces années, plus les souvenirs me
reviennent. Je touchai un clou de fer de mon écritoire de bois pour conjurer le
mal de la haine de Sansum.
    « Il y a
longtemps que j’ai abandonné le paganisme.
    — J’aurais
aimé être païenne », dit Igraine d’un air désenchanté, resserrant son
manteau de loutre sur ses épaules. Elle a encore les yeux pétillants, et son
visage est si plein de vie que je suis sûr qu’elle est enceinte. « Ne
racontez pas aux saints que j’ai dit ça, s’empressa-t-elle d’ajouter pour me
demander aussitôt : Et Mordred, il était chrétien ?
    — Non.
Mais il savait sur qui il devait s’appuyer en Dumnonie, et il fit ce qu’il
fallait pour contenter les chrétiens. Il laissa Sansum bâtir sa grande église.
    — Où ?
    — Sur
Caer Cadarn, fis-je en souriant à ce souvenir. Mais elle est restée inachevée.
Ce devait être une grande église en forme de croix. Il prétendait que l’église
accueillerait le second avènement du Christ en l’an 500 et il démolit la
majeure partie de la salle de banquet pour récupérer le bois, et le cercle de
pierres afin d’assurer les fondations de l’église. Il prit la Pierre royale,
naturellement. Puis il prit la moitié des terres qui appartenaient au palais de
Lindinis et se servit de leur richesse pour payer les moines de Caer Cadarn.
    — Vos
terres ?
    — Ça n’a
jamais été mes terres, répondis-je en hochant la tête. C’étaient celles de
Mordred. Et, naturellement, Mordred voulut nous chasser de Lindinis.
    — Pour
habiter le palais ?
    — Pour
Sansum. Mordred s’installa dans le Palais d’hiver d’Uther. Il s’y plaisait.
    — Et
vous, alors ?
    — Nous nous
sommes trouvé une maison. »
    C’était l’ancienne
salle d’Ermid, au sud de l’étang d’Issa. L’étang ne portait pas le nom de mon
Issa, bien sûr, mais d’un ancien chef, et Ermid était lui aussi un ancien chef
qui avait habité sur la rive sud. À sa mort, j’avais racheté ses terres, où je
m’étais installé lorsque Sansum et Morgane avaient emménagé à Lindinis. Les
grands couloirs et les chambres qui résonnaient de leurs cris manquèrent aux
filles, mais, pour ma part, j’aimais bien la salle d’Ermid. C’était une vieille
salle au toit de chaume, dressée à l’ombre des arbres et pleine d’araignées qui
faisaient hurler Morwenna. C’est ainsi que pour ma fille aînée je devins
seigneur Derfel Cadarn, le massacreur des araignées.
    « Et vous
auriez tué Culhwch ? voulut savoir Igraine.
    — Bien
sûr que non !
    — Je hais
Mordred.
    — Vous n’êtes
pas la seule, Dame. »"
    Elle garda
quelques instants les yeux fixés sur le feu.
    « Il
fallait vraiment qu’il soit roi ?
    — Du
moment que l’affaire était entre les mains d’Arthur, oui. Si j’avais été à sa
place ? Non, je l’aurais tué avec Hywelbane, malgré mon serment. C’était
un triste sire.
    — Tout
cela me paraît si triste.
    — Et
pourtant, le bonheur n’a pas manqué dans ces années-là,

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