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L'ennemi de Dieu

L'ennemi de Dieu

Titel: L'ennemi de Dieu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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répondis-je, et même
après, parfois. Nous étions assez heureux alors. »
    J’entends
encore les cris des filles qui résonnaient à Lindinis, leur course précipitée,
leur excitation lorsqu’elles trouvaient un nouveau jeu ou faisaient quelque
étrange découverte. Ceinwyn était toujours heureuse  – elle était douée
pour cela  – et ceux qui vivaient autour d’elle héritaient de ce bonheur
et le transmettaient. Et la Dumnonie, j’imagine, était heureuse. Elle prospérait,
c’est sûr, et ceux qui travaillaient s’enrichissaient. Les chrétiens avaient
beau maugréer, ce furent malgré tout des années de gloire : un temps de
paix, celui d’Arthur.
    Igraine
éplucha les nouvelles feuilles de parchemin pour retrouver un passage.
    « À
propos de la Table Ronde, commença-t-elle.
    — Je vous
en prie, dis-je, levant la main pour faire taire la protestation que je voyais
venir.
    — Derfel !
me reprit-elle d’une mine sévère. Tout le monde sait que c’était une chose
sérieuse ! Une chose importante ! Tous les meilleurs guerriers de la
Bretagne, tous engagés envers Arthur, et tous amis. Tout le monde le sait !
    — C’était
une table fêlée qui, à la fin de la journée, l’était encore un peu plus et
couverte de vomissures. Ils étaient tous dans les vignes du Seigneur. »
    Elle soupira. « J’espère
que vous avez simplement oublié la vérité », dit-elle, passant beaucoup
trop facilement à un autre sujet, ce qui me laisse penser que Dafydd, le clerc
qui traduit mes mots en langue bretonne en sortira quelque chose de beaucoup
plus conforme aux goûts d’Igraine. Il n’y a pas si longtemps, j’ai entendu
raconter que la table était un immense cercle de bois autour duquel prenait
place, avec solennité, toute la Confrérie de Bretagne. Or, il n’y a jamais eu
de table pareille, et il ne pouvait y en avoir, à moins d’abattre la moitié des
bois de la Dumnonie pour la fabriquer.
    « La
Confrérie de Bretagne, expliquai-je en m’armant de patience, est une idée d’Arthur
qui n’a jamais vraiment marché. C’était impossible ! Les serments royaux l’emportaient
sur le serment de la Table Ronde. Qui plus est, hormis Arthur et Galahad,
personne n’y a jamais vraiment cru. À la fin, vous pouvez me croire, il était
même gêné quand on y faisait allusion.
    — Je suis
sûre que vous avez raison, fit-elle de l’air de dire qu’elle était persuadée du
contraire. Et je voudrais savoir ce qu’est devenu Merlin.
    — Je vous
le dirai. Promis.
    — Tout de
suite ! Dites-le-moi maintenant. Il s’est simplement évanoui ?
    — Non.
Voyez-vous, son heure vint. Nimue avait raison. À Lindinis, il ne faisait qu’attendre.
Il a toujours aimé donner le change. Souvenez-vous ! Tout au long de ces
années, il a joué au vieil homme moribond, mais en sous-main, sans que personne
ne la vît, la puissance était toujours là. Mais c’est vrai qu’il était vieux et
qu’il devait économiser ses forces. En fait, il attendait que le Chaudron refît
surface. Il savait qu’il aurait alors besoin de toute sa force. En attendant,
il lui suffisait de savoir que Nimue entretenait la flamme.
    — Alors !
Que s’est-il passé ? » demanda Igraine, tout excitée.
    J’enveloppai
mon moignon dans la manche de ma robe. « Si Dieu me prête vie, ma Dame, je
vous le raconterai. » Et je me refusai à en dire davantage. J’étais au
bord des larmes en songeant au dernier déchaînement de la puissance de Merlin
en Bretagne, mais cet épisode survint beaucoup plus tard, longtemps après que
la prophétie sur la venue des rois à Cadarn s’était réalisée.
    « Si vous
ne me le racontez pas, reprit Igraine, je ne vous donnerai pas des nouvelles de
moi.
    — Vous
êtes enceinte, fis-je, et j’en suis ravi pour vous.
    — Quel
goujat ! protesta Igraine. Moi qui voulais vous en faire la surprise !
    — Vous
avez prié pour cela, Dame, et j’ai prié pour vous. Comment Dieu aurait-il pu
laisser nos prières sans réponses ? »
    Elle fit la
moue.
    « Dieu a
envoyé la vérole à Nwylle, voilà ce qu’il a fait. Elle était couverte de
pustules et de plaies qui suintaient le pus, et le roi l’a renvoyée.
    — J’en
suis ravi.
    — J’espère
simplement qu’il vivra assez longtemps pour régner, fit-elle en se passant la
main sur le ventre.
    — Il ?
    — Il,
répondit-elle avec fermeté. C’est un garçon.
    — Alors
je prierai pour cela

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