L'ennemi de Dieu
éclairés
pendant que nous traversions le lac et qui nous révélèrent l’horrible
spectacle.
Mais la
bataille n’était pas terminée. Dinas et Lavaine avaient bien concocté leur
trahison, mais leurs hommes n’avaient pas réussi à enfoncer la porte de la
salle et mes derniers lanciers tenaient encore le grand bâtiment. Je voyais leurs
boucliers et leurs lances qui bloquaient l’arche, tandis qu’on devinait une
autre lance dans l’embrasure de l’une des fenêtres hautes par où s’échappait la
fumée. Deux de mes chasseurs y avaient pris position, et leurs flèches
empêchaient les hommes de Dinas et Lavaine de porter le feu de l’entrepôt à la
chaumière. Ceinwyn, Morwenna et Seren étaient toutes à l’intérieur, de même que
Merlin, Malaine et la plupart des autres femmes et enfants qui vivaient à l’intérieur
de l’enceinte. Mais ils étaient cernés par un ennemi supérieur en nombre. Et
les druides ennemis avaient découvert Dian.
Dian dormait
dans l’une des cabanes. Elle le faisait souvent, aimant la compagnie de sa
vieille nourrice qui avait épousé mon forgeron. Peut-être était-ce son casque d’or
qui l’avait fait repérer ou peut-être la farouche Dian avait-elle craché son
défi à ses ravisseurs en leur promettant que son père se vengerait.
Dans sa robe
noire, son fourreau vide pendant à sa hanche, Lavaine serrait Dian contre son
corps. Elle se débattait de son mieux avec ses petits pieds sales qui s’agitaient
sous sa robe blanche, mais Lavaine avait passé son bras gauche autour de sa
taille et, de sa main droite, tenait une épée nue contre sa gorge.
Issa me retint
par le bras pour m’empêcher de charger furieusement contre les hommes en armure
postés devant la salle assiégée. Ils étaient une vingtaine. Je ne voyais pas
Dinas, mais je soupçonnais qu’il était à l’arrière de la salle avec les autres
lanciers ennemis, afin de barrer toute issue aux âmes piégées à l’intérieur.
« Ceinwyn !
lança Lavaine de sa voix caverneuse. Sortez ! Mon roi vous demande ! »
Je déposai ma
lance et tirai Hywelbane. Sa lame émit un léger sifflement en frottant la gorge
du fourreau.
« Sortez ! »
cria de nouveau Lavaine.
Je passai les
mains sur les os de porc sertis dans la garde de l’épée et priai mes dieux de
me rendre terrible cette nuit-là.
« Vous
préférez voir mourir votre petite morveuse ? demanda Lavaine, et la
pression de la lame sur sa gorge arracha à Dian un hurlement. Votre homme est
mort ! reprit Lavaine. Il est mort au Powys avec Arthur. Il ne viendra pas
à votre secours. »
Issa gardait
la main sur mon bras : « Pas encore, Seigneur. Pas encore »,
murmura-t-il.
Les boucliers
qui gardaient la porte d’entrée s’ouvrirent, laissant le passage à Ceinwyn.
Elle était vêtue d’un manteau noir qu’elle tenait serré autour de sa gorge.
« Reposez
l’enfant, dit-elle calmement.
— L’enfant
sera libéré quand vous serez venue à moi, répondit Lavaine. Mon roi exige votre
compagnie.
— Votre
roi ? demanda Ceinwyn. Quel roi ? »
Elle savait
parfaitement de qui étaient les hommes venus cette nuit, car leurs boucliers
seuls les trahissaient, mais elle ne voulait pas faciliter la tâche de Lavaine.
« Le roi
Lancelot, dit Lavaine. Roi des Belges et roi de Dumnonie. »
Ceinwyn tira
son manteau noir sur ses épaules : « Et qu’attend donc de moi le roi
Lancelot ? »
Derrière elle,
à l’arrière de la salle vaguement éclairée par l’entrepôt en flammes, j’apercevais
d’autres lanciers. Ils avaient sorti les chevaux de mes écuries et observaient
maintenant la confrontation entre Ceinwyn et Lavaine.
« Cette
nuit, Dame, expliqua Lavaine, mon roi a pris une épouse.
— Alors
il n’a aucun besoin de moi, fit Ceinwyn en haussant les épaules.
— Mais l’épouse
ne saurait accorder au roi les privilèges qu’un homme attend de sa nuit de
noces. C’est à vous, Dame, de lui donner son plaisir. C’est une vieille dette d’honneur
que vous lui devez. En outre, ajouta Lavaine, vous êtes veuve, maintenant. Vous
avez besoin d’un autre homme. »
Je me raidis,
mais Issa me saisit de nouveau par le bras. L’un des gardes saxons proches de
Lavaine s’agitait, Issa suggéra sans mot dire que nous attendions que l’homme
fût à nouveau détendu.
Ceinwyn laissa
tomber la tête quelques instants, puis la redressa : « Et si je viens
avec vous, dit-elle d’une voix
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