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L'ennemi de Dieu

L'ennemi de Dieu

Titel: L'ennemi de Dieu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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« Ce n’est pas le fait du Christ, tu le sais,
Derfel, n’est-ce pas ? C’est l’œuvre du Malin. » Il me regarda d’un
air peiné, presque effrayé : « C’est vrai ce qu’on dit au sujet de
Dian ?
    — C’est
vrai. »
    Galahad me
serra dans ses bras sans dire un mot. Il ne s’était jamais marié et n’avait pas
d’enfant, mais il adorait mes filles. Il raffolait des enfants.
    « C’est
Dinas et Lavaine qui l’ont tuée. Et ils vivent encore.
    — Mon
épée est à toi.
    — Je le
sais.
    — Et si c’était
l’œuvre du Christ, ajouta gravement Galahad, Dinas et Lavaine ne seraient pas
au service de Lancelot.
    — Je ne
blâme pas ton Dieu ni aucun autre Dieu. »
    Je me
retournai pour voir l’agitation autour de Mordred. Arthur réclamait le silence.
Il avait envoyé des serviteurs chercher des vivres et des vêtements dignes d’un
roi, tandis que d’autres hommes essayaient d’en savoir plus,
    « Lancelot
n’a pas exigé ton serment ? demandai-je à Galahad.
    — Il ne
me savait pas à Durnovarie. J’étais chez l’évêque Emrys, qui m’a donné une robe
de moine à passer sur ma cotte de mailles, puis j’ai filé dans le nord. Le
pauvre Emrys ne sait plus où il en est. Il croit que ses chrétiens sont devenus
fous, ce dont je suis persuadé moi aussi. Sans doute aurais-je pu rester et me
battre, mais je n’en ai rien fait. Je me suis précipité. J’avais entendu dire
que vous étiez morts, Arthur et toi, mais je ne l’ai pas cru. Je croyais te
trouver, mais c’est notre roi que j’ai découvert. »
    Il me raconta
que Mordred était parti à la chasse au sanglier au nord de Durnovarie et
Lancelot, pensait Galahad, avait envoyé des hommes pour intercepter le roi à
son retour à Durnovarie. Mais une petite villageoise avait tourné la tête de Mordred,
et quand ses compagnons et lui en eurent fini avec elle, il était presque nuit.
Il avait donc réquisitionné la plus grande maison du village et fait apporter
des victuailles. Ses assassins l’avaient attendu à la porte nord de la ville
tandis que Mordred festoyait à quatre lieues de là. Et c’est dans la soirée que
Lancelot avait donné le signal du massacre alors même que le roi de Dumnonie
avait échappé à l’embuscade. Ils avaient fait courir la rumeur de sa mort pour
justifier son usurpation.
    Mordred fut
averti des troubles lorsque les premiers fugitifs arrivèrent de Durnovarie. La
plupart de ses compagnons avaient disparu, les villageois s’armaient de courage
pour tuer le roi qui avait violé une de leurs filles et dérobé une bonne partie
de leur nourriture. Mordred avait cédé à la panique. Ses derniers amis et lui
avaient fui dans le nord, déguisés en villageois.
    « Ils
voulaient rejoindre Caer Cadarn, m’expliqua Galahad, comptant y trouver des
lanciers fidèles, mais c’est moi qu’ils trouvèrent. Je voulais aller chez toi,
mais on nous a dit que tes gens avaient fui, et je l’ai donc conduit dans le
nord.
    — Tu as
vu des Saxons ? »
    Il hocha la
tête : « Ils sont dans la vallée de la Tamise. Nous les avons évités. »
    Il regarda la
bousculade autour de Mordred : « Alors, que se passe-t-il maintenant ? »
demanda-t-il.
    Mordred avait
des idées bien arrêtées. Vêtu d’un manteau d’emprunt, il était attablé et se
bâfrait de pain et de bœuf salé. Il exigeait qu’Arthur partit sur-le-champ dans
le sud et, chaque fois qu’Arthur faisait mine de l’interrompre, le roi tapait
sur la table et répétait son ordre. « Serais-tu en train de manquer à ton
serment ? finit par brailler Mordred, crachant des bouts de pain et de
viande à demi mâchés.
    — Le
seigneur Arthur, répliqua Cuneglas d’un ton acide, cherche à préserver sa femme
et son enfant. »
    Mordred
considéra le roi du Powys d’un air interdit : « Plutôt que mon
royaume ? demanda-t-il enfin.
    — Si
Arthur part en guerre, expliqua Cuneglas, Guenièvre et Gwydre mourront.
    — Alors
nous ne faisons rien ? hurla Mordred, soudain hystérique.
    — Nous
prenons le temps de réfléchir, répondit Arthur avec aigreur.
    — De
réfléchir ? fit Mordred en se relevant. Tu te contentes de réfléchir
pendant que ce salaud règne sur mon pays ? Tu as prêté serment ? Et à
quoi bon ces hommes si tu ne combats pas ? demanda-t-il en montrant de la
main les lanciers qui formaient désormais un cercle autour de la table. Tu vas
combattre pour moi, voilà ce que tu vas faire !

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