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L'ennemi de Dieu

L'ennemi de Dieu

Titel: L'ennemi de Dieu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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trouverons un accord. Il me
craint, mais s’il découvre qu’il n’y a rien à craindre, il me laissera la vie.
Et il ne touchera pas à ma famille. »
    Le silence se
fit à nouveau, le temps que nous digérions ses paroles, puis Culhwch gronda :
« Tu laisserais ce salaud de Lancelot devenir roi ? »
    Quelques
lanciers grognèrent leur approbation.
    « Cousin,
cousin ! fit Arthur pour apaiser Culhwch. Lancelot n’est pas un méchant
homme. Il est faible, je crois, mais pas mauvais. Il ne fait pas de plans et n’a
point de rêves. Il a juste un œil cupide et des mains prestes. Il s’empare des
choses qui lui tombent sous la main, les thésaurise et attend la prochaine aubaine.
Pour l’heure, il veut ma mort, parce qu’il me craint, mais quand il s’apercevra
que le prix de ma mort est trop élevé, il se contentera de ce qu’il peut
obtenir.
    — Il acceptera
ta mort, imbécile ! fit Culhwch en tapant du poing sur la table. Il te
débitera un chapelet de mensonges, protestera de son amitié et t’enfoncera une
épée entre les côtes dès l’instant où les rois seront repartis.
    — Il me
mentira, fit placidement Arthur. Tous les rois mentent. On ne saurait diriger
aucun royaume sans mensonges, car c’est avec les mensonges qu’on se forge une
réputation. Nous payons des bardes pour faire de nos mesquines victoires de
grands triomphes, et il nous arrive même de croire les boniments qu’ils nous
chantent. Lancelot voudrait croire à toutes ces chansons, mais la vérité est qu’il
est faible et qu’il désespère d’avoir des amis forts. Il me craint aujourd’hui,
car il me soupçonne hostile, mais lorsqu’il découvrira que je ne suis pas un
ennemi, il s’apercevra qu’il a aussi besoin de moi. Il aura besoin de tous les
hommes qu’il pourra rassembler afin de débarrasser la Dumnonie de Cerdic.
    — Et qui
donc a invité Cerdic en Dumnonie ? protesta Culhwch. C’est Lancelot !
    — Et il
va bientôt le regretter, répondit calmement Arthur. Il s’est servi de Cerdic
pour s’emparer de son butin, mais il va se rendre compte que le Saxon est un
allié dangereux.
    — Vous
vous battriez pour Lancelot ? demandai-je, horrifié.
    — Je me
battrai pour la Bretagne. Je ne puis demander à des hommes de mourir pour faire
de moi ce que je ne veux pas être, mais je puis leur demander de se battre pour
leurs foyers, leurs femmes et leurs enfants. Voilà pourquoi je vais me battre.
Pour Guenièvre. Et pour vaincre Cerdic. Et, une fois qu’il sera vaincu, qu’importe
si Lancelot règne sur la Dumnonie ? Il faut bien qu’il y ait un roi et j’ose
dire qu’il fera un meilleur roi que Mordred. »
    De nouveau, ce
fut le silence. Un chien gémit dans un coin de la salle, un lancier renifla.
Arthur nous regarda et comprit que nous étions encore médusés.
    « Si je
combats Lancelot, reprit-il, nous ramènerons la Bretagne là où elle en était
avant Lugg Vale. Une Bretagne dans laquelle nous nous entre-tuons au lieu de
combattre les Saxons. Il n’y a qu’un seul principe ici, sur lequel Uther ne
cessait d’insister : tenir les Saxons à l’écart de la mer de Severn. Et
maintenant, poursuivit-il avec vigueur, les Saxons sont plus près du Severn qu’ils
ne l’ont jamais été. Si je me bats pour un trône dont je ne veux pas, je donne
à Cerdic l’occasion de prendre Corinium, puis cette ville-ci. Et s’il prend
Glevum, nous sommes coupés en deux. Si je combats Lancelot, les Saxons
gagneront tout. Ils prendront la Dumnonie et le Gwent, puis ils pousseront dans
le nord jusqu’au Powys.
    — Exactement,
approuva Meurig.
    — Je ne
me battrai pas pour Lancelot », répliquai-je avec humeur.
    Culhwch m’applaudit
tandis qu’Arthur tourna vers moi un visage souriant : « Mon cher ami
Derfel, je ne comptais pas te voir combattre pour Lancelot, même si je souhaite
voir tes hommes combattre Cerdic. Et pour aider Lancelot à battre Cerdic, je
mets un prix : qu’il te donne Dinas et Lavaine. »
    Je le regardai
fixement. Jusqu’à cet instant, je n’avais pas compris à quel point il voyait
loin. Nous autres ne voulions voir que la trahison de Lancelot, mais Arthur ne
pensait qu’à la Bretagne et à la nécessité impérative de tenir les Saxons loin
du Severn. Il balaierait l’hostilité de Lancelot, lui imposerait ma vengeance
et poursuivrait son œuvre en combattant les Saxons.
    « Et les
chrétiens ? demanda Culhwch d’un air railleur. Tu crois qu’ils

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