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L'ennemi de Dieu

L'ennemi de Dieu

Titel: L'ennemi de Dieu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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indienne, toujours hors de vue du palais. Notre
apparition effraya quelques lièvres qui se nourrissaient au clair de lune :
pris de panique, ils détalèrent tandis que nous avancions à travers les
arbustes et descendions péniblement la pente jusqu’à la plage de galets. De là,
nous nous dirigeâmes du côté ouest, la digue nous cachant aux gardes postés
sous les arcades du palais. Au sud, le sifflement du vent et le fracas des
lames qui venaient se briser sur la côte couvraient le bruit de nos bottes.
    Jetant un coup
d’œil par-dessus la digue, je vis le Palais marin en équilibre, telle une
grande merveille blanche au clair de lune au-dessus de la terre sombre. Sa
beauté me fit penser à Ynys Trebes, la cité magique de la mer que les Francs
avaient ravagée et détruite. Il avait la même grâce aérienne et chatoyait dans les
ténèbres comme s’il était fait de rayons de lune.
    Une fois à l’ouest
du palais, nous escaladâmes la digue, nous aidant les uns les autres de la
hampe de nos lances, puis nous suivîmes Nimue à travers bois. Les feuillages de
l’été laissaient suffisamment passer la lumière de la lune pour éclairer notre
chemin, mais aucun garde ne nous défia. Le bruit incessant de la mer dominait
la nuit. Tout près de nous, un cri perçant nous cloua sur place, puis on
reconnut la plainte d’un lièvre tué par une fouine. Soulagée, notre colonne s’ébranla
à nouveau.
    La marche nous
parut en vérité bien longue. Mais Nimue finit par tourner à l’est et nous la
suivîmes à l’orée du bois : les murs blanchis à la chaux du palais étaient
devant nous. Nous étions tout près du puits de bois par lequel le clair de lune
pénétrait dans le temple : il faudrait attendre encore un bon moment avant
que la lune fût assez haute dans le ciel pour éclairer le cellier aux murs
noirs.
    Nous étions à
la lisière du bois quand le chant commença. Au début, il était si doux que je
crus entendre le geignement du vent, puis il prit de l’ampleur et je compris
que c’était un chœur de femmes qui chantait quelque étrange et mystérieuse
musique retentissante, qui ne ressemblait à rien de ce que j’avais entendu jusque-là.
Le chant devait nous parvenir par le puits, car il semblait très lointain :
un chant spectral, tel un chœur de morts qui s’élèverait depuis les Enfers.
Nous ne comprenions pas les paroles, mais nous savions que c’était un chant
triste, un genre de mélopée, qui tantôt s’enflait, tantôt s’amenuisait au point
de se confondre avec le lointain murmure de la mer. La musique était fort
belle, mais elle me fit frémir et je touchai la pointe de ma lance.
    Si nous étions
sortis des bois ici, les gardes de l’arcade ouest auraient pu nous apercevoir.
Nous avançâmes donc de quelques pas afin de nous frayer un chemin vers le
palais à l’abri du dédale moucheté des ombres que dessinait la lune. Il y avait
là un verger, quelques rangées de petits arbres fruitiers et même une haute
palissade destinée à protéger un potager des cerfs et des lièvres. Nous
avancions lentement, un par un, au rythme de la lancinante mélopée. Un panache
de fumée s’élevait au-dessus du puits tandis que le léger vent de la nuit en
portait l’odeur jusqu’à nous : une odeur de temple, une odeur acre qui
donnait presque la nausée.
    Nous n’étions
plus qu’à quelques mètres des cabanes des lanciers. Un chien se mit à aboyer,
puis un autre, mais personne ne s’inquiéta. Des voix s’élevèrent pour leur dire
de se taire et, peu à peu, les chiens se calmèrent. De nouveau, on n’entendait plus
que le bruit du vent dans les arbres, le geignement de la mer et la douce et
mystérieuse mélopée.
    Je marchais en
tête, car j’étais le seul à avoir déjà franchi cette petite porte. Je craignais
de me tromper, mais la retrouvai sans mal. Je descendis précautionneusement les
vieilles marches de briques et poussai doucement la porte. Elle résista et, l’espace
d’un battement de cœur, je crus que la barre était restée en place, puis elle s’ouvrit
dans un affreux grincement métallique et je me retrouvai inondé de lumière.
    Le cellier
était éclairé par des chandelles. Je cillai, ébloui : « Vite !
vite ! » fit Gwenhwyvach d’une voix sifflante.
    Toute la bande
s’engouffra à l’intérieur : trente solides gaillards en armure, avec leurs
manteaux, leurs casques et leurs lances. Gwenhwyvach nous siffla de faire
silence,

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