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L'ennemi de Dieu

L'ennemi de Dieu

Titel: L'ennemi de Dieu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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lança-t-elle, les
chiens gambadant autour d’elle tandis qu’elle dévalait la pente d’un pas
guilleret.
    « Elle
est folle ? demandai-je à Arthur.
    — Aigrie,
je crois, répondit-il en regardant sa silhouette massive sur le flanc de la
colline. Mais elle nous laissera entrer, Derfel. Elle nous laissera entrer. »
    Il sourit et
tendit la main pour cueillir une pleine poignée de bleuets au bord du champ. Il
fit un petit bouquet qu’il me donna avec un sourire embarrassé : « Pour
Guenièvre, expliqua-t-il. Pour cette nuit. »
    À la brune,
les faneurs, leur travail achevé, quittèrent les champs. Les gardes postés sur
le toit descendirent leur longue échelle. Les brasiers de l’arcade furent
alimentés de bois frais, mais je me dis que les feux étaient destinés à
éclairer le palais plutôt qu’à prévenir de l’approche d’un éventuel ennemi. Les
goélands regagnèrent leurs perchoirs à l’intérieur des terres, tandis que le
soleil couchant rendait leurs ailes aussi roses que les liserons emmêlés aux
ronces.
    De retour dans
les bois, Arthur passa son armure d’écailles. Il attacha Excalibur sur le métal
chatoyant de sa cotte et jeta un manteau noir sur ses épaules. Il portait
rarement des manteaux noirs, car il préférait le blanc. Mais de nuit, on
passerait plus facilement inaperçus en noir. Il porterait son casque brillant
sous son manteau pour cacher son somptueux panache de grandes plumes d’oie
blanches.
    Dix cavaliers
resteraient dans les arbres. Ils attendraient qu’Arthur sonne de sa corne d’argent,
puis chargeraient sur les cabanes des lanciers. Les gros chevaux et leurs
cavaliers en armures, surgissant à grand fracas de la nuit, sèmeraient la panique
parmi les gardes tentés de gêner notre retraite. Arthur espérait ne pas avoir à
lancer son appel avant que nous ayons trouvé Gwydre et Guenièvre et que nous
soyons prêts à filer.
    Quant à nous,
nous devions nous diriger vers le flanc ouest du palais. De là, nous ramperions
dans l’ombre des jardins de la cuisine jusqu’à la porte du cellier. Si
Gwenhwyvach manquait à sa promesse, il nous faudrait faire le tour du palais,
tuer les gardes et briser les volets d’une fenêtre de la terrasse. Une fois
dans les lieux, nous devions tuer tous les lanciers qui nous tomberaient sous
la main.
    Nimue nous
accompagnerait. Quand Arthur eut fini de parler, elle nous expliqua que Dinas
et Lavaine n’étaient pas des druides dignes de ce nom, qu’ils n’avaient rien à
voir avec Merlin ni avec le vieux Iorweth, mais elle nous avertit que les jumeaux
siluriens possédaient d’étranges pouvoirs et qu’il fallait nous attendre à
quelques tours de magie. Elle avait passé l’après-midi à fouiller les bois et
elle nous sortit alors un manteau enroulé qui semblait remuer tout seul. Devant
ce spectacle étrange, mes hommes s’empressèrent de toucher la pointe de leur lance :
« J’ai ici de quoi contrer leurs charmes, mais soyez prudents.
    — Et je
veux Dinas et Lavaine vivants », dis-je à mes hommes.
    Nous
attendîmes, en armure et en armes : quarante hommes vêtus de fer, d’acier
et de cuir. Nous attendîmes que le soleil se couche et que la pleine lune d’Isis
surgisse de la mer comme un grand disque d’argent. Nimue prépara ses charmes
tandis que certains d’entre nous faisaient leurs prières. Arthur était assis en
silence, mais il me vit sortir de ma bourse une petite tresse de cheveux d’or
que je portai à mes lèvres. Je la gardai un instant contre ma joue puis la
nouai à la garde d’Hywelbane. Je sentis une larme rouler sur mon visage en
pensant au spectre de ma petite disparue : mais cette nuit, avec l’aide de
mes dieux, je donnerais le repos à ma Dian.

 
     
    Je passai mon
casque, bouclai la sangle sous mon menton et rabattis sa queue de loup sur mes
épaules. Chacun s’efforça d’assouplir ses gants de cuir, puis passa le bras
gauche dans les sangles de son bouclier. Puis, l’une après l’autre, Nimue
toucha nos épées tendues. L’espace d’un instant, il sembla qu’Arthur voulût
ajouter un mot, mais il se contenta de fourrer son petit bouquet de bleuets
dans le col de son armure d’écaillés, puis fit signe à Nimue qui, vêtue de noir
et serrant dans ses bras son étrange balluchon, nous guida vers le sud, à
travers les arbres.
    Au-delà du
bois, s’étendait une petite prairie qui descendait jusqu’à la digue. Nous
traversâmes l’herbe en file

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