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L'ennemi de Dieu

L'ennemi de Dieu

Titel: L'ennemi de Dieu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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puis referma la porte derrière nous et replaça la barre. « Le
temple est là », chuchota-t-elle, montrant du doigt un couloir éclairé de
chandelles à mèche de jonc qui menait à la porte du sanctuaire. Son visage
grassouillet était rouge d’excitation. Le chant obsédant du chœur était
assourdi par les rideaux du temple et sa porte massive.
    « Où est
Gwydre ? demanda Arthur.
    — Dans sa
chambre, répondit Gwenhwyvach.
    — Y
a-t-il des gardes ?
    — La
nuit, il n’y a que des servantes dans le palais.
    — Dinas
et Lavaine sont ici ? demandai-je à mon tour.
    — Vous
allez les voir, dit-elle dans un sourire. Je vous le promets. Vous allez les
voir. »
    Elle attrapa
le manteau d’Arthur pour l’entraîner vers le temple : « Venez !
    — Je vais
d’abord chercher Gwydre, insista Arthur en se dégageant avant de toucher six de
ses hommes à l’épaule. Vous autres, vous attendez ici. Attendez ici. N’entrez
pas dans le temple. Nous allons les laisser achever leur culte. »
    Puis, à pas de
loup, il grimpa les escaliers suivi de ses six hommes.
    Gwenhwyvach
pouffa à côté de moi : « J’ai adressé une prière à Clud, elle va nous
aider.
    — Bien ! »
    Clud est une
déesse de la lumière et ce n’était pas une mauvaise chose qu’elle vînt nous
donner un petit coup de main cette nuit.
    « Guenièvre
ne l’aime pas, reprit Gwenhwyvach d’un ton de reproche. Elle n’aime aucun des
dieux bretons. La lune est-elle haute ?
    — Pas
encore, mais elle monte.
    — Alors,
ce n’est pas l’heure.
    — L’heure
de quoi, Dame ?
    — Vous
allez voir ! fit-elle en gloussant. Vous allez voir ! »
    Puis elle se
recroquevilla de peur en voyant Nimue se frayer un chemin au milieu du groupe
des lanciers sur le qui-vive. Nimue avait retiré son bandeau de cuir, si bien
que son orbite vide ratatinée faisait comme un trou noir dans son visage :
l’horreur du spectacle arracha à la malheureuse un geignement de terreur.
    Nimue feignit
de l’ignorer pour inspecter la salle et renifler tel un limier flairant quelque
odeur suspecte. Je ne voyais que les toiles d’araignées au milieu des outres à
vin et des jarres à hydromel et ne sentais que l’odeur humide de la moisissure,
mais Nimue perçut quelque chose de détestable. Elle siffla, puis cracha vers le
sanctuaire. Le balluchon qu’elle tenait à la main remua lentement.
    Nous étions
tous figés. Dans cette cave éclairée par les joncs, un sentiment de terreur s’empara
de nous. Arthur était sorti, personne ne nous avait aperçus, mais le bruit du
chant et le calme des lieux étaient glaçants. Peut-être cette terreur
était-elle l’effet d’un charme lancé par Dinas et Lavaine, ou peut-être
était-ce que tout ici avait l’air surnaturel. Nous étions habitués au bois, au
chaume, à la terre et à l’herbe, et ce lieu humide avec ses arches de briques
et ses dalles de pierre était aussi étrange que troublant. L’un de mes hommes
tremblait.
    Nimue lui
passa la main sur la joue pour lui rendre courage puis, se déchaussant, se
faufila jusqu’aux portes du temple. Je la suivis, faisant très attention à l’endroit
où je mettais les pieds pour ne faire aucun bruit. Je voulus la retenir. Elle
avait visiblement l’intention de passer outre aux ordres d’Arthur, qui nous
avait priés d’attendre la fin des rites, et je redoutais que par une imprudence
elle n’alertât les femmes du temple, provoquant un concert de cris qui ferait
sortir les gardes de leurs cabanes. Mes grosses bottes m’interdisaient
cependant d’aller aussi vite qu’elle, et elle ne tint aucun compte de ma mise
en garde. Elle se saisit de l’une des poignées de porte en bronze, hésita une
seconde, et tira la porte : soudain le chant spectral et lancinant
retentit avec beaucoup plus de force.
    Les charnières
avaient été graissées et la porte s’ouvrit sans le moindre bruit. Les rideaux
épais suspendus à quelques pas de la porte faisaient régner dans la pièce une
obscurité totale. Je fis signe à mes hommes de rester où ils étaient et suivis
Nimue à l’intérieur. Je voulus la retenir, mais elle se dégagea et repoussa la
porte. Le chant était assourdissant. Je ne voyais rien, mais l’odeur du temple
était épaisse et nauséeuse.
    Nimue tâtonna
dans l’obscurité et me tira par la tête : « Funeste ! fit-elle
dans un souffle.
    — On n’a
rien à faire ici », répondis-je en chuchotant.
    Elle ne

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